Le ministère de l’Intérieur a annoncé dans un communiqué que Zakaria Abdel-Aziz, le procureur général adjoint, a échappé jeudi à une attaque à la voiture piégée, commise dans une banlieue résidentielle située dans l’est du Caire. La voiture piégée était garée au bord de l’une des routes empruntées par le convoi dans lequel se trouvait l’adjoint du procureur général. C’est au passage de celui-ci que le véhicule a été mis à feu. Zakaria Abdel-Aziz venait à peine de quitter son bureau dans la cité de Réhab pour rentrer à son domicile situé dans le Nouveau Caire. D’après les informations émanant du minis­tère de l’Intérieur, le procureur général adjoint, ainsi que son entourage sont sains et saufs. Par contre, un passant a été blessé et admis dans un centre hospitalier. Les services de sécurité avaient parlé, peu avant, de deux blessés. Le groupe Hasm, issu de la confrérie des Frères musulmans, a revendiqué l’attaque dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, et a menacé de perpétrer de nou­veaux attentats. Par ailleurs, au moins quatre personnes de la Compagnie d’électricité ont été tuées et deux autres blessées dimanche à Al-Arich, lorsque leur véhicule en mission de maintenance a heurté un engin explosif. Trois personnes ont été tuées sur le coup. Une autre, souffrant d’hémorragies abdominales, a succombé à ses blessures à l’hôpital public d’Al-Arich, tandis que les deux blessés ont été amputés de la jambe. Samedi, toujours à Al-Arich, cinq policiers récemment recrutés ont été abattus par des inconnus, selon le ministère de l’Intérieur. Les recrues ren­traient de vacances quand leur véhicule a été intercepté et qu’ils ont été assassinés. Ce n’est pas la première fois qu’un responsable égyptien soit visé par un attentat. A titre de rappel, le procureur général Hicham Barakat avait trouvé la mort en juin 2015 dans des circonstances similaires au Caire. L’ancien grand mufti d’Egypte, Ali Gomaa, a survécu en août dernier à une tentative d’assassinat par le groupe Hasm aussi, lors de la prière du vendredi à la cité du 6 Octobre. Gomaa n’a pas été touché, mais l’un de ses gardes du corps a été légèrement blessé.

500 policiers morts

Après la chute du président islamiste Mohamad Morsi, en juillet 2013, les groupes terroristes ont proliféré, notamment dans le Sinaï où l’armée et la police sont régulière­ment prises pour cibles. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, plus de 500 policiers ont été tués depuis le 30 juin 2013 dans des attaques terroristes. Le gouvernement accuse les Frères musulmans d’implication dans la violence qui frappe le pays depuis 2013. Selon Ahmad Ban, spécialiste des mouve­ments islamistes, les micro-groupes terro­ristes issus des Frères musulmans comme Hasm, Agnad Masr, Kataëb Hélouan et Al-Eqab Al-Thawry sont toujours actifs et sont aidés par d’autres groupes comme la Gamaa islamiya et le salafisme djihadiste. « La campagne sécuritaire contre les Frères et les groupes terroristes issus du salafisme djihadiste dans le Sinaï ont poussé ces groupes, depuis 2013, vers une sorte de par­tenariat contre ceux qu’ils considèrent comme un ennemi commun, c’est-à-dire l’Etat. Leur but est de maintenir l’instabilité et d’épuiser les appareils de sécurité. Ils s’en prennent à des personnalités qui ont de bonnes relations avec l’Etat », affirme Ban. Et d’ajouter : « Grâce aux derniers attentats, ces groupus­cules ont acquis une certaine expérience. Ils savent désormais fabriquer des explosifs. Malgré cela, le nombre d’attentats qu’ils commettent a beaucoup diminué par rapport aux dernières années, ce qui montre qu’ils souffrent d’un manque de financement et que les services de sécurité déploient beaucoup d’efforts pour les combattre », prévient-il. Pourtant, la présence de voitures piégées dans de grands quartiers comme le Nouveau Caire est un signal alarmant sur la dégradation de la sécurité, estime l’expert sécuritaire Mahmoud Qatari. « Les attentats ont certes diminué, mais il faut remédier à certaines négligences au sein de l’appareil sécuritaire », conclut Qatari.