Le projet de la loi sur la migration est l'un des priorités du parlement durant sa deuxième session.
(Photo : Khaled Macheal)
La deuxième session parlementaire s’est ouverte mardi 4 octobre, avec un agenda chargé. Il s’agit pour les députés d’une nouvelle chance pour regagner la confiance de la rue égyptienne, suite à une première session surtout marquée par une atmosphère confuse, perturbée et peu satisfaisante comme l’ont évaluée certains analystes. Certains projets de loi s’imposent déjà aux premières réunions du parlement, notamment la loi sur la migration clandestine. Un projet de loi sur la lutte contre la migration clandestine et le transfert illégal de migrants doit être voté par le parlement. Comme l’ont déclaré certains députés, cette loi devra criminaliser le trafic illégal des migrants, avec une peine pouvant aller jusqu’à la perpétuité. C’est suite à la catastrophe du naufrage d’un bateau de pêche à Rachid, transportant des migrants illégaux et qui a fait au moins 169 morts la semaine dernière, que les députés ont déclaré que ce projet de loi serait en tête de la liste des législations.
Autre loi prioritaire, celle sur la fonction publique. Cette loi devait être promulguée lors de la précédente session, mais malgré de longues discussions elle n’a pas été votée. Le parlement avait rejeté la première version de la loi en janvier 2016 avant que le gouvernement n’envoie une nouvelle version en mai dernier. Proposée par le gouvernement en mars 2015, la loi encadrant la fonction publique a été qualifiée par les fonctionnaires d’inappropriée et d’injuste. Plusieurs articles ont fait l’objet d’une controverse, notamment ceux qui se rapportent aux promotions, aux salaires des employés, à la retraite, aux primes et aux sanctions administratives.
De même, la loi unifiée sur la presse écrite et les médias audiovisuels s’impose sur l’agenda de cette deuxième session. Le parlement n’a pas encore approuvé la loi sur la presse écrite et les médias élaborée par le gouvernement. Cette loi, composée de 8 chapitres renfermant 227 articles, doit être révisée par le Conseil d’Etat avant d’être soumise au parlement. La loi sur la justice transitionnelle devra aussi être approuvée lors de cette deuxième session. Cette loi exigée par la Constitution dans l’article 241 devait elle aussi être approuvée durant la première session. Elle a été pourtant aussi reportée.
Lutte contre la corruption
Outre les lois « en retard », pour cette deuxième session, les députés se sont donné pour thème essentiel la lutte contre la corruption. Le secteur de l’éducation est parmi les premiers visés. La députée Magda Nasr, membre de la commission de l’éducation et de la recherche scientifique au parlement, explique que l’avenir du secteur de l’éducation en Egypte, et qui renferme plusieurs dossiers épineux, sera abordé durant cette session. « Nous allons lutter contre la corruption au sein du ministère et qui est responsable de la détérioration du niveau de l’éducation en Egypte. la corruption bat son plein au sein de ce ministère, on l’a vu notamment avec les fuites des examens, la crise des manuels scolaires, les problèmes de leur impression, etc. Un comité d’enquête sera donc formé avec le début de la session, pour déterminer l’étendue de la corruption dans ce secteur ».
En plus, le député Atef Abdel-Gawad, membre de la commission du logement, a affirmé qu’un comité d’enquête serait formé pour faire face à la corruption dans le secteur du logement et la répartition des terrains de l’Etat.
Quant au secteur de la santé, il sera aussi abordé. Ahmad El-Ergawi, membre de la commission de la santé, a affirmé la nécessité de former un comité d’enquête sur la pénurie de médicaments, accusant la Chambre de l’industrie pharmaceutique d’être la cause de cette crise. Aussi, seront abordés les dossiers de corruption dans les hôpitaux et du monopole pharmaceutique. Pour Karim Abdel-Razek, professeur de sciences politique à l’Université du Caire et expert dans les affaires parlementaires, « il s’agit d’une vraie chance pour les députés pour tenter de se prouver devant leurs électeurs et de regagner la confiance perdue durant la première session ». Et d’ajouter : « Toutes les législations qui devraient sortir de cette session touchent de près le citoyen égyptien contrairement à la première session, encombrée avec les exigences constitutionnelles, le règlement interne, la déclaration du gouvernement et autres. Il est donc le temps pour les députés de jouer leur rôle ».
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