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Hamdi Al-Koneissi : Maspero doit récupérer la position de premier plan qu’il occupait

May Al-Maghrabi, Mercredi, 19 avril 2017

Hamdi Al-Koneissi, président du syndicat de l’Audiovisuel, a été nommé membre de l’Organisme national des médias. Il fait le point sur les rôles de ces nouvelles formations dans la réorganisation du paysage médiatique.

Hamdi Al-Koneissi
Hamdi Al-Koneissi

Al-Ahram Hebdo : Que pensez-vous de la création de l’Organisme national de l’audiovisuel ?

Hamdi Al-Koneissi : C’est un pas en avant qu’il était important de franchir. Sa mise en place permettra surtout de mettre un peu d’ordre dans le paysage médiatique, à un moment où l’on vit dans un certain désordre, qui résulte notamment de la suppression du ministère de l’Information — qui était en charge des médias publics — et de la multiplication des chaînes privées, lesquelles exercent leurs activités sans ombrelle syndicale ou professionnelle. Cet organisme sera chargé de la gestion de l’Union de la Radiotélévision (connue sous le nom de Maspero), et déploiera tous les efforts nécessaires pour que Maspero récupère la position de premier plan qu’il occu­pait durant de nombreuses années, tant en Egypte que dans le monde arabe. Maspero dis­pose de tous les atouts pour récupérer le devant de la scène médiatique.

— Cet organisme suffira-t-il pour réguler le paysage médiatique ?

— C’est un organisme régulateur qui repré­sentera l’Etat et les citoyens dans la supervision des médias. Son indépendance vis-à-vis de l’exécutif lui permet d’avoir plus de marges de manoeuvre pour développer des stratégies médiatiques, redéfinir les messages médiatiques et imposer un code de déontologie contraignant.

— Connus depuis des décennies pour être la voix de l’Etat, les médias publics pourront-ils devenir indépendants ?

— Cette indépendance est déjà garantie par l’article 72 de la Constitution de 2014. L’Etat s’y engage, en effet, à assurer l’indé­pendance des médias dont il est propriétaire, afin de leur permettre d’être neutres et d’exprimer tous les opinions et courants poli­tiques. C’est pour honorer cette obligation qu’un organisme indé­pendant pour la gestion des médias a été créé.

— Mais l’indépendance de l’organisme ne se heurte-t-elle pas au fait que la princi­pale source de financement est gouverne­mentale ?

— En vertu de la loi, l’organisme jouit d’une indépendance financière et administrative. Les fonds alloués par l’Etat s’inscrivent dans sa mission sociale et citoyenne. L’organisme devra cependant diversifier les ressources financières de Maspero, afin de jouir de davan­tage d’indépendance.

— Les problèmes dont souffre Maspero sont devenus quasi chroniques. Quel pro­gramme de réforme propose l’Organisme national des médias ?

— J’ai beaucoup d’idées en ce sens, mais il serait prématuré d’en parler. La question nécessite des études approfondies. L’organisme étudiera une potentielle restructuration, des moyens pour rationaliser ses dépenses, et d’autres alternatives en vue de redresser sa situation financière. Avant de parler de restruc­turation, il faut commencer par déterminer les véritables causes de la crise économique qui sévit à Maspero. C’est surtout l’absence de stratégie, la bureaucratie et la corruption financière et adminis­trative qui pèsent sur l’Union de la Radiotélévision et qui l’empê­chent de se développer. Les grandes lignes du projet de restructu­ration n’ont pas été fixées, et nous étudions les différentes alterna­tives. Une chose est sûre, les employés de Maspero ne seront pas ceux qui payeront la facture.

— Qu’en est-il du futur syndicat de l’Audiovisuel ?

— Le syndicat de l'Audiovisuel se chargera de tout ce qui concerne les journalistes de l’audiovisuel, public et privé, alors que l’organisme sera plutôt tourné vers les entreprises et les médias officiels. Les rôles des deux formations se complètent, puisque pour aider les médias et les journalistes à sortir de leurs crises, une coordination étroite est nécessaire.

— Quelles seront les missions et les prérogatives du syn­dicat ?

— Le rôle principal du syndicat sera de reformuler les règles régissant la profession, tant pour les médias publics que privés. Une fois créé, le syndicat devra élaborer une charte de déontologie et redéfinir les règles d’exercice du métier. Il s’agira d’un pas en avant important vers plus de professionnalisme dans les médias. Le syndicat sera aussi chargé de contribuer à l’élaboration des projets de loi ou de règlements relatifs à l’audiovisuel.

Pour moi, la création d’un syndicat de l’Audiovisuel est un rêve qui se réalise. Depuis plus de 40 ans, je lutte pour la création d’une entité qui défende les intérêts et les droits des journalistes des médias audiovisuels. Ils sont restés, pendant des décennies, les seuls à travailler sans qu’une entité les représente. Les régimes successifs n’ont jamais eu la volonté de créer ce syndicat. Le nouveau syndicat s’engagera à défendre les droits de ses membres et, surtout, les règles éthiques du métier.

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