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La France annonce son plan de paix

Chaïmaa Abdel-Hamid et Gamila Abdel-Sattar, Mardi, 15 mars 2016

En visite au Caire, le chef de la diplomatie française déclare un nouveau plan de paix pour le conflit israélo-palestinien. Un pas salué par l'Egypte mais qui nécessite des mesures déterminées et concrètes.

Jean-Marc Ayrault, le chef de la diplomatie française, en visite officielle en Egypte mercredi 9 mars, a entendu relancer l’initia­tive de paix entre Israël et l’Auto­rité palestinienne, avec pour objectif principal de convoquer une conférence internationale d’ici l’été. La France ne reconnaîtra pas « automatiquement » un Etat palestinien si son initiative pour relancer le processus de paix avec Israël échoue, a assuré le ministre français. « Notre objectif est simple, mobiliser la communauté internationale autour de la seule solution possible, celle de deux Etats », a-t-il ajouté. Pour sa part, son homologue égyptien, Sameh Choukri, a déclaré que l’Egypte « apprécie et soutient l’initiative française qui fait valoir les droits légitimes du peuple palestinien ».

Fin janvier, Laurent Fabius, pré­décesseur de Jean-Marc Ayrault, avait provoqué une vive réaction de l’Etat hébreu en proposant d’organiser une conférence inter­nationale pour relancer un proces­sus de paix au point mort, ajoutant qu’en cas d’échec, la France reconnaîtrait l’Etat palestinien.

Ayrault s’est rendu en Egypte à la fois pour mener une visite bila­térale et faire le point sur la coopé­ration entre les deux pays, mais surtout pour participer à une réu­nion avec ses homologues du comité restreint de la Ligue arabe pour évoquer « l’initiative fran­çaise de relance du processus de paix au Proche-Orient », une prio­rité pour la diplomatie française.

Menées sous l’égide des Etats-Unis, les dernières négociations de paix directes entre Israël et l’Auto­rité palestinienne n’ont débouché sur aucun accord en avril 2014 et sont depuis au point mort. Sur le terrain, les violences réciproques ne font que se multiplier ces der­niers mois.

Ahmad Abou-Zeid, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, indique que, consciente du rôle régional de l’Egypte, la France négocie avec Le Caire son nouveau plan de paix. « L’Egypte accueille favo­rablement l’initiative française tant qu’elle contribue à la recon­naissance de l’Etat palestinien », a précisé Abou-Zeid. « Toutefois, il faut révéler les détails de cette initiative et les moyens et compro­mis proposés par la France pour relancer le processus de paix et aboutir à un règlement équi­table », a-t-il ajouté. Selon le politologue Hassan Nafea, pro­fesseur de sciences politiques à l’Université du Caire, il est très positif d’annoncer au Caire le plan français de paix, principal médiateur depuis des décennies entre Palestiniens et Israéliens. « La France a choisi Le Caire pour annoncer son plan de paix parce qu’elle est consciente de l’importance du rôle régional de l’Egypte qui maintient toujours de bons rapports avec les parties palestiniennes et israéliennes et pourra jouer un rôle-clé pour promouvoir l’initiative française de paix », explique Nafea. Et d’ajouter que les factions palesti­niennes, y compris le mouvement Hamas, pourtant accusé de terro­risme par l’Egypte, n’ont jamais rejeté la médiation de l’Egypte.

Pas d’avancée majeure

Selon Nafea, les déclarations du nouveau ministre français sur la non-reconnaissance automatique de l’Etat palestinien ne visent qu’à apaiser la colère de l’Etat hébreu. Dans le cas d’une reconnaissance, il estime que les effets seront limi­tés : « La reconnaissance par la France d’un Etat palestinien ne serait que symbolique. Soutenu par les Etats-Unis, Israël n’ad­mettra jamais de se voir imposer des solutions à l’encontre de ses ambitions coloniales ».

Moustapha Kamel Al-Sayed, politologue, ne croit pas non plus à l’efficacité de l’initiative fran­çaise loin de permettre, selon lui, une avancée dans le processus de paix. « Il est difficile de réaliser une avancée sur le dossier du conflit israélo-palestinien tant que les Etats-Unis maintiennent leur soutien aveugle aux agres­sions israéliennes. Le plan de la France est-il capable de parvenir à une solution équitable ? », une question qu’Al-Sayed remet en doute. Des difficultés que n’ignore pas la France mais qui ne l’empêchent pas de vouloir donner un coup de pouce à ce dossier épineux.

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