
Sameh Choukri avec son homologue tunisien et le ministre algérien des Affaires maghrébines.
Les ministres des Affaires étrangères tunisien et égyptien, ainsi que le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe se sont rencontrés dimanche 19 février à Tunis, pour discuter d’une solution politique pour leur voisin libyen. Le lendemain, ils ont rendu compte des conclusions de leurs discussions au président tunisien, avant de les remettre aux deux autres chefs d’Etat. Un document en 6 points a été publié à l'issue de la réunion intitulée « Déclaration ministérielle de Tunis ». Ce document sera considéré comme une base de dialogue entre les parties libyennes dans le cadre d'un calendrier déterminé. Il s’agit d’une nouvelle tentative régionale pour régler la crise libyenne. Six ans après la chute d’Al-Kadhafi, les différentes composantes politiques libyennes ne parviennent toujours pas à faire converger leurs points de vue pour mettre en place une solution consensuelle. Une initiative qui pourra redonner un second souffle à l’accord de Skhirat obtenu en décembre 2015 sous l’égide de l’Onu, en élargissant le dialogue à tous les acteurs, même ceux écartés jusqu’ici. Cette rencontre a pour objectif de relancer l’initiative lancée par le président Béji Caïd Essebsi, lors de sa visite en Algérie, le 15 décembre 2016. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a indiqué à l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP) que « l’objectif de l’initiative, c’est de rejeter toute solution militaire pouvant aggraver la crise en Libye et d’amener tous les protagonistes libyens au dialogue pour aplanir les litiges ayant empêché, jusque-là, de concrétiser l’accord de Skhirat (Maroc) ».
Déclaration du Caire
La participation de l’Egypte à cette réunion tripartite intervient quelques jours après la tenue d’une réunion au Caire, mercredi 14 février, entre les principaux dirigeants des autorités rivales en Libye. Le chef du GNA, Fayez Al-Sarraj, le président du parlement de Tobrouk, Aguila Saleh, et le maréchal Khalifa Haftar se trouvaient, cette semaine, au Caire, pour des discussions organisées par l’Egypte. Selon un communiqué du porte-parole de l’armée, publié à l’issue de cette réunion, il s’agit d’une tentative « de parvenir à une solution politique en Libye et d’assurer les conditions adéquates pour réunir les différentes parties libyennes autour d’une table de dialogue ». Lors d’une rencontre au Caire mi-janvier dernier entre le président Abdel-Fattah Al-Sissi et Al-Sarraj, le président avait souligné « la nécessité de parvenir à une réconciliation interlibyenne apte à arrêter les conflits en cours et réinstaurer les institutions de l’Etat libyen ».
Dans une évolution positive, ces négociations entre les partis libyens, orchestrées par l’Egypte, se sont soldées par « la Déclaration du Caire », un accord déterminant les démarches à suivre vers sur une solution politique en Libye. En vertu de cette déclaration, les principaux dirigeants des autorités rivales en Libye se sont mis d’accord pour former un comité conjoint qui sera chargé de préparer des amendements à un accord signé au Maroc en décembre 2015 sous l’égide de l’Onu. Il a été aussi décidé d’oeuvrer pour la tenue des élections législatives et présidentielle en Libye avant le mois de février 2018. Parmi les autres termes de cet accord annoncé par l’armée égyptienne figure aussi la nécessité d’effectuer les amendements constitutionnels pour inclure l’accord de Skhirat (Maroc), conclu en 2015, à la déclaration constitutionnelle. La semaine dernière, le médiateur des Nations-Unies, Martin Kobler, avait affirmé que les pourparlers sur de « possibles amendements » à l’accord de 2015, notamment concernant le rôle futur du maréchal Haftar, avaient progressé au cours des deux derniers mois.
De facto, le souci de l’Egypte de dénouer la crise libyenne émane d’une volonté de rétablir la stabilité de la région et du refus de toute ingérence étrangère dans les affaires libyennes. Mais aussi, l’Egypte est motivée par sa conviction que la poursuite du vide politique et sécuritaire en Libye accroît la menace de la prolifération des terroristes en Egypte à travers les frontières libyennes.
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