Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, samedi 3 juin, le ministre soudanais des Affaires étrangères en visite de deux jours en Egypte. Une rencontre importante qui vient atténuer le climat tendu depuis quelques semaines entre Le Caire et Khartoum. Selon le porte-parole de la présidence, Alaa Youssef, le chef de la Diplomatie soudanais a remis au président Sissi un message de son homologue soudanais, Omar Al-Béchir, soulignant l’importance de renforcer les relations bilatérales. De son côté, le président Sissi a donné ses directives pour que des rencontres périodiques au niveau des ministres des Affaires étrangères des deux pays soient tenues. Lors d’une conférence de presse conjointe, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, et son homologue soudanais, Ibrahim Al-Ghandour, ont jugé « important » de renforcer les relations entre les deux pays. Les moyens de surmonter les tensions qui ont envenimé récemment les relations égyptosoudanaises ont été au centre des entretiens entre les deux ministres.
A cet égard, le responsable soudanais a demandé aux médias égyptiens et soudanais de jouer un rôle « positif » dans le renforcement des relations bilatérales. Choukri a insisté, lui, sur le fait que l’Egypte veut développer ses relations avec le Soudan. Les relations égypto-soudanaises ne sont pas au beau fixe depuis quelques mois sur fond de divergence sur le triangle de Halayeb et la position soudanaise quant au barrage éthiopien Al-Nahda. Mais la tension est montée d’un cran la semaine dernière, lorsque le président soudanais a accusé, sans fard, l’Egypte d’avoir apporté un soutien militaire aux rebelles du Darfour. Une accusation catégoriquement rejetée par Le Caire. Le président Sissi a porté un démenti formel à ces déclarations, niant catégoriquement les accusations non fondées du Soudan. « L’Egypte ne complote jamais contre un pays », a affirmé le président Sissi.
Pas d’escalade sur Halayeb
Concernant les différends entre les deux pays sur le triangle de Halayeb, Al-Ghandour a déclaré qu’il s’est engagé vis-à-vis de son homologue égyptien à ne pas permettre une escalade dans cette affaire et qu’il revient au président Omar Al-Béchir de chercher à régler cette crise que ce soit via « des négociations directes avec Le Caire ou via l’arbitrage international ». Il a cependant indiqué que l’embargo décrété, mardi 30 mai, par le gouvernement soudanais sur les produits agricoles venus d’Egypte ne sera pas levé pour l’instant. « Cette décision se rapporte à une question de conformité aux normes et n’est en aucun cas liée au contexte politique, a-t-il précisé. Selon le député Moustapha Al-Guindi, président de la commission des affaires africaines au parlement, cette rencontre reflète la volonté des deux pays de dépasser leurs divergences. L’histoire et la géographie lient l’Egypte au Soudan et les deux pays ne peuvent pas être affectés par les crises éphémères. Les intérêts liant les deux pays permettent de maintenir des relations assez fortes. Or, pour le politologue Moustapha Kamel Al-Sayed, les bonnes intentions ne suffisent pas seules pour régler les crises. « Il faut aborder et régler toutes les questions de discorde pour mettre fin aux tensions », estime Al-Sayed.
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