Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a été reçu dimanche 23 avril à Riyad par le monarque saoudien, Salman bin Abdel-Aziz. La visite du président Sissi vient en réponse à une invitation adressée par le roi, fin mars dernier, lors d’une rencontre entre les deux leaders, en marge du Sommet de la Ligue arabe en Jordanie.
A son arrivée dimanche à Riyad, le président Sissi a été reçu à l’aéroport par le roi Salman qui a offert un déjeuner en l’honneur de son hôte. Les deux leaders ont tenu un sommet au cours duquel ils ont souligné les « relations fraternelles et solides » entre Riyad et Le Caire. Selon un communiqué de la présidence, publié dimanche soir, le président Sissi et le roi Salman ont souligné la nécessité de « la solidité des relations entre les deux pays » et l’importance de « barrer la route à l’ingérence étrangère et à toutes les tentatives de semer la discorde entre les pays arabes ». La présidence a affirmé dans un communiqué que ce sommet égypto-saoudien souligne « la volonté des deux pays de renforcer leurs relations privilégiées dans différents domaines ». Les entretiens bilatéraux ont aussi porté sur le renforcement de la coopération bilatérale dans tous les domaines ainsi que sur la nécessité de conjuguer les efforts en vue de régler les crises régionales. Les deux dirigeants ont aussi passé en revue les relations fraternelles et solides et les domaines de coopération entre les deux pays, selon l’agence officielle saoudienne SPA.
Fin des tensions
Le sommet scelle le réchauffement entre les deux pays après une période de tension. Fin mars dernier, les dirigeants des deux puissances régionales s’étaient rencontrés en marge du Sommet arabe en Jordanie. Dix jours auparavant, l’Arabie saoudite avait repris ses livraisons de pétrole à l’Egypte, interrompues brutalement en octobre 2016. Ces livraisons de pétrole avaient été suspendues suite à un désaccord au sujet du conflit en Syrie. Le Caire s’est rapproché de la Russie, alliée du président syrien Bachar Al-Assad, tandis que Riyad soutient des groupes d’opposition au régime syrien. Peu avant l’arrêt des livraisons, l’Egypte avait d’ailleurs voté en faveur d’une résolution sur la Syrie proposée par Moscou à l’Onu, à laquelle Riyad s’opposait fermement. Par ailleurs, un accord signé en avril pour la rétrocession de deux îlots de la mer Rouge à l’Arabie saoudite a aussi été compromis par une décision de justice égyptienne, ajoutant à la tension. Mais la justice égyptienne a invalidé, le 2 avril, une décision s’opposant à cette rétrocession, voulue par le gouvernement égyptien mais très critiquée dans le pays et qui a fait l’objet d’une série de décisions de justice contradictoires ces derniers mois.
Des différends qui restent loin de saper les relations « stratégiques et historiques » entre l’Egypte et l’Arabie saoudite, deux puissances régionales de poids. C’est ce qu’estime Moustafa Kamel Al-Sayed, politologue. Il rappelle que Riyad avait apporté un soutien sans faille au président Sissi depuis son accession au pouvoir. Financièrement et politiquement, l’Arabie saoudite a massivement soutenu l’Egypte ces dernières années et a apporté des milliards de dollars en aide à l’économie en plein marasme. « La visite du président Sissi en Arabie saoudite confirme la solidité des relations entre les deux pays et met un terme à des mois de tension politique. C’est un retour à la normale dans les relations égypto-saoudiennes, exigé par les intérêts mutuels et les défis régionaux qui menacent la stabilité de la région arabe », indique Al-Sayed. Selon lui, les divergences sur certains dossiers régionaux ne sont pas assez importantes pour remettre en cause le partenariat stratégique entre Le Caire et Riyad. « Les différences de priorités n’empêchent pas l’Egypte et l’Arabie saoudite de partager un même point de vue global sur les dangers qui menacent la région. L’Egypte et l’Arabie saoudite ont donc intérêt à maintenir leurs relations stratégiques pour faire face aux menaces terroristes et aux dangers qui guettent la région. Surtout que leur divergence portait sur l’ordre de priorité. Alors que l’Arabie saoudite s’inquiétait de l’influence régionale grandissante de l’Iran avec les effets déstabilisateurs que cela suppose, l’Egypte accordait la priorité à la lutte contre le terrorisme », explique Al-Sayed. Il conclut que les intérêts mutuels entre les deux pays ainsi que la conjoncture régionale et internationale exigent la consolidation des relations égypto-saoudiennes.
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