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Le parlement donne son feu vert au gouvernement

Chaïmaa Abdel-Hamid et Gamila El Tawila, Mardi, 26 avril 2016

Le parlement a accepté la déclaration de politique générale du gouvernement à plus de 90 % des voix. Une confiance accordée selon certains parlementaires pour préserver la stabilité de l'exécutif.

Le parlement donne son feu vert au gouvernement
Le gouvernement d’Ismaïl a obtenu la confiance du parlement avec une majorité de 90,97 %.

Après 14 séances d’études et de discussions, les députés se sont exprimés : Le parlement a accepté la déclaration de politique générale présentée par le gouvernement et a voté la confiance au gouvernement de Chérif Ismaïl. Dans une allocution prononcée en séance plénière devant le parlement le 20 avril, le premier ministre, Chérif Ismaïl, a remercié les députés pour avoir accordé la confiance à son gouvernement et a promis de « mettre en oeuvre le programme du gouvernement et de conjuguer les efforts en faveur de l’Egypte ».

Le gouvernement d’Ismaïl a obtenu la confiance du parlement avec une majorité de 90,97 %, soit 433 voix, tandis que 38 députés ont voté contre le programme et 5 autres se sont abstenus de voter. Cent dix-huit députés étaient absents de la session de vote.

Les politiciens et les analystes avaient exprimé peu de doute concernant une révocation du cabinet ministériel actuel, compte tenu de la présence importante de membres de la Coalition Daem Misr (pour le soutien de l’Egypte).

Sous la coupole, et malgré cette majorité écrasante, les positions ont été assez distinctes et ont ouvert de grands débats. Le député wafdiste Mahmoud Zayed a défendu de tout coeur la déclaration du gouvernement. « Nous devons tous soutenir ce gouvernement. Qui peut nier que le président Sissi avec ce cabinet a réalisé d’énormes projets ? Il suffit d’évoquer le Nouveau Canal de Suez, et les problèmes du pain, de l’électricité et des bonbonnes de gaz qui ont complètement disparu. Tout cela est assez suffisant pour accorder notre confiance au gouvernement ».

De même, le député Kamal Amer, du parti Les Protecteurs de la patrie, membre du comité qui a étudié le thème de la sécurité nationale dans la déclaration et a voté pour le gouvernement, affirme : « A mon avis, le programme présenté par Chérif Ismaïl est assez convaincant. Le gouvernement a travaillé dur et a présenté une déclaration qui pose différents axes qui conviennent aux attentes du peuple égyptien ».

La confiance pour la stabilité

Le politologue Amr Hachem Rabie, vice-président du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, croit, pour sa part, que « la plus grande majorité des députés du parlement a accepté la déclaration du gouvernement par crainte d’une dissolution du parlement prévue à l’article 146 de la Constitution égyptienne », explique le politologue.

Certains parlementaires l’avouent d’ailleurs eux-mêmes. Le député Ayman Aboul-Ela, du parti Les Egyptiens libres, reconnaît que « nous avons dû accepter la déclaration car nous n’avons pas d’alternatives. Nous sommes bien conscients que sous la coupole, il n’existe toujours pas de force capable de former un nouveau parlement. On ne peut pas exposer le pays à un vide du pouvoir exécutif ».

Pour rappel, l’article 146 de la Constitution stipule que si le gouvernement en place ne reçoit pas la confiance de la majorité des membres de l’Assemblée dans les 30 jours qui suivent la convocation, le président est tenu de nommer un premier ministre après désignation de celui-ci par le parti ou la coalition qui détient une majorité au parlement.

Si le parlement ne s’est pas accordé à nommer un nouveau premier ministre et son gouvernement dans les 30 jours, le parlement est dissous et le président appelle à l’élection d’un nouvel organe législatif dans les 60 jours, à compter de la date annoncée de la dissolution.

Quelques mécontents

Mais si la grande majorité a voté pour la déclaration, ceux qui ont dit « non » avaient aussi leurs raisons. Pour le député indépendant Haïssam Al-Hariri, il n’était pas question d’accepter une telle déclaration. Pour lui, Ismaïl a longuement évoqué et insisté sur la situation économique en rappelant les défis auxquels l’Egypte est confrontée depuis la révolution de janvier 2011, sans pour autant présenter de solutions concrètes ou un plan fixe sur lequel se baseront les ministres dans leurs travail : « Ce programme n’est pas digne de l’Egypte après deux révolutions, pour plusieurs raisons : son alignement du côté des riches au détriment des pauvres, l’absence de calendrier fixe pour mettre en place cette politique, et aucune source de financement des projets n’a été évoquée ». Et d’ajouter : « Cela fait des mois que ce gouvernement est entré en fonction et jusque-là, nous ne sentons que ses résultats négatifs. S’il avait la capacité de réaliser le moindre progrès, il l’aurait fait ».

Un avis partagé par le parlementaire Samir Ghattas qui s’interroge : « Comment soutenir un gouvernement qui depuis le début de son exercice n’a fait qu’augmenter la charge sur le citoyen ? ». Et de conclure : « Le gouvernement sait qu’il est aujourd’hui surveillé de près par le parlement ».

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