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Syndicat des Journalistes: Le changement ajourné

Ola Hamdi, Mardi, 12 février 2013

Un tribunal administratif ordonne la suspension de l'élection de son président et le renouvellement partiel de son conseil d’administration.

Syndicat des Journalistes
La « maison des journalistes » a toujours été une tribune pour la défense des libertés.

Le tribunal administratif vient d’ordonner, dimanche, la suspension des élections du chef du syndicat des Journalistes et le renouvellement partiel par moitié de son conseil d’administration. Ces élections qui se tiennent nor­malement tous les deux ans en mars avaient été ajournées jusqu’au mois d’octobre 2011 à cause de la révolution. Le mandat en cours n’est donc pas terminé. En préconisant de reporter les élections au mois d’octobre, le tribunal a ainsi donné raison aux 12 journalistes qui avaient intenté un procès pour suspendre ces élec­tions.

La controverse part du fait que le règlement intérieur du syndicat fixe ces élections au mois de mars, mais aussi du fait que Mamdouh El Waly, actuel chef du syndicat, est un proche des Frères musul­mans et qu’il a notamment échoué, selon certains, à défendre les droits des journalistes et les droits fondamentaux de liberté d’expres­sion et d’opinion pendant les mois de débat sur la Constitution.

Les plaignants, eux, estiment que les personnes en place devraient avoir la possibilité de terminer leur mandat et donc de tenir leurs promesses électorales : accroître les ressources du syndicat, préparer un nouveau projet de loi sur la presse et modifier le règlement intérieur du syndicat pour le mettre en conformité avec les changements introduits par la nouvelle Constitution.

En réponse à cette décision de justice, Gamal Fahmi, premier sous-secrétaire du syndicat, affirme que le conseil du syndicat fera appel devant la Haute Cour administrative. « Ce n’est pas un jugement définitif. Je ne comprends pas sur quelle base juri­dique il s’appuie », dit Fahmi. Il ajoute qu’il est dans l’intérêt des journalistes et du fonctionnement du syndicat de tenir ces élections.

A contrario, Hatem Zakariya, pré­sident de la commission législative du syndicat, a exprimé sa satisfac­tion vis-à-vis de la décision qui maintient le conseil administratif et son chef dans leurs fonctions. « Il n’est pas bon de forcer la sortie de ceux qui sont en place actuellement, alors qu’ils n’ont pas encore pu réel­lement travailler à l’exécution de leur programme », ajoutait-il.

Ces élections se tiendraient à une période sensible, avec une dizaine de titres qualifiés d’« opposition » qui ont fermé, alors que le versement des retraites des journalistes a été sus­pendu depuis novembre, et qu’à part la carte de compensation financière (montant fixe versé à tout journa­liste certifié), rien n’a encore été fait pour améliorer les conditions de travail des journalistes. Les tâches, qui incombent au chef du syndicat des Journalistes, que des élections aient lieu ou non, s’an­noncent difficiles.

Yéhia Qalache, ancien candidat au poste de chef du syndicat, pré­sente les raisons de son refus du report des élections : « Après l’an­nulation par la Cour constitution­nelle de la loi n°100 des syndicats professionnels, chaque syndicat doit suivre son règlement intérieur. Celui des Journalistes stipule que l’assemblée générale doit se réu­nir au mois de mars chaque année pour examiner son bilan et tenir des élections partielles ». Pour appuyer son argument en faveur d’un retour à la normale, il cite en exemple le cas de Kamel Zoheiry, chef du syndicat en 1979, qui avait écourté son mandat dans une situa­tion similaire.

51 candidats

Le comité chargé de recevoir les candidatures a déjà clos les ins­criptions mercredi dernier sur une liste de 5 candidats à la prési­dence : Diaa Rachwan et Abdel-Mohsen Salama, tous deux d’Al-Ahram, Noura Rachad et Sayed Al-Eskandarani, d’Al-Gomhouriya, et Mohamad Maghrabi, d’Al-Chaab. Mamdouh El Waly a déjà déclaré qu’il ne se présenterait pas aux élec­tions, afin de se consacrer à plein temps à la fondation Al-Ahram, dont il est devenu le PDG. Pour les 6 sièges à renouveler au conseil d’ad­ministration, 51 candidats se présen­tent, dont des membres du conseil d’administration, candidats à leur propre succession.

Diaa Rachwan avait déjà été can­didat en 2009 contre le PDG de Dar Al-Hilal, Makram Mohamad Ahmad, qui était alors le candidat proche du gouvernement et l’avait emporté au second tour. Rachwan, qui se reven­dique du courant indépendant, base sa campagne sur l’autonomie finan­cière et politique du syndicat. Directeur du Centre des études poli­tiques et stratégiques d’Al-Ahram, il assure qu’il va oeuvrer pour trouver de nouvelles ressources, afin d’amé­liorer la situation financière des jour­nalistes et de développer la profes­sion, mais aussi de garantir l’indé­pendance du syndicat. « Mon pro­gramme électoral comprend la révi­sion et la modification de tous les articles liés à la presse dans la Constitution, ainsi que des lois de la circulation de l’information et celles relatives à la protection de la révolu­tion », explique-t-il.

Il n’y a pas de candidat à propre­ment parler islamiste en lice pour la présidence. « Les Frères musulmans vont traiter avec le syndicat de la même manière que le PND le fai­sait. Ils ont déjà infiltré les fonda­tions de presse en changeant leurs rédacteurs en chef et leurs PDG. Ils ont aussi institué le Conseil consul­tatif et le Conseil suprême du jour­nalisme. Les articles concernant la liberté d’expression et d’opinion dans la Constitution font aussi par­tie de leur attirail de contrôle sur le journalisme égyptien », explique Yéhia Qalache qui met l’absence de candidat islamiste sur le compte de l’échec de l’expérience de Mamdouh El Waly.

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