Huit enquêteurs italiens sont arrivés samedi au Caire dans le cadre de l’enquête sur la mort du jeune chercheur Giulio Regeni, retrouvé mort en février dernier sur une autoroute près du Caire. Il s’agit de la première rencontre entre les enquêteurs italiens et leurs homologues égyptiens sur cette affaire depuis la réunion de Rome, le mois dernier. Lundi, lors d’une conférence de presse, le vice-procureur général, Moustafa Soliman, a souligné : «
La rencontre avec la délégation italienne a été positive. Le côté italien est de plus en plus convaincu que l’Egypte n’économise pas d’efforts pour dévoiler la vérité sur le meurtre de Regeni », a déclaré Soliman, sans donner plus de détails. Le retour de l’ambassadeur italien au Caire n’a pas été mentionné.
L’affaire Regeni pèse depuis des mois sur les relations entre l’Egypte et l’Italie. En avril, l’Italie avait rappelé son ambassadeur en Egypte pour consultations, en signe de mécontentement face au peu de progrès dans l’enquête sur l’assassinat de l’étudiant italien Giulio Regeni. Les autorités judiciaires italiennes avaient décidé de suspendre toute collaboration judiciaire avec leurs homologues égyptiennes. Outre le rappel de l’ambassadeur, des agences de voyages privées ont suspendu leurs voyages vers l’Egypte. Le 10 mars dernier, le Parlement européen avait aussi adopté une résolution revendiquant le gel des aides militaires européennes à l’Egypte, qui n’a pas caché ses inquiétudes face à ces mesures italiennes. « Les déclarations répétitives des responsables italiens nous inquiètent, car elles ne reflètent pas une prise de conscience des intérêts bilatéraux entre les deux pays », avait déclaré le chef de la diplomatie, Sameh Choukri. Et d’ajouter : « Ce qui est dit sur l’absence de coordination est en contradiction avec le nombre de visites effectuées par les enquêteurs italiens en Egypte et les données fournies par les autorités égyptiennes aux autorités italiennes ». L’Egypte a demandé à l’Italie de dévoiler la vérité sur la disparition du citoyen égyptien Mohamad Baher, disparu en Italie depuis plus de 6 mois, ainsi que sur le meurtre en Italie d’un autre citoyen sans toutefois faire le lien direct entre ces incidents et le meurtre de Regeni.
La visite de la délégation intervient donc suite à une certaine « brouille » entre Le Caire et Rome au sujet de l’affaire Regeni, les responsables italiens ayant déclaré à plusieurs reprises qu’ils n’étaient pas convaincus par les thèses avancées par l’Egypte sur cette affaire. « Mais cette visite de la délégation italienne dénote une reprise de la coopération sur ce dossier entre l’Egypte et l’Italie », explique le politologue Tareq Fahmi. Et d’ajouter : « Les annonces hâtives et contradictoires du ministère de l’Intérieur ont créé une crise de confiance. Aujourd’hui, le dossier est traité avec plus de lucidité ». Selon lui, l’Italie ne veut pas compromettre ses relations stratégiques avec l’Egypte. L’Italie est le premier partenaire commercial de l’Egypte dans l’Union européenne et le troisième après les Etats-Unis et la Chine.
Sur un autre volet, les autorités italiennes ont sollicité la coopération de Google pour consulter les mails de l’étudiant italien. La boîte mail de Giulio Regeni semble avoir été piratée, puisqu’un mail a été envoyé depuis son compte Gmail le 23 mars, soit deux mois après la mort du chercheur universitaire.
Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, Nabil Fahmi, la reprise de la coopération égypto-italienne est une chance qu’il faut bien exploiter pour reprendre les relations bilatérales importantes pour les deux parties. « Il faut accélérer et cibler les pistes d’enquêtes sur le meurtre de Regeni. La lenteur des enquêtes nuit à l’image de l’Egypte auprès de la communauté internationale, surtout que l’Italie est déterminée à obtenir la vérité et ne lâchera pas de lest », conclut-il.
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