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Les médias pour lutter contre l’immigration clandestine

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 31 mai 2016

Le Comité national de coordination pour la prévention et le combat de la migration illégale organisait cette semaine un colloque sur le rôle des médias, alors que l'Egypte est particulièrement concernée par le phénomène. Compte rendu.

Le rôle des médias dans la lutte contre la migration illégale a été le thème choisi par le Comité National de Coordination pour la Prévention et le Combat contre la Migration Illégale (CNCPCMI) pour sa quatrième rencontre organisée à l’Institut diplomatique au Caire. L’ambassadrice Naëla Gabr, chef du comité de la migration illégale, a insisté sur l’importance du message des médias pour sensibiliser les citoyens aux risques et aux répercussions de l’immigration clandestine. Il s’agit « d’expliquer aux médias, en particulier ceux engagés dans ce domaine, les dimensions de cette affaire qui constitue une menace pour les jeunes qui sont attirés par le glamour de voyager à l’étranger sans penser consciemment à la façon d’atteindre cet objectif ». Naëla Gabr souligne que ce colloque coïncide avec le début de l’été, considéré comme la saison de l’immigration clandestine, et qui coïncide en plus avec l’annonce imminente par l’Egypte de sa stratégie nationale de lutte contre l’immigration clandestine. Cette stratégie vise à faire face à ces évasions, qui représentent une menace pour la vie de nombreux jeunes et enfants. « Nous essayons en tant que comité de travailler en parallèle avec les différentes institutions de l’Etat, d’où l’importance du rôle des médias. Les médias écrits ou audiovisuels doivent traiter ce sujet avec plus de profondeur. Il ne suffit pas de traiter la question en annonçant le nombre de victimes ou d’arrestations. Il est temps de présenter des émissions, des articles ou même des feuilletons et des films qui présentent des exemples de jeunes qui ont réussi à gagner leur vie à travers des projets mis en place ici en Egypte par l’intermédiaire des fonds sociaux, car les médias restent le moyen le plus rapide qui puisse influencer les citoyens », a précisé l’ambassadrice.

Enfants non accompagnés

Nasser Mossallem, responsable du programme de la réduction de l’immigration illégale au Conseil national de l’enfance et de la maternité, a jeté la lumière sur le phénomène de la migration des enfants non accompagnés qui a commencé en 2008, soulignant que les parents de ces enfants connaissent et profitent de la loi italienne qui stipule que « chaque enfant non accompagné sur le territoire italien est sous la protection des autorités italiennes ». Tout enfant de moins de 18 ans qui arrive en Italie n’est pas obligé de retourner dans son pays, et il est accueilli dans des foyers ou des écoles, jusqu’à ce qu’il atteigne 18 ans, il est alors intégré dans la société italienne, et a le choix de rester en Italie ou de retourner dans son pays natal. « La majorité préfèrent rester, et sont victimes des contrebandiers qui les obligent à travailler dans des activités illégales ». Mossallem ajoute que la plupart des immigrés clandestins parmi les enfants se rendent à Rome, Milan et Turin. Alors que les plus grandes provinces égyptiennes exportatrices d’immigrés illégaux sont Assiout, Gharbiya, Daqahliya, Fayoum, Ménoufiya et Charqiya.

Hébatallah Sémari, professeure à la faculté des mass media et directrice du Centre de recherches sur les femmes et les médias à l’Université du Caire, affirme pour sa part que « les médias doivent absolument cesser de traiter les immigrés illégaux comme des criminels. Il faut les traiter comme des victimes des circonstances difficiles ».

Elle a appelé tous les médias à essayer de communiquer avec les jeunes et de les aider à faire porter leurs voix aux responsables. « Les talk-shows doivent consacrer une partie de leurs émissions à la lutte contre l’immigration clandestine. Pourquoi les médias ne consacreraient-ils pas une semaine par an pour parler de ce phénomène et présenter des suggestions et des solutions ? », affirme Sémari, qui propose que le thème de l’immigration clandestine soit intégré aux programmes d’éducation des enfants à l’école pour consolider l’esprit de patriotisme depuis l’enfance. Le journaliste Mohamad Al-Kazaz, spécialisé dans l’immigration clandestine, a exposé un film assez bouleversant avec différents témoignages d’enfants qui ont été obligés de partir et qui ont été choqués par la réalité de la vie illégale à l’étranger.

Dans le cadre de cette initiative, le comité a préparé, avec l’Union de la Radio et de la Télévision, un programme sur la lutte contre l’immigration illégale. Celui-ci passera chaque jour pendant le mois du Ramadan à la télévision égyptienne. Un projet de loi, qui durcit les sanctions à l’encontre des trafiquants, a été approuvé par le Conseil des ministres en novembre dernier, qui doit être approuvé par le parlement. Les autorités espèrent qu’il permettra de réduire le nombre de candidats à l’immigration illégale.

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