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Parquet : Promptitude suspecte

Gamila El-Tawila, Mardi, 26 mars 2013

Suite aux menaces du président Mohamad Morsi à l’encontre de ses opposants, le procureur général a émis des mandats d’arrêts contre un nombre d’activistes accusés d’incitation à la violence. L’indignation est à son comble.

Opposants
Alaa Abdel-Fattah, Hazem Abdel-Azim et Ahmad Domah (Photo: Ahram)

Le bureau du procureur général, Talaat Abdallah, a ordonné lundi soir l’arrestation de 5 jeunes militants de l’opposition, accusés « d’incita­tion à la violence » en lien avec les heurts qui ont éclaté vendredi dernier entre manifestants et islamistes devant le siège des Frères musulmans dans le quartier de Moqattam, au sud-est du Caire. Cette décision intervient après que le président Mohamad Morsi eut menacé dimanche de prendre des mesures contre les hommes politiques qui seraient res­ponsables de ces affrontements.

« Si les enquêtes prouvent que certains hommes politiques sont impliqués, des mesures nécessaires seront prises contre eux, quel que soit leur niveau », avait affirmé le président dans des déclarations diffusées par la télévision d’Etat. Les activistes concernés sont Alaa Abdel-Fattah (blogueur), Ahmad Doma (membre du Courant populaire), Hazem Abdel-Azim (du Front national du salut), Ahmad Al-Ghoneimi (parti de la Constitution) et Karim Al-Chaer (activiste).

Les 5 militants, connus , pour leur opposition au président Morsi et aux Frères musulmans, ont interdiction de quitter le pays et leur nom a été placé sur une liste de per­sonnes interdites de voyage en raison des investigations. Deux d’entre eux ont déjà été incarcérés durant la période de transition militaire qui a suivi la chute de Hosni Moubarak. Alaa Abdel-Fattah a fait plusieurs mois de prison en 2011 suite à une manifestation devant le siège de la radiotélévision à Maspero. Accusé de vandalisme lors d’une protestation devant le Conseil des ministres, Ahmad Doma a été, lui aussi, arrêté en 2012 avant d’être libéré en avril dernier.

« Quel honneur de se trouver en prison sous Moubarak, sous les militaires puis sous les Frères. Ils représentent tous le même régime que nous avons renversé. La révolu­tion continue », lit-on sur le compte Twitter de Doma. D’autres figures politiques dont le président du Parti égyptien social-démocrate, Mohamad Aboul-Ghar, Mahmoud Al-Alayli, membre du parti des Egyptiens libres, et Khaled Telima, membre de l’ex-front des Jeunes de la révolution ont été convoquées lundi pour témoi­gnage.

Le Parquet a également recueilli les témoignages de plusieurs membres des Frères musulmans bles­sés vendredi et qui ont également accusé des personnalités politiques d’avoir préparé « l’attaque » contre leur QG. Lundi, l’avocat de la confré­rie, Abdel-Moneim Abdel-Maqsoud, avait soumis une plainte au bureau du procureur général portant les noms de 169 personnes, des activistes poli­tiques et des « voyous » qu’il accuse d’incitation à la violence.

Cette réac­tion immédiate du Parquet général a soulevé les craintes des opposants qui accusent le procureur de servir les intérêts du régime. « La décision du procureur général de convoquer des activistes politiques est un abus de pouvoir. En prenant une telle mesure, il a accepté d’être un outil entre les mains de la confrérie », a considéré le sociologue Saadeddine Ibrahim, qui se demande pourquoi aucune mesure pareille n’a été prise suite aux agressions contre les manifestants anti-islamistes de ces mois derniers devant le palais prési­dentiel, à Port-Saïd, ou à Mansoura. « C’est la politique des deux poids, deux mesures », estime-t-il. « Cette réaction de vengeance et ces déci­sions non étudiées prouvent que le régime du président Morsi est chan­celant. C’est une dictature plus oppressive que celle de Moubarak », indique à son tour le parti des Egyptiens libres.

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