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Le dilemme des logements sociaux

Ola Hamdi, Mercredi, 26 octobre 2016

Suite à une manifestation contre la hausse des prix des logements sociaux à Port-Saïd, le gouvernorat, en coordination avec la Banque de financement immobilier (qui finance ce projet), a annoncé un assouplissement des conditions de paiement requises.

Le dilemme des logements sociaux
Le coût du projet national des logements sociaux s’élève à 150 milliards de L.E.

Tout commence le 18 octobre lorsque des dizaines de personnes descendent dans la rue de Port-Saïd pour protester contre « les sommes exorbitantes » requises par le projet de logements sociaux. Selon les manifestants, la somme requise par la Banque de financement immobilier (qui finance le projet) au moment de la réservation en 2013 était de 10 000 L.E. Mais la banque a récemment augmenté cette somme à 47 000 L.E. « Nous avons reçu des messages sur nos téléphones portables nous annon­çant qu’il fallait payer 47 000 L.E. sous peine de perdre nos apparte­ments », explique Isaad, mère de famille. Cette situation a soulevé la colère des citoyens. Plusieurs dizaines bloquent alors la rue du 23 Juillet et la rue Mohamad Ali, au centre de Port-Saïd, et interrompent le trafic des fer­ries de Port-Fouad. « Donnez-nous un toit ou tuez-nous », scandent-ils. Face à une situation qui risquait de dégéné­rer, les forces de sécurité intervien­nent pour disperser la manifestation. 19 personnes sont arrêtées, accusées d’avoir coupé les routes et bloqué le trafic fluvial des ferries.

Quelques heures plus tard, le gouvernorat de Port-Saïd affirmait sur son site officiel que seule la somme initiale de 10 000 L.E. sera requise pour la perception des appartements, mettant ainsi fin à la doléance des citoyens qui se plai­gnent de la flambée des prix des appartements. « Le prix d’un apparte­ment modeste commence à 350 000 L.E. et peut aller jusqu’à 500 000 L.E. à Port-Saïd, et les locations vont de 1 500 à 2 000 L.E. par mois », assure Zeinab, mère de famille. Cette situa­tion a poussé beaucoup de Port-Saïdis à s’orienter vers les logements sociaux proposés par l’Etat à des prix nette­ment inférieurs. « Pour nous, c’est une bonne solution, surtout que ces appartements sont d’un très bon niveau. Ce sont des immeubles de 11 étages, avec boutiques et magasins au rez-de-chaussée et équipés d’ascen­seurs », affirme Mona, mère de famille, qui rêve de s’installer avec sa famille dans l’un de ces appartements sociaux. « Mon mari n’a pas de tra­vail permanent. Comment peut-on réunir une somme de 47 000 L.E. en une semaine ? », se plaint-elle. Mona et son mari avaient versé 3 000 L.E. en 2013 pour réserver un logement social et ont attendu la fin des travaux pour payer les 7 000 L.E. restants. Mais le message envoyé par la banque a failli bouleverser leur vie et mettre à mal tous leurs espoirs. « Nous atten­dions ce projet depuis trois ans. Je suis descendue manifester avec mes trois enfants pour faire comprendre au gouvernement que nous sommes incapables de payer 47 000 L.E. et que ce retournement de situation est honteux », affirme encore Mona.

La première phase du projet de logements sociaux de Port-Saïd doit être remis aux bénéficiaires au cours du mois courant. Le projet fait partie d’un plan national visant à fournir un million de logements aux personnes à faible revenu dans les villes et les provinces d’Egypte au cours des cinq prochaines années. Le projet, créé en 2011, avait été suspendu sous les Frères musulmans. Le coût du projet s’élève à 150 milliards de L.E. Il s’agit d’appartements de 90 mètres carrés avec 3 chambres. Les bénéfi­ciaires de ces logements sociaux doi­vent répondre à certains critères (être âgé entre 21 et 50 ans, et avoir un revenu mensuel ne dépassant pas les 2 500 L.E. pour les célibataires et 3 500 L.E. pour les personnes mariées.

A Port-Saïd, les installations et la finition des appartements sont termi­nées. Chaque immeuble est doté de deux ascenseurs et de pompes à eau. « 26 850 citoyens en tout ont présenté des demandes pour accéder à ces appartements. 72,6 % d’entre eux ont reçu une réponse positive. Parmi eux il y a 563 femmes divorcées, 4 311 couples âgés de 21 à 30 ans et 2 988 personnes vivant seules de 31 à 40 ans », explique un responsable du gouvernorat de Port-Saïd.

Si la plupart des citoyens sont satis­faits du niveau des appartements, beaucoup ne sont pas satisfaits des procédures administratives. « Nous avons été menacés par la banque d’expulsion des listes. Pourquoi le gouvernement nous laisse-t-il entre les mains de cette banque ? », s’in­surge Sanaa, une autre mère de famille et dont le mari est sans emploi.

Problème résolu

Le problème des logements sociaux de Port-Saïd a été résolu grâce à des contacts rapides entre le gouvernorat, la banque et le ministère du Logement, de même que l’intervention de cer­tains députés. En effet, un compromis a été trouvé en vertu duquel les 47 000 L.E. requises seront rééche­lonnées en fonction de la situation financière de chaque citoyen. « Nous avons rencontré le ministre du Logement et les responsables de la banque, et avons trouvé un accord pour que les conditions de 2013 soient respectées, et le montant à payer ne dépasse pas les 10 000 L.E. », explique le député Mahmoud Hussein du parti Mostaqbal Watan (avenir d’une patrie). Et d’ajouter : « Nous avons réussi à augmenter le nombre de logements sociaux à Port-Saïd pour répondre aux besoins des citoyens, lors d’une rencontre avec le premier ministre, Chérif Ismaïl. Le ministre du Logement a promis de fournir entre 20 000 et 50 000 loge­ments supplémentaires au cours des deux prochaines années ». Des pro­messes qui redonnent espoir aux habitants de Port-Saïd, bien qu’ils restent méfiants vis-à-vis de ces déclarations.

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