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Coptes: Les Egyptiens de Libye oubliés

May Atta, Mardi, 19 mars 2013

Malgré les protestations qui ont suivi la mort d’un Egyptien chrétien sous la torture en Libye, quatre autres nationaux sont toujours en détention dans ce pays qui témoigne de la montée des islamistes.

Libye

« Mon oncle vit à Benghazi depuis 2004 où il est propriétaire d’un magasin de téléphones portables. Il ne souffrait d’aucune maladie chronique. Il n’a jamais été accusé de quoi que ce soit. Même au plus fort des troubles dans ce pays, il a refusé de rentrer en Egypte pour ne pas perdre son travail », raconte Marianne Nachaat, la nièce de Ezzat Hakim Attallah, l’Egyptien copte détenu en Libye et dont la mort a été annoncée la semaine dernière. « Après le meurtre de Kadhafi, les groupuscules islamistes sont devenus plus actifs, comme ici d’ailleurs. Malheureusement, l’ambassade égyptienne n’a été d’aucune aide pour nous, ni au moment de la crise, ni lors des procédures pour rapatrier son corps », accuse-t-elle.

Accusés de prosélytisme, 55 Egyptiens coptes ont été arrêtés en Libye au début du mois de mars. Parmi eux, une personne est morte en détention, 50 autres ont été relâchées dont 20 ont regagné l’Egypte. Ces dernières ont affirmé avoir été torturées par les autorités libyennes. Quatre autres coptes sont toujours en détention.

Le chef de l’Eglise égyptienne, le pape Tawadros II, a multiplié les rencontres ce week-end, accueillant l’ambassadeur libyen au Caire ainsi qu’une délégation de jeunes activistes coptes. Le patriarche a appelé à traiter cette question « en douceur », promettant à ces derniers que l’Eglise fait de son mieux pour la libération des détenus. « La Libye dénonce les attaques contre les églises coptes et s’engage à protéger tous les ressortissants égyptiens sur son territoire », a déclaré de son côté l’ambassadeur Ashour Ben-Rached, à l’issue de sa réunion avec le patriarche, sans toutefois s’exprimer sur le sort de ceux qui restent détenus. Ces rencontres sont intervenues après des manifestations de dizaines de coptes mécontents devant l’ambassade de Tripoli au Caire, ce qui a dû suspendre ses activités.

45 ans, marié et père de deux enfants, Attallah est décédé en détention, une mort que les autorités des deux pays s’accordent à considérer comme « naturelle », due au fait que l’homme souffrait d’un diabète et de complications cardiaques. Sa famille, quant à elle, explique sa mort par la torture et la négligence.

Selon l’avocat Naguib Guébraïl, qui dit être en contact avec son collègue libyen qui s’occupe de l’affaire, les détenus n’ont été présentés au Parquet que trois semaines après leur incarcération. « Jusque-là, aucune preuve concrète n’étaye les accusations adressées contre eux », affirme Guébraïl.

A son tour, il se plaint de la nonchalance des responsables égyptiens : « Le premier ministre Hicham Qandil s’est entretenu il y a deux semaines au Caire avec son homologue libyen. Les familles des détenus et moi-même lui avons adressé plusieurs messages pour évoquer ce qu’endurent les Egyptiens en Libye, mais aucune suite ne nous a été donnée ».

Attaques contre les églises

Depuis la révolution qui a renversé l’ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, la violence sectaire s’est accentuée en Libye. Durant les 6 derniers mois, les attaques contre les églises de ce pays se sont multipliées ainsi que la détention, la torture et la déportation des chrétiens qui y vivent.

Vendredi, des hommes armés ont attaqué et ont mis à feu l’église copte de Benghazi. Cette église avait été déjà attaquée fin février, et le curé, ainsi que son adjoint, avaient été agressés. En décembre 2012, deux fidèles ont été tués et de nombreux autres blessés lors d’une attaque contre une autre église copte à Misrata.

Accusées de négligence vis-à-vis de ces citoyens, les autorités égyptiennes sont, en fait, dans une situation délicate vu le million de ses ressortissants travaillant en Libye.

Intervenant devant les commissions des droits de l’homme, de la sécurité nationale et des affaires étrangères du Conseil de la choura (Chambre haute du Parlement), le ministre adjoint pour les Affaires consulaires, Ali Al-Ashri, a affirmé que le consul égyptien à Tripoli est en contact permanent avec les détenus « qu’il visite tous les jours », et que selon ce dernier, « leurs conditions de détention sont normales et ils ne font l’objet d’aucune maltraitance ».

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