Le bâtiment, composé de deux étages, accueille les clients dans une ambiance de fête. (Photo : Ola Hamdi)
A quelques jours du mois du Ramadan qui intervient cette année à un moment difficile pour de nombreuses familles qui souffrent de la hausse des prix des produits de consommation courante, le gouvernement a décidé d’agir en créant des centres de distribution de produits bon marché dans tous les gouvernorats. L’un d’eux, organisé par le ministère d’Approvisionnement en coopération avec des compagnies publiques et privées, se trouve dans le quartier de Madinet Nasr au Caire. Cette exposition-vente intitulée Ahlan Ramadan (bienvenue Ramadan) a ouvert ses portes le 25 mai. Le bâtiment, composé de deux étages, accueille les clients dans une ambiance de fête. Un haut-parleur diffuse des airs du Ramadan. Le lieu est bondé.
Des hommes, des femmes, des enfants sont venus de différents quartiers du Caire à la recherche de produits moins chers. « Nous achetons des produits de première nécessité comme le riz, qui est très cher dans les supermarchés, le sucre, la farine, les pâtes. Tous ces produits sont vendus à un prix inférieur à celui du marché. Mais les fruits secs ne sont pas moins chers, leur prix est très proche de celui du marché. Je ne pourrai pas en acheter cette année », affirme Asmaa Sabri, fonctionnaire, et mère de 4 enfants. Le ministère d’Approvisionnement a fait beaucoup de publicité pour ces points de distribution. L’affluence est très grande et pour cause. Le riz est vendu à 4,5 L.E. le kilo contre 10 L.E. à l’extérieur, le kilo de poulet est vendu à 20 L.E., et le poulet de 2 kilos ne coûte que 35 L.E. La viande est vendue à 50 L.E. le kilo contre 90 et 100 L.E. à l’extérieur. Souriante, Oum Ahmad, 50 ans, est assise dans un coin de l’exposition, pour se reposer. Elle porte dans son sac à main trois poulets, et ne cesse de donner des conseils aux autres femmes sur les bons produits et les meilleures offres. « J’achète seulement le poulet et le riz, car ils sont nettement moins chers », souligne cette femme au foyer et mère de 4 enfants. Quant à la viande, elle préfère l’acheter dans un point de distribution de l’armée à Zamalek, car celle-ci est « bon marché et de très bonne qualité ».
Le Ramadan intervient cette année en plein examen du bac, et beaucoup de familles sont déjà en difficulté en raison des leçons particulières. « Cette exposition est vraiment une aubaine pour nous. Au moins, cela nous aide à acheter les aliments du mois du Ramadan », affirme Adel Al-Sayed, fonctionnaire et père de 3 enfants. Lui aussi affirme qu’il n’achètera pas de fruits secs cette année. « Le prix a augmenté à cause de la crise du dollar et la guerre en Syrie. C’est devenu un produit de luxe », affirme-t-il. Mona, 40 ans, mère de 3 enfants, qui vient du quartier de Choubra, se plaint de l’affluence. « Il y a trop de monde ici et parfois il faut faire la queue. La viande est vendue à 50 L.E. seulement, mais pour en acheter il faut attendre des heures, car il y a de longues files d’attente. J’ai acheté du poulet et je vais à présent rentrer chez moi », dit Mona. Même son de cloche pour hadj Hosni Gomaa, 55 ans. « En raison de la foule, je suis venu très tôt ce matin. Le riz ici est vraiment très bon marché. Je remercie l’Etat, car il nous aide en ces jours difficiles ». Certaines femmes n’hésitent pas à exprimer à haute voix leurs remerciements au président Abdel-Fattah Al-Sissi. « Vive l’Egypte », crient-elles.
Baisse du pouvoir d’achat
Ahlan Ramadan fait partie d’une série de mesures prises par le gouvernement cette année pour faire face à la flambée des prix. Les hausses successives du dollar face à la livre égyptienne ont entraîné une baisse du pouvoir d’achat des ménages. Or, à l’approche du Ramadan, l’Etat, qui ne veut pas risquer un mécontentement populaire, multiplie les initiatives pour freiner la hausse des prix. La création de points de distribution constitue l’une des solutions. Parallèlement, les forces armées vendent de la viande et du poulet bon marché et de bonne qualité dans ses coopératives. Ahlan Ramadan a vendu en deux jours pour 10 millions de L.E. de marchandises. « L’exposition propose une grande quantité de produits qui répondent aux besoins des citoyens. Les prix sont soumis à un contrôle strict et les produits sont d’une grande qualité », affirme le ministère d’Approvisionnement dans un communiqué.
Le problème est que beaucoup de commerçants se rendent à l’exposition pour acheter des produits bon marché et les revendre ensuite à un prix supérieur. Autre problème : la qualité n’est pas toujours bonne. Mahmoud Al-Asqalani, président de l’Association « Citoyens contre la hausse des prix », pense que les efforts du gouvernement sont certes « positifs » mais ne constituent pas une solution au problème des prix. « Les efforts du ministère d’Approvisionnement sont provisoires. Mais pour régler définitivement le problème des prix, le gouvernement doit prendre d’autres mesures plus radicales », affirme Al-Asqalani. Et de conclure : « Il faut modifier les lois de l’investissement, la loi sur la protection du consommateur et la loi anti-monopole ».
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