Le parti libéral des Egyptiens libres a élu jeudi Essam Khalil comme président. Né en 1948 et membre fondateur du parti créé après la révolution du 25 janvier 2011 par l’homme d’affaires Naguib Sawirès, Khalil est professeur de génie mécanique à l’Université du Caire. Il avait été nommé président par intérim du parti après la démission de l’ancien président, Ahmad Saïd, en 2014. Sous sa présidence, le parti a remporté 65 sièges aux dernières élections parlementaires, faisant des Egyptiens libres le premier parti politique représenté au parlement. Khalil est à présent confronté à un grand défi, à savoir maintenir la cohérence du parti et resserrer les rangs de ses députés au sein du futur parlement.
En effet, des divisions ont commencé à apparaître après les récentes élections législatives. Le mois dernier, le parti avait suspendu l’une de ses députés, May Mahmoud, après sa décision de rejoindre la coalition Daam Misr, une plateforme pro-Sissi de 400 députés formée par le député et ancien officier des renseignements, Sameh Seif Al-Yazal. Le parti avait interdit à ses membres de rejoindre cette coalition. May Mahmoud fait l’objet d’une enquête interne. La coalition avait été annoncée peu de temps après les élections législatives, lorsque Seif Al-Yazal, coordinateur de la liste Fi hob Misr, a appelé les députés des trois partis politiques vainqueurs des élections (les Egyptiens libres, Mostaqbal Watan et le Néo-Wafd) à rejoindre cette plateforme et à renoncer à leur affiliation politique. Le parti des Egyptiens libres a annoncé qu’il ne ferait pas partie de cette coalition. Un autre député, Emad Gad, vice-président des Egyptiens libres, a présenté sa démission à la direction du parti fin décembre afin de pouvoir rejoindre Daam Misr, mais le parti n’a pas encore donné suite à celle-ci. Le secrétaire du bureau politique, Ossama Al-Ghazali Harb, a présenté lui aussi sa démission dénonçant la « mainmise » sur le parti de son fondateur, Naguib Sawirès. « Certains députés et membres des Egyptiens libres veulent rejoindre la coalition parlementaire pro-Sissi car ils peuvent ainsi obtenir des services fournis par l’Etat dans leurs circonscriptions ce qui leur garantirait le succès aux prochaines échéances électorales », analyse Amr Hachem Rabie, vice-président du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Le parti a réussi à attirer des hommes d’affaires de l’ère Moubarak pour disputer les législatives. Ces derniers disposaient de moyens et de connexions qui les ont aidés à remporter les élections. « Je pense que Essam Khalil réussira dans sa gestion du parti », affirme Mahmoud Al-Alayli, secrétaire des comités. Et d’ajouter : « Khalil a réussi en tant que président par intérim. C’est lui qui a choisi les candidats aux élections législatives, et le parti a pu remporter 65 sièges. Il a de bonnes relations avec tous les députés, et il a la capacité de diriger le groupe parlementaire du parti de manière à attirer d’autres députés qui adoptent les politiques du parti ». Al-Alayli refuse de parler de « conflits internes » : « Certains membres du parti ne respectent pas les décisions du comité suprême et ils ont la liberté de quitter le parti s’ils le veulent. Cette situation existe dans tous les partis. Tous les membres du parti doivent respecter les décisions de la majorité », dit-il.
Pour Yousri Al-Azabawi, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, les conflits sont « inévitables », car les membres du parti cherchent leurs intérêts. « Ceux-ci restent toutefois dans des proportions limitées », conclut Al-Azabawi.
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