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La coopération renforcée

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 19 avril 2016

Une trentaine d'accords de coopération ont été conclus durant la visite de François Hollande, notamment dans les secteurs de l'infrastructure, de l'énergie et des transports.

Les présidents Abdel-Fattah Al-Sissi et François Hollande ont inauguré, lundi, le Forum d’affaires franco-égyptien, auquel ont participé des représentants de plus de 30 entreprises françaises et des compagnies égyptiennes. « Cette visite revêt une grande importance sur le plan économique », a déclaré le ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, Tareq Qabil, à l’issue de pourparlers avec l’ambassadeur de France en Egypte, André Parant. « Il y a une volonté des deux pays de développer les investissements de la France en Egypte », a, pour sa part déclaré M. Parant, ajoutant que le montant des investissements français en Egypte se situe aux alentours de 3,6 milliards d’euros. Les échanges commerciaux s’élevaient, eux, à 2,583 milliards d’euros en 2015 contre 2,61 milliards en 2014. La France, sixième fournisseur de l’Egypte, est présente dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie et des télécommunications avec la filiale du groupe Orange.

La coopération renforcée

Des chefs de grands groupes français de même que de Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont assisté au forum. M. Parant a annoncé la signature de plusieurs accords dans les secteurs de la formation professionnelle, du transport, du tourisme, de la protection sociale, de la préservation du patrimoine, de l’infrastructure, de la culture et surtout de l’énergie, un secteur dans lequel la France possède une technologie avancée. Ahmad Darwich, président de la Commission économique du Canal de Suez, a aussi assisté au forum et a fait une présentation des projets du Canal. Des accords de coopération ont également été conclus dans les domaines de l’électricité, des chemins de fer et des transports. « Cette visite du président Hollande en Egypte va donner un nouvel élan à la coopération économique entre les deux pays », affirme Ibrahim Al-Ghitani, chef du département économique au Centre régional des études stratégiques. Et d’ajouter : « La France, alliée stratégique en Europe, arrive cette fois en Egypte avec des investissements lourds. Or, Le Caire cherche à booster le secteur des investissements. Pour l’Egypte, les investissements dans le domaine de l’infrastructure, de l’énergie et du projet de développement de la zone économique du Canal de Suez restent les projets phare de cette visite ». D’ailleurs, on peut s’attendre à ce que les engagements de l’Agence Française de Développement (AFD), dans les domaines de l’énergie et du transport urbain, et qui ont atteint 1 milliard d’euros, augmentent avec force avec les nouveaux contrats qui ont été signés. « Il faut aussi noter que la présence française est très importante à un moment où Le Caire craint un recul des investissements et de la coopération économique avec l’Italie en raison de l’affaire Regeni », explique Al-Ghitani.

Rythme soutenu

La coopération économique entre la France et l’Egypte a connu des hauts et des bas, mais la période à venir témoignera d’un nouvel élan au niveau de cette coopération. En effet, après avoir progressé à un rythme soutenu à partir de 2008, puis ralenti après le début de la révolution, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de 2,8 % en 2014, pour atteindre 2,61 milliards d’euros, mais ont de nouveau baissé en 2015 de 1,14 % pour atteindre 2,583 milliards d’euros. La France est aujourd’hui le sixième investisseur étranger en Egypte. La France exporte vers l’Egypte des céréales, des produits pharmaceutiques, des véhicules, des produits chimiques et les produits pétroliers raffinés. La France est aussi, selon les déclarations du gouvernement égyptien, le 5e fournisseur de l’Egypte. Les exportations françaises (hors armement) ont augmenté de 33,8 % en 2015 pour atteindre 2,1 milliards d’euros, faisant passer la part de la France dans le marché égyptien de 2,8 % en 2013-2014 à 4 % en 2014-2015. En 2014, les exportations françaises avaient augmenté de 17,2 %, après deux ans de baisse consécutive, due à l’instabilité politique et sécuritaire. En revanche, les importations françaises d’Egypte ont connu une chute de 54,4 % en 2015.

L’Egypte est aussi le premier fournisseur de la France au Proche-Orient, avec une part de 48 % du total des importations depuis cette région. La France est, quant à elle, le 10e client de l’Egypte en 2014. Les importations françaises en provenance d’Egypte qui se situent notamment dans les secteurs des hydrocarbures et des engrais, représentent près de 64 % du total des importations françaises de la région du Proche-Orient (contre 80 % en 2010). « On s’attend à ce que toutes ces données changent catégoriquement avec le grand nombre de projets qui ont été signés durant la visite de Hollande. Nous pouvons nous attendre à une augmentation considérable des investissements français en Egypte », précise Al-Ghitani.

Au niveau de la coopération financière, l’Egypte est le 3e bénéficiaire du mécanisme FASEP (Fonds d’études et d’aide au secteur privé) et l’un des premiers bénéficiaires des outils de la Coface (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur). La France a accordé en décembre 2014 à l’Egypte un prêt bonifié via le mécanisme « Réserve Pays Emergent » d’un montant de 344 millions d’euros pour la fourniture de matériels pour la ligne 3 du métro du Caire, projet phare de la coopération économique entre la France et l’Egypte depuis plus de 30 ans. L’AFD, qui a ouvert une agence au Caire début 2007, a par ailleurs décidé de réévaluer à la hausse ses engagements. Elle a octroyé le 23 septembre 2012 un prêt de 300 millions d’euros pour la ligne 3 du métro du Caire (en coordination avec l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement). « La visite de Hollande en Egypte va permettre de booster la coopération économique et en matière d’investissements avec la France, mais l’Egypte doit aussi améliorer le climat d’investissement, à commencer par la loi d’investissement qui n’est toujours pas promulguée et qui est sujette à un débat », conclut Al-Ghitani.

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