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Investissements saoudiens au Soudan et alerte écologique

Najat Belhatem, Jeudi, 21 janvier 2016

Au Soudan, les investissements saoudiens dans le secteur agricole ont sensiblement augmenté en 2015, tandis qu'à Qalioubiya dans le delta les habitants manifestent contre la construction d'une usine d'engrais chimiques hautement polluante.

« L’Arabie saoudite a augmenté ses investissements agricoles au Soudan de 7 % en 2013 à 50 % en 2015. Elle a aussi encouragé les investisseurs saoudiens à injecter davantage d’investissements dans ce pays en parallèle avec la participation soudanaise dans les actions militaires contre les Houthis au Yémen. Or, cela a commencé à susciter l’inquiétude du Caire. Des rapports ont été envoyés par les ministères des Ressources hydriques et de l’Agriculture à la présidence où il est mentionné que les investissements saoudiens comprennent notamment la construction de barrages. Ce qui peut nuire au quota de l’Egypte ». C’est l’idée principale d’un long article sur le site Al-Monitor qui publie plusieurs articles et études chaque semaine sur toute la région du Moyen-Orient. L’article revient sur les 4 accords signés entre l’Arabie saoudite et le Soudan en novembre 2015 d’une valeur de plus de 2 milliards de dollars pour la construction de barrages sur le Nil dans le nord du pays et la bonification d’un million de feddans (1 feddan=0,42 ha) sur les rives du fleuve. « Les experts égyptiens considèrent que cette expansion agricole au Soudan est un désastre pour l’Egypte. L’ex-ministre des Ressources hydriques, Mohamad Nasreddine Allam, a déclaré à Al-Monitor que les autorités égyptiennes doivent lancer au plus vite des discussions avec le Soudan en ajoutant que le plan d’investissement dans le secteur agricole au Soudan en vigueur actuellement auquel participent l’Arabie saoudite, les Emirats, le Koweït, en plus de l’Iran et de la Turquie requiert beaucoup plus que le quota en eau du Nil du Soudan ».

Un autre expert a noté que la bonification de 10 000 feddans au Soudan, en usant des eaux du Nil, veut dire la désertification de 7 000 feddans en Egypte. Ce dossier épineux vient se greffer à celui du barrage de l’Ethiopie qui constitue déjà un vrai casse-tête pour la diplomatie égyptienne. Cette dernière devra également faire face à un autre dossier annexe si l’on en croit le site Mada Masr, qui a publié un article sur la réouverture par le Soudan du dossier de Halayeb et Chalatine aux frontières entre les deux pays. « Le ministre soudanais des Affaires étrangères a déclaré, au début de ce mois, que Halayeb et Chalatine étaient une terre soudanaise, et ce en présence du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui a rétorqué que ces questions sont formelles et n’altèrent en rien les relations entre les deux pays. Cette déclaration est une sorte de calmant temporaire à un problème soulevé depuis des années et qui revient sur la scène à chaque tension entre les deux pays. Le président soudanais Omar Al-Béchir a réitéré dans un entretien avec la chaîne Al-Arabiya (financée par l’Arabie saoudite, ndlr) en décembre dernier que son pays allait introduire la question devant l’Onu suite à la tenue de législatives égyptiennes dans le triangle de Halayeb et de Chalatine. Ce triangle se situe dans le coin sud-est du territoire égyptien et s’étend sur 20 000 km2 ».

Dans le quotidien Al-Masry Al-Youm nous apprenons que les habitants de la localité de Mostorod, dans le gouvernorat de Qalioubiya (Delta), sont en guerre contre la société Agrium pour la fabrication d’engrais qui a l’intention de construire une usine de produits chimiques : « Les habitants ont manifesté devant le site refusant l’installation de l’usine qui, selon un rapport de l’Université de Aïn-Chams, est extrêmement polluante. Ils ont signé une pétition où ils disent que cette usine a été refusée par plusieurs pays africains pauvres parce qu’elle est nuisible à l’être humain, aux animaux et à la nature. Les habitants ont découvert que la société a promis aux responsables de la localité des postes de travail pour leurs enfants si l’usine était construite ».

Dans le quotidien Al-Shorouk, une information sur un dossier qui fait du bruit, à savoir les disparitions forcées. Les familles des disparus accusent les services de l’ordre d’en être à l’origine. « Le général Abou-Bakr, adjoint du ministre de l’Intérieur pour les relations publiques, a déclaré que le ministère déploie ses efforts pour rechercher les disparus sur le territoire national. Parmi une liste de 119 plaintes pour disparition que le ministère a reçue de la part du Conseil national des droits de l’homme. Le général a ajouté que le ministère a enquêté sur ces plaintes ; il a envoyé une missive au conseil sur le sort de 118 personnes dont 15 sont en détention et en voie d’être relâchées, 99 sont accusées dans différentes affaires et incarcérées dans plusieurs prisons et 3 se sont évadées ».

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