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Coupures de presse : Qui tient la police : le nouveau ou l’ancien régime ?

Najet Belhatem, Mardi, 12 mars 2013

Plusieurs hypothèses contradictoires viennent expliquer la grève des policiers. Elles vont de l’instrumentalisation des forces de l'ordre au service des Frères à une même instrumentalisation, mais au service des feloul. Tour d’horizon des éditos.

« Un officier de la police m’a dit : Vous critiquez tout le temps la police. Moi, je suis un officier de police et je sais, tout comme mes collègues, que les exactions contre les manifestants sont nombreuses. Mais nous ne pouvons pas ne pas exécuter les ordres, car cela voudrait dire l’effondrement du corps de police ! », raconte Ziad El-Eleimi, ex-député et jeune figure de la révolution.

Il écrit dans son article publié dans le quotidien Al-Masry Al-Youm que les Frères musulmans ont toujours refusé de procéder à une réforme du secteur de la police, même quand ils étaient au Parlement. « La confrérie table sur l’augmentation des tensions, de quoi pousser la police, via les ordres du ministre de l’Intérieur proche des Frères, à user de plus de violence contre les manifestants. Ces derniers continueront les affrontements avec la police jusqu’à son effondrement total. Et l’alternative sera alors de mettre en place des forces de police appartenant aux Frères à travers la légitimation des comités populaires appartenant à la confrérie ».

Ces accusations concordent avec des informations divulguées dans la presse selon lesquelles Essam Al-Eriane, vice-président du Parti Liberté et justice, serait en charge du dossier de la réforme de la police et aurait déclaré que le secteur allait accueillir des officiers proches des Frères musulmans.

Dans le même journal, l’écrivain Mohamed Salmawy parle de mouvements bizarres sur la scène de la sécurité intérieure du pays et va dans le sens d’un complot fomenté par les Frères musulmans. « Comment expliquer les grèves menées par les forces de sécurité ? Une première ! Nous n’en avons jamais entendu parler auparavant. Et on voit que le ministère de l’Intérieur ne s’en préoccupe pas. Comment expliquer que la police se retire ainsi de plusieurs endroits ? Comment expliquer la création de sociétés de sécurité dont les membres auront le droit de porter les armes alors que la Constitution interdit la création de milices militaires ou paramilitaires ? Et est-ce une coïncidence si la création de ces sociétés est annoncée en même temps que les grèves des policiers ? », affirme Salmawy.

Le pouvoir en place laisse au ministère de l’Intérieur la charge d’affronter les manifestants et les protestataires qui s’insurgent contre les politiques de la présidence. Et avec l’élargissement des protestations, le corps de la police fait face à davantage de pressions et de tensions. Et il commence à sentir qu’il est la victime des divisions politiques et qu’il va devenir, aux yeux de la population, une police des Frères et un outil d’oppression.

Il y a pour la police une chance en or — et peut-être la seule — pour recouvrir son existence. Les officiers de police doivent continuer à s’opposer à la frérisation du ministère de l’Intérieur et à demander la démission du ministre Mohamad Ibrahim qui a tenté de transformer la police en une milice aux mains de la confrérie, pensent certains éditorialistes.

Dans les colonnes du quotidien Al-Shorouk, l’éditorialiste Emadeddine Hussein évoque quatre hypothèses expliquant la rébellion de la police. « La première est que la police propose la formule suivante : si vous voulez notre retour, vous devrez accepter nos méthodes. La seconde est que l’effondrement de la police mènera à un retour de l’armée. La troisième est que cela aboutira à la création de milices privées. La quatrième — et la plus dangereuse — réside dans une incitation au chaos total pour faire oublier les revendications de la révolution ».

Dans La Liberté et la Justice, le journal du parti de la confrérie, un éditorialiste déclare qu’il faut faire la différence entre les policiers grévistes qui demandent plus d’armes pour faire face « aux baltaguis et aux criminels guidés par les symboles de l’ancien régime et des parties appartenant aux pays du Golfe, et les policiers qui travaillent pour ces derniers ».

Ce n’est pas la police uniquement qui refuse son autorité hiérarchique. Les journalistes ont refusé leur président du syndicat et l’ont poursuivi dans la rue. Les procureurs réclament la démission du procureur général. Les fonctionnaires du métro ont obligé le président de la société à démissionner. Beaucoup d’Egyptiens ne veulent pas de Morsi comme président. C’est toute l’autorité qui est en crise en Egypte. C'est presqu’un effondrement total. L’autorité est ébranlée. Le président n’est plus là au sens de l’autorité morale. Le centre de la décision est pratiquement vide. Bref, beaucoup d’encre, énormément d’informations, mais sur le fond, la vérité demeure floue au profit des supputations et des rumeurs .

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