Organisé par des entreprises touristiques et commerciales, l’événement a réuni 19 présidents de parlement et 48 délégations parlementaires du monde.
« Aujourd’hui, les Egyptiens célèbrent une vie parlementaire longue, riche et profonde commencée en 1866. Le parlement égyptien était le premier dans le monde arabe et africain ». C’est par ces mots que le président Abdel-Fattah Al-Sissi a salué 150 ans d’exercice parlementaire en Egypte. Lors d’une cérémonie commémorative organisée dimanche dans la station balnéaire de Charm Al-Cheikh, pour célébrer le 150e anniversaire du parlement égyptien, le chef de l’Etat a souligné que « la vie parlementaire en Egypte est un reflet de la situation politique et sociale du pays ».
Organisé par des entreprises touristiques et commerciales, l’événement a réuni 19 présidents de parlement et 48 délégations parlementaires du monde, dont des délégations du Congrès américain et de la Douma russe. Martin Chungong, secrétaire général de l’Union interparlementaire, était également présent, de même que de nombreux députés africains et arabes. « Les membres du Conseil des députés sont capables de prendre des décisions susceptibles de préserver la sécurité de l’Egypte, de réaliser la prospérité économique », a déclaré le chef de l’Etat au cours de sa brève allocution.
La cérémonie qui a duré deux jours comprenait notamment un dîner et un spectacle d’opéra. Un film documentaire sur l’histoire du parlement égyptien a de même été projeté en arabe, en anglais et en français. « Le but de cet événement est de souligner l’importance historique du parlement égyptien dans la vie politique en Egypte », a déclaré pour sa part le président du parlement égyptien, Ali Abdel-Aal.
Le parlement égyptien est l’un des plus anciens dans la région arabe et en Afrique. Les premières prémices du parlement égyptien remontent à 1795 lorsque plusieurs centaines d’Egyptiens, avec parmi eux des dignitaires musulmans du Caire et du Delta, se sont réunis à la mosquée d’Al-Azhar pour protester contre la répression des Mamelouks, alors au pouvoir. La mosquée deviendra au cours des années suivantes un centre de résistance contre le pouvoir en place, et témoignera alors de plusieurs protestations contre les taxes exorbitantes imposées par les dirigeants mamelouks.
Quelques années plus tard, pendant l’Expédition française d’Egypte, Napoléon Bonaparte crée Al-Diwan Al-Aam (le diwan public). Formé d’un certain nombre de dignitaires, ce diwan (assemblée) se réunissait à la résidence de Napoléon (le palais de l’ancien gouverneur mamelouk, Mourad bey, à Ezbékieh) et fournissait à ce dernier des conseils sur la manière de gouverner l’Egypte. Sous le règne de Mohamad Ali, l’idée du diwan se développe et donne lieu en 1829 à Majlis Al-Choura (conseil consultatif) chargé de fournir des conseils au wali d’Egypte. Mais il faudra attendre 1866 sous le khédive Ismaïl pour voir apparaître le premier parlement égyptien « moderne ». Celui-ci était alors composé de 75 députés. Il s’agissait d’un parlement élitiste. Il était composé de pachas et de propriétaires terriens. Et bien que ces notables aient eu des velléités d’indépendance, le parlement n’a pas joué de véritable rôle qu’après la Constitution de 1923 qui lui a conféré de véritables pouvoirs. « Cette Constitution inspirée des Constitutions européennes a accordé des pouvoirs réels au parlement. Et celui-ci a pu jouer un rôle important en matière de législation et de contrôle », affirme le journaliste Salah Eissa.
Après la Révolution de 1952, les partis politiques ont été interdits et une organisation politique unique, l’Union socialiste, a vu le jour. Il faudra attendre 1976 pour que le pluralisme soit rétabli.
La période qui suivra sous Sadate et Moubarak verra des parlements plus « populistes » composés à 50 % d’ouvriers et de paysans. « Au cours de cette période, le parlement n’a pas véritablement joué son rôle et servait plutôt de façade démocratique », pense Eissa.
Nouvelle donne
Mais la période d’après 25 janvier va établir une nouvelle donne. Après la chute des Frères musulmans et leur Constitution à caractère « religieux » de 2012, une nouvelle Constitution est rédigée accordant des pouvoirs réels au parlement dont le pouvoir de démettre le gouvernement. « Je pense sincèrement que le parlement actuel est le plus représentatif de la société égyptienne de l’histoire de l’Egypte. Par exemple, les femmes ont fait des gains extraordinaires et détiennent maintenant 89 sièges au sein de ce parlement, ce qui lui donne le plus haut pourcentage de représentation féminine (14,9 %) en 150 ans d’histoire », affirme Sami Hachem, député indépendant et membre de la commission de l’éducation. Il souligne également que les coptes possèdent maintenant 39 sièges, soit 6,5 %, tandis que le nombre de partis politiques représentés au parlement s’élève à 19 avec 245 députés. Il pense que, même s’il y a des lacunes, l’exercice parlementaire semble être sur la bonne voie. « La Constitution de 2014 a établi les bases d’un Etat démocratique, moderne, fondé sur le pluralisme, le rejet du sectarisme et qui défend l’indépendance du pouvoir judiciaire », a souligné le président du parlement Ali Abdel-Aal, dimanche à Charm Al-cheikh.
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