La Cour pénale du Caire a condamné, samedi, l’ancien président islamiste, Mohamad Morsi, à la prison à vie dans le procès d’espionnage au profit du Qatar.
Morsi comparaissait avec 10 coaccusés pour le vol de « documents sensibles qui touchent à la sécurité nationale » et leur livraison au Qatar, selon l’acte d’accusation. Selon le Parquet général, ces documents comprenaient notamment « des rapports extrêmement sensibles concernant l’armée, le déploiement de ses troupes et son armement ».
« Les accusés ont mis en grand danger la patrie, ils ne méritent pas moins que la peine de mort », a commenté le juge Mohamad Chérine Fahmi avant son verdict.
Morsi a été condamné à 25 ans de prison, pour avoir dirigé une « organisation illégale » et à 15 ans de prison pour avoir « subtilisé des documents secrets concernant la sécurité de l’Etat et les avoir infiltrés au Qatar », durant son mandat d’un an, selon son avocat Abdel-Moneim Abdel-Maqsoud. Il a en revanche été acquitté de l’accusation d’espionnage. Six de ses coaccusés ont, eux, été condamnés à la peine de mort pour ce chef d’accusation. Morsi et son directeur de cabinet, Ahmad Abdel-Atti, étaient accusés d’avoir transmis ces documents au secrétaire personnel de Morsi, Amin Al-Sérafi. Ce dernier les aurait fait parvenir à un responsable de la chaîne qatari Al-Jazeera et à un officier des renseignements qatari, via des intermédiaires. Abdel-Atti et Sérafi ont tous deux écopé de la prison à vie. « Il n’y a aucune preuve contre les accusés », s’est insurgé Abdel-Maqsoud, précisant qu’il allait faire appel du verdict. Parmi les six condamnés à mort figurent trois journalistes, jugés par contumace et accusés d’avoir servi d’intermédiaires, dont Ibrahim Mohamad Hilal, rédacteur en chef de la chaîne d’information qatari Al-Jazeera, ainsi que Alaa Omar Mohamad Sablan, journaliste de nationalité jordanienne de la chaîne.
Quatrième procès
Il s’agit du quatrième procès contre Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, classée organisation « terroriste ». Il avait été condamné à mort en juin aux côtés d’une centaine de coaccusés pour des évasions massives de prison et des attaques contre la police durant la révolution de 2011. Dans un autre procès, pour espionnage au profit du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et de l’Iran, l’ancien président avait été condamné à la prison à vie. Morsi avait écopé en avril de 20 ans de prison pour des violences contre des manifestants durant son court mandat.
Le Qatar et la Turquie, principaux alliés de la confrérie des Frères musulmans, ont dénoncé ces verdicts. Dans un communiqué, le directeur de l’information du ministère qatari des Affaires étrangères, Ahmad Al-Rémeihi, a rejeté des accusations qui « se contredisent avec la politique étrangère du Qatar envers tous les pays arabes dont l’Egypte ». « Pour le Qatar, l’inculpation pour espionnage d’un ancien président et de journalistes est surprenante et inacceptable. Ce genre d’accusations est une première entre les pays arabes et ne favorise pas les relations fraternelles entre le Qatar et l’Egypte », a-t-il souligné. La Turquie a aussi critiqué le verdict. « Nous sommes profondément préoccupés par ces verdicts. Cette décision ne va pas contribuer à la prospérité et la stabilité de l’Egypte », indique un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères.
En réplique, Ahmad Abou-Zeid, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré dimanche qu’il « n’est pas étonnant de voir ce genre de communiqués faits par un pays qui consacre tous ses médias pour combattre le peuple égyptien et pour ancrer l’hostilité contre l’Egypte ». « Ces fausses prétentions ne pourront pas affecter ou remettre en cause la justice égyptienne connue par son indépendance et son honnêteté depuis de longues décennies », a conclu Abou-Zeid.
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