L’administration américaine, dans son projet de budget 2016, a demandé cette semaine au Congrès de supprimer les restrictions imposées à l’aide américaine fournie à l’Egypte ainsi qu'à la livraison de certaines armes utilisées dans le maintien de la sécurité. Après les accords de Camp David, l’administration américaine a décidé d’accorder à l’Egypte une aide de l’ordre de 2,1 milliards de dollars, dont 1,3 milliard d’aides militaires. Le montant de cette aide a été depuis révisé à la baisse et se situe actuellement à 1,7 milliard de dollars, dont 1,5 milliard d’aides militaires. En 2013, les relations égypto-américaines ont connu un certain froid après la révolution du 30 juin et l’éviction de l’ancien président islamiste Mohamad Morsi. L’administration américaine avait alors décidé de geler 15 % de l’aide fournie à l’Egypte liant le déblocage de cette aide au registre des droits de l’homme. Celle-ci devant faire l’objet d’une évaluation chaque année. En novembre 2013, les Etats-Unis ont refusé en outre la livraison de chasseurs F-16, de tanks et d’hélicoptères Apache à l’Egypte. Washington avait aussi annulé les manoeuvres militaires conjointes avec l’Egypte prévues en septembre 2013. Mais en 2015, les Américains ont levé le gel relatif au 15 % et ont affirmé que celui-ci serait tributaire de la tenue d’élections libres en Egypte et de l’amélioration de la situation des droits de l’homme. Ceci suite à une intervention du secrétaire d’Etat, John Kerry, devant le Congrès, dans laquelle il avait souligné les «
relations stratégiques entre les Etats-Unis et l’Egypte », et «
l’importance de l’Egypte dans les efforts de lutte contre le terrorisme et dans le traité de paix avec Israël ». En juillet 2015, l’Egypte recevait les 8 avions F-16 que l’administration avait retenus. Le Congrès doit à présent examiner la demande de l’administration.
La requête de l’administration américaine de lever les restrictions sur l’aide égyptienne fait suite à une visite cette semaine du ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, à Washington. Le chef de la diplomatie a eu de longues discussions avec John Kerry et les membres du Congrès, au cours desquelles il a été, entre autres, question des droits de l’homme. « C’est un marché politique. Sameh Choukri était cette semaine à Washington et il a beaucoup discuté avec les responsables américains. Les Etats-Unis ont besoin de l’Egypte au cours de la prochaine période », explique Tareq Fahmi, professeur de sciences politiques et expert des relations internationales. Et d’ajouter : « Les Etats-Unis ont besoin aujourd’hui de l’Egypte dans leur lutte contre Daech. Et c’est dans ce contexte qu’on peut situer la présente décision ». Le président Barack Obama avait fait savoir récemment qu’il entendait intervenir en Libye dans le cadre d’une coalition internationale pour faire face à l’Etat islamique. C’est dans ce contexte que Washington pourrait avoir besoin de l’Egypte. Mais il existe d’autres raisons. « En 2015, lorsque Washington a débloqué l’aide à l’Egypte, les responsables américains avaient fait savoir à leurs homologues égyptiens que Le Caire n’aurait plus accès à l’achat d’armes avec paiement différé. La décision d’Obama vise à ménager l’Egypte », affirme un diplomate sous couvert de l’anonymat. Il ajoute que la situation dans le Sinaï est également une source d’inquiétude pour les Américains. Washington veut aussi maintenir ses relations stratégiques avec l’Egypte, l’un de ses principaux alliés dans la région.
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