Le Syndicat des médecins se réunira le 12 Février pour réclamer des mesures punitives contre les deux policiers.
Le procureur général, Nabil Sadeq, a ordonné cette semaine la réouverture du Centre hospitalier universitaire de Matariya, fermé depuis une semaine après l’agression de deux médecins par deux agents de police. L’incident a eu lieu le 28 janvier, lorsque deux médecins, Moëmen Abdel-Azim et Ahmad Mahmoud Al-Sayed, ont été « insultés et frappés » par des agents de police suite à un différend entre eux. D’après le personnel de l’hôpital, l’un des agents, blessé, a demandé aux médecins de lui faire une ordonnance renfermant de fausses informations sur sa blessure, ce que ces derniers ont refusé de faire. Une dispute a alors éclaté et les médecins ont été frappés par les deux agents de police. Maämoun Al-Dib, vice-président de l’hôpital deMatariya, raconte: « Les médecins de l’hôpital m’ont téléphoné à 3h et m’ont dit que des agents de police avaient attaqué 2 médecins. Ils les ont sortis de force hors de l’hôpital et les ont emmenés au commissariat de Matariya. Les médecins ont voulu porter plainte, mais l’officier au commissariat leur a dit que les agents avaient également porté plainte contre eux. Ils ont ainsi été contraints de faire une réconciliation à l’amiable avec les agents pour éviter les ennuis. Je suis arrivé à l’hôpital immédiatement et j’ai trouvé des officiers du commissariat venus s’excuser, mais la direction de l’hôpital a refusé leurs excuses et a décidé de porter plainte en coopération avec l'ordre des Médecins ».
Menace de grève
Le président de l'ordre des Médecins, Hussein Khaïry, son adjointe Mona Mina et des membres du conseil d’administration de l'ordre ont présenté une plainte au procureur général demandant l’ouverture d’une enquête. Mais aucune enquête n’ayant été ouverte, les médecins de l’hôpital ont organisé une grève et ont fermé l’hôpital pendant une semaine. Le 6 février, le ministère de l’Intérieur a annoncé la suspension des policiers et leur renvoi devant une commission de discipline.
Mais les médecins craignent qu’il ne s’agisse d’une commission de façade et que les agents ne soient pas condamnés. L'ordre des Médecins a convoqué alors une assemblée générale urgente le 12 février pour discuter de la possibilité d’organiser une grève nationale générale si les agents de police ne sont pas punis. Pour leur part, les médecins de l’hôpital de Matariya affirment qu’ils présenteront une démission collective si une enquête n’est pas ouverte par le Parquet.
Ahmad Chawqi, membre au conseil d’administration de l'ordre des Médecins, explique: « Nous allons discuter vendredi prochain à l'ordre des moyens de protéger les médecins. Nous voulons un projet de loi qui protège les médecins durant l’exercice de leur métier ». Il ajoute que très souvent, les médecins sont agressés par des patients mécontents des mauvaises conditions dans les hôpitaux, ce qui n’est pas la responsabilité des médecins.
Un responsable du ministère de l’Intérieur ayant requis l’anonymat minimise la portée de l’incident. « Cet incident aurait pu se produire dans n’importe quel secteur, et il ne faut pas chercher à lui donner une signification particulière », affirme-t-il. Mais pour Mahmoud Qatari, ancien officier de police, il s’agit certes d’un incident, mais celui-ci est très révélateur. « Les agents de police se sentent renforcés depuis quelques années. Ils ont fait beaucoup de problèmes récemment. L’ancien ministre de l’Intérieur, Mahmoud Wagdi, avait présenté au Conseil militaire en 2012 une loi qui leur permet de ne pas être jugés devant la justice militaire. Le but était de calmer les protestations qu’ils ont organisées après la révolution. Cela les a mis en position de force, à tel point que certains officiers avaient peur d’eux, car ils n’ont pas de véritables moyens de les punir », conclut Qatari.
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