Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a tenu une réunion urgente avec le premier ministre, Chérif Ismaïl, le ministre de l’Intérieur, Magdi Abdel-Ghaffar, et le chef des services de renseignements, et de l’Organisme du contrôle administratif. L’ambassadeur Alaa Youssef, porte-parole de la présidence, a déclaré que le président a présenté ses condoléances aux familles des victimes et a exprimé le regret de l’Egypte. «
Le président a ordonné de poursuivre les personnes impliquées dans ce drame, et les personnes qui ont violé les lois égyptiennes et les normes internationales et qui ont utilisé des moyens illégaux pour déplacer ce nombre de citoyens et de ressortissants étrangers, profitant de l’inconscience de certains », a dit le porte-parole. Il a ajouté que le président Sissi a demandé à tous les organes concernés de former immédiatement un comité pour examiner la situation en ce qui concerne les procédures de contrôle aux frontières pour empêcher le trafic illégal des migrants. Il a également demandé au gouvernement de lancer une campagne de sensibilisation sur les dangers de l’immigration illégale, et de coordonner avec le parlement pour adopter la loi sur la lutte contre l’immigration illégale.
En outre, le président a ordonné d’intensifier les procédures visant à lancer des microprojets pour les jeunes, notamment dans les zones géographiques d’où partent le plus de migrants, vu que le chômage est l’une des causes de l’immigration clandestine. En fait, l’Agence européenne de contrôle des frontières (Frontex) s’était inquiétée en juin du nombre grandissant de migrants qui tentaient de rejoindre l’Europe à partir de l’Egypte. Cette année, 1 000 personnes ont tenté de traverser la Méditerranée sur des bateaux de passeurs d’Egypte vers l’Italie, selon l’agence. De manière plus générale, plus de 30 000 migrants et réfugiés ont traversé depuis le début de cette année la Méditerranée pour se rendre en Europe, principalement en Italie, selon le HCR. Et plus de 10 000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée depuis 2014, dont au moins 3 200 depuis le début de 2016.
L’essentiel : Lutter contre le chômage
Au parlement, un certain nombre de députés ont déploré cette tragédie qui a coûté la vie à des centaines de jeunes. La députée Margaret Azer, présidente par intérim de la commission des droits de l’homme, a assuré qu’elle présenterait une interpellation au gouvernement à la première réunion de la deuxième session parlementaire, en disant : « Malheureusement, le gouvernement ne prend pas de mesures dissuasives pour protéger nos jeunes ». Selon Azer, les sanctions dissuasives ne sont pas une solution, ce qu’il faut, c’est traiter le problème à la racine en luttant contre le chômage. Et d’expliquer : « Le gouvernement doit développer rapidement une vision intégrée pour absorber les jeunes dans le marché du travail, ou leur offrir des crédits à faible taux d’intérêts pour lancer des projets et ce, afin de faire face au chômage ». De même, le président de la commission des jeunes et du sport au parlement, Mohamad Farag Amer, a décrit cette tragédie comme étant « un mépris de la vie des citoyens de la part du gouvernement et du ministre de l’Intérieur ». « Si cela s’était produit dans un autre pays, le gouvernement aurait démissionné. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’on fait preuve de négligence. Je vais rédiger un dossier complet prouvant la négligence et les manquements commis par le ministère de l’Intérieur, et je le présenterai dans une interrogation au ministre. Il faut retirer la confiance à ce ministre, qui n’a pas joué son rôle, et n’a même pas pris la peine de présenter ses excuses aux familles des victimes », a-t-il lâché.
En guise de réponse, le ministre des Affaires juridiques et du Parlement, Magdi Al-Agati, a défendu les attaques contre le gouvernement : « Ce n’est pas vrai que le gouvernement ne fait rien. L’immigration illégale a toujours été une préoccupation majeure. Un projet de loi contre l’immigration illégale est en préparation depuis un an et demi. Le texte a été révisé par le Conseil d’Etat et envoyé au parlement en juin dernier. Il sera discuté dès la prochaine rentrée parlementaire qui commence le 4 octobre ».
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