
Israéliens et Palestiniens ont salué l'initiative du président Sissi.
« je dis aux Palestiniens et aux Israéliens qui m’auront écouté : il y a une chance fantastique pour un avenir meilleur », a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi lors d’un discours prononcé à l’occasion de l’inauguration d’une centrale électrique dans la ville d’Assiout au sud de l’Egypte.
Sissi, qui s’est dit prêt à « fournir tous les efforts pour contribuer à une solution au conflit israélo-palestinien », a estimé que les deux parties se trouvent face à une « réelle opportunité » pour résoudre leur conflit. Il a appelé Israéliens et Palestiniens à engager de nouveaux pourparlers sous l’égide de l’Egypte.
Evoquant l’accord de paix entre l’Egypte et Israël en 1979, Sissi a estimé que « personne à l’époque ne pensait qu’il pourrait y avoir une paix véritable et stable, telle qu’on la voit entre l’Egypte et Israël », a-t-il souligné.
Bien que le chef de l’Etat n’ait fait mention d’aucun plan précis pour amener Israéliens et Palestiniens sur la table des négociations, ses propos ont été accueillis favorablement tant par les Palestiniens que par les Israéliens. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a salué l’initiative du président. Abbas a rendu hommage au « rôle historique de l’Egypte qui a toujours soutenu la cause palestinienne ».
Aussi, dans un communiqué sur son site Internet, le mouvement palestinien Hamas a affirmé qu’il « applaudit les déclarations du président égyptien ». Pour sa part, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a déclaré qu’Israël était prêt à « s’engager avec les pays arabes pour faire avancer un accord de paix avec les Palestiniens ».
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui était en visite en Egypte au lendemain de ces déclarations, y a vu un soutien fort pour faire avancer le processus de paix israélo-arabe, selon un porte-parole du département d’Etat, Mark Toner.
La dernière tentative de faire avancer le processus de paix mené par John Kerry en 2014 s’est soldée par un échec, et depuis, celui-ci est au point mort. Sur le terrain, la situation ne fait que s’aggraver. En effet, ces derniers mois, Israël a été très critiqué pour la construction de nouvelles colonies dans les Territoires palestiniens, tandis que les attaques au couteau par des Palestiniens contre des Israéliens se sont multipliées. A l’instar de la France, et maintenant de l’Egypte, plusieurs pays appellent à accélérer le processus de paix pour éviter l’enlisement du conflit. Le gouvernement français vient lui aussi de lancer une initiative de relance du processus de paix qui a été catégoriquement rejetée par les Israéliens, et tente actuellement de mettre sur pied une conférence internationale pour relancer le processus de paix.
Toujours présent
Absente depuis quelques années, l’Egypte, tente de retrouver son rôle de médiateur. Tout au long des 65 ans du conflit israélo-palestinien, Le Caire a toujours été présent et son intervention a été même décisive à certains moments, notamment en juillet 2014 pendant la guerre sur Gaza. L’Egypte avait alors présenté au Hamas une initiative de cessez-le-feu. A l’époque, les responsables gazaouïs avaient soutenu que cette initiative favorise Israël, et que celle-ci a été négociée entre Le Caire et Tel-Aviv sans consulter la partie palestinienne. Mais en fin de compte, c’est grâce à cette initiative et à la médiation du Caire que la guerre s’est terminée. « Depuis quelques années, l’Egypte avait pris quelques écarts en raison de sa mauvaise relation avec le mouvement Hamas, l’une des branches des Frères musulmans considérés aujourd’hui comme une organisation terroriste », affirme Mohamad Gomaa, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Depuis son accession au pouvoir en juin 2014, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ordonné la destruction des tunnels de contrebande qui alimentent la bande de Gaza, forteresse du Hamas, et qui permettent le trafic d’armes entre les deux côtés de la frontière. Néanmoins, les factions palestiniennes n’ont jamais rejeté le rôle de l’Egypte en tant qu’acteur de premier plan.
Pour le politologue Mohamad Gomaa, l’Egypte, comme d’autres pays, est consciente du danger de laisser la cause palestinienne sans solution alors que la région toute entière est plongée dans l’instabilité. « La tension qui sévit sur le terrain peut alimenter les idées extrémistes et favoriser des groupes comme Daech », affirme le politologue. Le président Sissi, au pouvoir depuis deux ans, ne s’est pas préoccupé du dossier palestinien. Aujourd’hui, il essaye de se replacer sur la scène régionale. « Mais il y a peu de chance que les initiatives de paix actuelles puissent aboutir, car les Israéliens insistent sur le maintien de Jérusalem comme capitale, et sur le contrôle de la Cisjordanie, mais cela ne signifie pas qu’il faut rester sans rien faire », conclut Gomaa.
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