L'Egypte est disposée à accueillir au Caire des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens.
(Photo : AFP)
Deux semaines après sa visite à Ramallah, le chef de la diplomatie, Sameh Choukri, a effectué dimanche une brève visite en Israël, la première dans ce pays d’un chef de la diplomatie égyptienne depuis 9 ans. Choukri qui s’est entretenu avec le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a évoqué la «
relance du processus de paix ». «
La période que nous traversons est une période charnière pour le Moyen-Orient. Ma visite en Israël aujourd’hui reflète la responsabilité de longue date de l’Egypte envers la paix pour tous les peuples de la région », a déclaré Sameh Choukri, dimanche, au bureau du premier ministre israélien. Et d’ajouter que l’engagement du Caire en faveur d’une solution au conflit israélo-palestinien reste «
ferme et inébranlable ». «
Il est inacceptable de prétendre qu’avec le statu quo, nous pouvons réaliser les espoirs et les aspirations des peuples palestinien et israélien. L‘état actuel des choses est malheureusement ni stable ni durable et n’est conforme ni aux espoirs et aux aspirations des deux peuples, ni à ceux des peuples de la région et du monde », a déclaré Choukri, ajoutant : «
Le sort du peuple palestinien devient plus compliqué chaque jour, et le rêve de la paix et de la sécurité s’éloigne de la population israélienne à mesure que le conflit se poursuit ». Choukri a été accueilli chaleureusement à Tel-Aviv par Benyamin Netanyahu. Il a notamment assisté à deux réunions avec le premier ministre israélien, une à son bureau et l’autre à sa résidence. «
Aujourd’hui, j’appelle à nouveau les Palestiniens à suivre l’exemple courageux de l’Egypte et de la Jordanie et à se joindre à nous pour des négociations directes. C’est la seule façon dont nous pouvons résoudre tous les problèmes en suspens entre nous, et nous tourner vers la vision d’une paix fondée sur deux Etats pour deux peuples », a déclaré pour sa part le chef du gouvernement israélien.
La visite de Choukri en Israël fait suite à la récente initiative de paix lancée par la France. Lors d’une réunion le mois dernier à Paris, une trentaine de ministres et représentants de pays arabes et occidentaux, de l’Onu et de l’Union européenne, ont convenu d’organiser une conférence internationale avec les Israéliens et les Palestiniens d’ici la fin de l’année pour relancer la paix au Proche-Orient. Mais l’initiative française qui se heurte à la réticence d’Israël ne s’est pas matérialisée.
Selon les médias, Sameh Choukri aurait, lors de sa visite en Israël, exprimé la disposition de l’Egypte à accueillir au Caire des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens. Les médias israéliens affirment que des efforts sont actuellement en cours en vue d’organiser une rencontre Sissi-Netanyahu, mais ces informations n’ont été ni confirmées ni démenties par Le Caire.
Médiateur incontournable
L’avènement du terrorisme et l’instabilité qui sévit dans la région inquiètent fortement l’Egypte qui cherche à se replacer dans la région en vue de relancer les efforts de paix. C’est dans ce contexte que s’inscrit la récente initiative du président Abdel-Fattah Al-Sissi appelant Israéliens et Palestiniens à s’asseoir de nouveau à la table des négociations. Mohamad Al-Orabi, président de la commission des relations étrangères au Conseil des députés, souligne l’importance de cette visite de Sameh Choukri en Israël. « L’Egypte est absente depuis quelques années de la scène palestinienne. Elle veut aujourd’hui retrouver son rôle de médiateur incontournable dans le processus de paix au Proche-Orient. Le Caire est conscient du danger de laisser la cause palestinienne sans solution, alors que la région toute entière est plongée dans l’instabilité », souligne Al-Orabi. Il rappelle que Le Caire a toujours été présent et son intervention a été décisive à certains moments, notamment en juillet 2014 pendant la guerre sur Gaza. L’Egypte avait alors présenté au Hamas une initiative de cessez-le-feu.
Mais outre la paix au Proche-Orient, la visite de Choukri en Israël fait suite à la tournée de Benyamin Netanyahu dans quatre pays de l’Afrique de l’Est, dont l’Ethiopie. Netanyahu a signé des accords de coopération avec ces pays, notamment dans le domaine de l’énergie. Israël s’est engagé à faire fonctionner les stations électriques du barrage éthiopien de la Renaissance. Un fait qui inquiète Le Caire dont les relations avec Addis-Abeba sont tendues depuis quelques années, en raison de la construction de ce barrage sur le Nil bleu. Le Caire craint que celui-ci n’affecte sa part dans les eaux du Nil. Il est fort possible dans ce contexte que la question du barrage ait été évoquée à Tel-Aviv entre Choukri et les responsables israéliens. D’autres questions régionales, comme la réconciliation entre Israël et la Turquie et ses répercussions sur la région, de même que le dossier de l’énergie ont également fait l’objet d’examen.
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