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Politique: L’armée égyptienne reste en retrait, sauf si ...

May Al-Maghrabi, Mardi, 26 février 2013

En recevant le ministre de la Défense, Mohamad Morsi a souhaité mettre un terme aux rumeurs sur une crise entre le régime et l’armée. Celleci affirme vouloir rester au-dessus des différends politiques tout en se plaçant en dernier rempart face à un éventuel effondrement de l’Etat.

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Le président Morsi a renouvelé sa confiance en l'armée.

Mettant un terme aux rumeurs circulant depuis une semaine sur une « crise » entre l’institution militaire et la présidence, le président Mohamad Morsi a reçu, jeudi 21 février, le ministre de la Défense, Abdel-Fattah Al-Sissi. Lors de la rencontre, le président a renouvelé sa confiance dans les forces armées et le rôle patriotique de cette institution dans la protection de l’Etat et des intérêts nationaux. La rencontre intervient alors que des voix commençaient à appeler les militaires à intervenir pour désamorcer la crise qui perdure entre le régime et ses opposants.

Lors des manifestations de vendredi dernier au Caire, à Alexandrie et dans d’autres villes, le slogan « Où est l’armée égyptienne ? » a été scandé à nouveau. Bien que marginaux par rapport au courant dominant, certains opposants estiment, en effet, que seule une intervention de l’armée peut sortir le pays de la crise politique dans laquelle il s’enlise. Il y a une semaine, des informations véhiculées sur les réseaux sociaux sur Internet attribuaient au président Morsi l’intention de destituer le ministre de la Défense qui résiste aux tentatives de « frériser » l’armée. Dans des déclarations non confirmées, des sources militaires auraient mis en garde contre une telle mesure qui équivaudrait à un « suicide politique » pour le régime en place.

Des allégations que la présidence a officiellement rejetées en bloc. Malgré le message envoyé par cette rencontre entre le président et son ministre de la Défense, la rumeur sur un probable licenciement de ce dernier avait été perçue par certains comme un ballon d’essai lancé par les Frères musulmans pour tester la réaction de la rue et des militaires. C’est ce qu’affirme le politologue Gamal Zahrane, qui se base sur « l’analyse des déclarations de l’institution militaire au cours des semaines dernières ». Ces déclarations dévoilent une situation tendue entre « un président qui veut instrumentaliser l’armée au profit des intérêts de son régime et une institution militaire qui veut rester neutre ». Selon lui, les déclarations à moitié voilées des généraux semblent avoir irrité Morsi. Récemment, le général Sedqi Sobhi, chef d’état-major, a affirmé clairement que l’armée n’était pas une force politique. Sobhi a indiqué que les forces armées éviteraient de s’enliser dans la politique, « à moins que la situation ne dégénère ». « L’armée ne soutiendra aucun parti », a-t-il rappelé, appelant les partis politiques à s’entendre à travers le dialogue.

Rester neutre

Ce n’est pas la première fois qu’un militaire haut gradé place ainsi l’armée au-dessus de la mêlée politique. Dans la foulée de la crise engendrée en novembre dernier par la déclaration constitutionnelle — en vertu de laquelle le président de la République s’était accordé des pouvoirs quasi absolus — le général Al-Sissi était allé jusqu’à prendre l’initiative d’inviter les partis politiques, y compris celui du président, à un dialogue parrainé par l’armée. Retirée par la suite, cette invitation a donné l’impression que les militaires se plaçaient audessus de la présidence de la République. Dans une déclaration ultérieure, Al-Sissi a doublé son appel au dialogue d’une mise en garde contre un « effondrement de l’Etat, ce que l’armée ne permettra jamais ». Le spectre d’un retour de l’armée sur la scène politique à l’instar de ce qui s’est passé en 2011 fait encore couler beaucoup d’encre. Peut-on pronostiquer un retour des militaires sur le devant de la scène ?

Pas de retour sur la scène en vue

Comme la plupart des opposants, Réfaat Al- Saïd, président du Parti du Rassemblement, exclut un tel scénario. « L’armée cherche maintenant à restaurer son image et son prestige qui ont beaucoup souffert à cause de leur mauvaise gestion de la période de transition après la chute de Moubarak, surtout à cause de la répression sanglante des manifestations qui ont eu lieu pendant ces 18 mois », pense-t-il. « En dépit de l’échec du régime aux niveaux politique et économique, il n’est pas intelligent de la part des opposants d’appeler à un coup militaire. Ceci est aussi rejeté par la communauté internationale comme par la plupart des forces politiques en Egypte. Cela n’empêchera pas l’armée de continuer à jouer son rôle, qui consiste aujourd’hui à préserver l’identité civile de l’Etat », ajoute Al-Saïd.

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