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Le terrorisme frappe à Rafah

M.A., Mercredi, 30 novembre 2016

Onze soldats ont été tués, jeudi 24 novembre, dans une attaque à la voiture piégée d'un poste de contrôle dans le Sinaï. Il s'agirait d'une attaque désespérée du groupe Province du Sinaï qui a déjà subi de lourdes pertes face à l'armée.

Le terrorisme frappe à Rafah
Les mesures de sécurité ont été renforcées à Al-Arich. (Photo : Reuters)

L’attaque s’est produite à un barrage de sécurité au sud d’Al-Arich, capitale de la province du Nord-Sinaï. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis celle lancée à la mi-octobre contre un poste de contrôle dans le nord du Sinaï, qui avait fait douze morts et six blessés parmi les soldats. Selon le porte-parole de l’armée, le colonel Mohamad Samir, les terroristes, qui circulaient à bord de véhicules 4x4, ont attaqué le barrage d’Al-Gaz à l’explosif. « Un groupe de terroristes armés a attaqué l’un de nos postes de contrôle dans le nord du Sinaï », a annoncé le porte-parole de l’armée, dans un communiqué publié jeudi soir sur sa page Facebook. « Les échanges de tir qui ont suivi et l’explosion du véhicule ont causé la mort de onze membres des forces armées. Trois terroristes ont été également tués lors de ces accrochages », a-t-il ajouté.

Le groupe terroriste Province du Sinaï, branche égyptienne de Daech, a revendiqué l’attentat. Depuis 2013, Province du Sinaï revendique la plupart des attaques menées contre l’armée et la police dans le Sinaï. Il avait notamment revendiqué l’attentat contre un vol charter russe qui a coûté la vie à 224 personnes en octobre 2015.

Samedi, des sources militaires annonçaient avoir pris pour cible la cellule terroriste impliquée dans l’attentat et avoir liquidé cinq membres de cette cellule. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans et autour d’Al-Arich.

Le nord du Sinaï est devenu, depuis 2011, le repaire des terroristes affiliés au groupe Daech. La proximité de la péninsule du Sinaï avec Gaza et la Syrie aurait facilité l’infiltration de certains éléments de l’EI au sein de la péninsule. Depuis 2013, l’armée mène une vaste campagne contre les foyers terroristes. Des dizaines d’éléments terroristes ont été arrêtés et une grande quantité d’armes et d’explosifs a été détruite. Selon l’expert sécuritaire, Khaled Okacha, ce dernier attentat est un acte de représailles après l’annonce cette semaine par l’armée que les deux villes de Rafah et de Cheikh Zoweid étaient exemptes de terrorisme, et aussi l’autorisation donnée aux habitants de ces deux villes de regagner leurs domiciles. Les deux villes avaient été évacuées en novembre 2014 pour créer une zone tampon à Rafah et poursuivre la démolition des tunnels reliant Rafah à la bande de Gaza, d’où s’infiltrent les armes et les combattants.

Les terroristes acculés

« Province du Sinaï tente de résister après les lourdes pertes qu’il a subies face à l’armée. Mais il ne faut pas oublier que la guerre n’est pas facile, et n’est pas encore terminée », rappelle Okacha. Selon lui, la nature montagneuse du terrain dans le Sinaï, sa proximité avec la bande de Gaza ainsi que le manque d’informations sur les objectifs et l’armement des groupuscules terroristes compliquent la tâche de l’armée. « Mais reste que le plus grand succès de l’armée est d’avoir réussi à cerner le terrorisme au nord du Sinaï, où le combat se poursuivra jusqu’au rétablissement de la sécurité », rassure Okacha.

Avis partagé par le spécialiste des mouvements islamistes, Ahmad Ban, qui estime que malgré les pertes des forces armées, les indices montrent que le terrorisme perd du terrain et se trouve de plus en plus acculé. « Comme en Iraq et en Syrie, le groupe terroriste Daech essuie de lourdes pertes dans le Sinaï. Ce dernier attentat témoigne aussi d’un recul tactique des groupes terroristes, qui ont désormais recours à des opérations sporadiques moins planifiées qu’auparavant », décrypte Ban. Pour appuyer sa thèse, il mentionne l’échec des terroristes, en juillet 2015, à s’emparer de territoires habités, lors d’un assaut lancé pour occuper la ville de Cheikh Zoweid et qui avait été repoussé par l’armée. « Même si le groupe tente de maintenir la pression à travers une guerre d’usure, il est maintenant de plus en plus acculé. L’armée a réalisé des résultats concrets dans sa guerre contre les groupes terroristes. Sur un autre volet, à l’intérieur du Sinaï, Province du Sinaï fait face à des difficultés pour recruter des militants, surtout à cause du rejet des habitants locaux, gravement touchés par le terrorisme. Des indices prometteurs, mais il faut se méfier qu’il ne s’agisse d’une guerre ouverte, difficile et personne ne sait quand elle se terminera », conclut Ban.

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