L’Egyptienne était l'une des cinq lauréates méditerranéennes à se voir remettre le prix Fatima Fehria, prix d’excellence attribué dans le cadre du réseau MED 21. Candidate du gouvernement égyptien pour le poste de directeur général de l’Unesco, soutenue par l’Organisation de l’unité africaine, Mouchira Khattab a interrompu sa tournée électorale pour venir recevoir son trophée dans la ville sainte.
Mouchira Khattab a assumé, dans son pays, les fonctions de secrétaire générale du Conseil national de l’enfance, puis de ministre de la Famille et de la Population. Sur le plan international, elle a été ambassadeur dans plusieurs pays, dont l’Afrique du Sud où elle a côtoyé Mandela. Elle a également été présidente de la Commission des Nations-Unies pour les droits de l’enfant.
Elle nous confiait son credo
« Je me suis toujours occupée des droits de l’homme, de la femme, des jeunes, des enfants. C’est mon idéologie et ma raison d’être. Si on respecte les droits de l’homme, tout s’arrange dans le monde : les droits civils, les problèmes d’identité, le droit à la libre expression, les droits économiques, le droit à l’éducation, le droit à la culture, à la libre expression artistique. Je suis convaincue que l’on doit adopter une seule et même démarche pour tous ces droits ».
Effectuant actuellement une tournée électorale, elle est optimiste quant à ses chances d’être élue à l’Unesco.
« Depuis 72 ans, tous les groupes régionaux ont eu le droit de diriger l’Unesco, sauf les pays arabes. L’Europe occidentale a exercé ce droit six fois, et tous les autres groupes régionaux au moins une fois. La candidature égyptienne est la seule soutenue à l’unanimité par l’Union africaine ».
Quand on lui demande en quoi elle pourrait aider à résoudre les énormes problèmes de ce « machin » qu’est devenue l’Unesco, elle propose des pistes, envisage des solutions novatrices, une démarche inédite :
« Je suis une femme de terrain. Je connais les problèmes par le bas, et non pas par une vision des hauteurs. Je suis également diplomate, et ai commencé ma carrière aux Nations-Unies. J’ai aussi été ministre dans mon pays. J’ai une grande expérience dans la collaboration avec les bailleurs de fonds. Les deux grands problèmes de l’Unesco sont celui de financement depuis que certains pays ne paient plus leurs adhésions, et celui de la lourdeur administrative. Il faudrait une vision courageuse, de la crédibilité, de la transparence, de l’innovation. Il faudrait développer les partenariats entre les gouvernements et les sociétés civiles. Il faudrait encore réussir à insuffler de l’enthousiasme dans toute cette lourdeur administrative. Je souhaiterais pouvoir essayer de le faire, et transmettre mon expérience. Je souhaiterais enfin mettre l’accent sur l’éducation. Seule l’éducation assure une culture de paix et une garantie de sécurité ».
Décidément sur tous les fronts, Mouchira Khattab, lauréate du prix Fatima Fehria, prix récompensant la promotion de la formation, trouve tout de même le temps, quand elle ne sillonne pas le monde, de … coudre, jouer au tennis et s’occuper de ses petits-enfants.
« Réussir l’équilibre entre le travail et la famille est pour moi essentiel ».
Souhaitons-lui bonne chance.
Cet article a été originellement publié le 14 mai 2017 au journal La Presse de Tunisie.
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