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Lâche assassinat

May Atta, Mercredi, 26 octobre 2016

Le général de brigade, Adel Ragaï, a été tué samedi par balles devant chez lui dans une banlieue du Caire. L’officier a succombé à une rafale de tirs alors qu’il quittait sa maison à Obour City. Ragaï était impliqué dans les opérations anti-djihadistes dans le Nord-Sinaï.

Lâche assassinat

Il dirigeait la 9e division blindée dans la péninsule du Sinaï où l’armée est engagée dans une campagne contre le groupe Ansar Beit Al-Maqdès, la branche locale de l’Etat islamique. Le géné­ral Ragaï était notamment respon­sable de la destruction de la plupart des tunnels de contrebande qui reliaient le Nord-Sinaï à la bande de Gaza.

L’assassinat du général Ragaï fait suite à l’attaque, le 14 octobre, contre un point de contrôle de l’ar­mée dans la région de Bir Al-Abd au Nord-Sinaï. L’attaque a fait 12 morts et 6 blessés dans les rangs de l’ar­mée. Un groupe peu connu se faisant appeler Liwa Al-Sawra (brigade de la révolution) a revendiqué l’attaque dans un message publié sur Twitter. Le compte a été fermé après la revendication.

Selon Ahmad Ban, spécialiste des mouvements islamistes, Liwa Al-Sawra fait partie des micro-groupes terroristes issus des Frères musulmans comme Hasm, Agnad Masr, Kataëb Hélouan et Al-Eqab Al-Sawri qui opèrent sur la scène depuis la chute de Mohamad Morsi en juillet 2013.

Ces groupuscules sont aidés par des groupes plus grands comme la Gamaa islamiya et le salafisme dji­hadiste. Liwa Al-Sawra s’est fait connaître pour la première fois en août dernier en tuant 2 policiers à Ménoufiya et en blessant 3 autres, ainsi que 2 civils. L’assassinat de Ragaï est donc la deuxième opéra­tion revendiquée par ce groupe. Début octobre, le ministère de l’Inté­rieur avait annoncé avoir tué Mohamad Kamal, responsable de l’aile militaire des Frères musul­mans, au cours d’une fusillade.

Liwa Al-Sawra affirme sur Twitter avoir tué Adel Ragaï pour venger la mort de Mohamad Kamal. « Les attaques contre les hauts diri­geants de l’armée sont extrêmement rares. Je crois que cette opération traduit une nouvelle étape dans le travail des groupes terroristes », affirme Ban.

Semer la discorde

Pour lui, ce genre d’opération a pour but de semer la discorde au sein de l’armée. « Les groupes ter­roristes essaient de diviser les rangs de l’armée. Ils croient qu’en tuant un grand officier, ils peuvent provo­quer la colère d’une partie de l’ar­mée, mais cela est faux », pense Ban. Après l’attaque du 14 octobre, l’armée vient de lancer une vaste campagne antiterroriste dans le Sinaï. Un certain nombre d’élé­ments takfiris (terme désignant les groupes djihadistes ou islamistes radicaux sunnites : ndlr), et leurs complices ont été tués et des entre­pôts d’armes et de munitions ont été détruits. Khaled Okacha, expert stratégique, affirme qu’il n’est pas surpris que des meurtres comme celui de Adel Ragaï aient lieu. « Cela est normal vu les avancées réalisées par l’armée dans le Sinaï et ses attaques réussies contre les terroristes. Ces groupes essaient toujours de propager un sentiment de désespoir parmi les soldats et les officiers de l’armée à travers ce genre d’attaques, mais je suis sûr que l’armée vaincra », dit Okacha. Et de conclure : « L’Etat doit mettre la main sur les sources de finance­ment et de support logistique de ces groupes terroristes ».

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