C’est le chapitre 5 du nouveau projet de loi qui organise la hautement sensible question du droit de grève. Il reconnaît la légitimité des grèves mais organise ce droit selon des critères précis. Le texte octroie aux travailleurs le droit de grève, mais l’interdit dans les institutions dites «
stratégiques » ou qui offrent des services «
vitaux », sans toutefois expliquer lesquels. La loi exige aussi de notifier le patron dix jours avant la tenue d’une grève qui ne pourra être organisée que sous un étendard syndical. En revanche, en vertu du texte, le patron a le droit de suspendre tous les droits salariaux des travailleurs en grève. Selon Kamal Abbas, coordinateur du Centre des services pour les syndicats ouvriers, le projet de loi rend difficile la grève. «
L’ambiguïté du texte concernant l’interdiction des grèves dans les institutions stratégiques et vitales donne libre cours au gouvernement de juger illégales, à son gré, les grèves des ouvriers, des médecins ou des fonctionnaires. En fonction de la Convention internationale du travail, les institutions stratégiques sont uniquement l’armée et la police », note-t-il.
Il trouve que l’exigence d’un étendard syndical pour l’organisation d’une grève est une véritable restriction imposée au droit à la grève. « Concrètement parlant, cela veut dire qu’il sera très difficile d’obtenir le soutien syndical nécessaire à l’organisation d’une grève. Car c’est l’Union générale des syndicats ouvriers, proche du gouvernement, qui domine, jusqu’à présent, les syndicats ouvriers alors que la représentation des syndicats indépendants demeure pâle en l’absence d’une loi légalisant leur statut », ajoute-t-il. Abbas critique aussi l’article 201, exigeant aux ouvriers de déterminer d’avance le début et la fin de la grève. « La grève est un moyen légitime de pression utilisé par les ouvriers sur le patron pour satisfaire à des revendications et obtenir un droit violé. Comment les ouvriers pourront-ils déterminer d’avance quand ils parviendront à un accord avec le patron sur le sujet de la grève ? », se demande Abbas.
Des réserves que Guébali Al-Maraghi, chef de la commission de la main-d’oeuvre, promet de prendre en considération avant la promulgation de la loi sur le travail. « Le projet de loi ne sera pas approuvé avant de le soumettre à un débat social permettant de parvenir à une formule consensuelle. L’essence de cette loi c’est de conserver les droits des deux parties du contrat du travail, à savoir travailleur et patron », conclut-il.
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