Tout commence lorsque le journaliste et animateur, Ahmad Moussa, présente sur la chaîne Sada Al-Balad des images montrant le réalisateur Khaled Youssef dans une situation « compromettante » en compagnie d’une femme dont le visage est flouté. « Je ne veux pas accuser Khaled de quoi que ce soit, je ne fais que montrer ce qui est en ma possession », a dit Moussa, qui a demandé au procureur général d’enquêter sur la question.
Khaled Youssef est accusé d’avoir harcelé sexuellement la femme en question. « Il doit dire si oui ou non les faits qui lui sont reprochés sont réels », a dit Moussa.
Khaled Youssef a immédiatement réagi aux propos de Moussa en affirmant que ces allégations visaient à ternir son image. « Je n’ai jamais harcelé une femme », dit-il.
L’affaire soulève un vif débat sur les réseaux sociaux et dans les médias d’autant que ce n’est pas la première fois qu’Ahmad Moussa est sous le feu des projecteurs pour avoir enfreint l’éthique professionnelle. Il avait été critiqué en octobre dernier après avoir diffusé des images d’un jeu vidéo, affirmant qu’il s’agissait de frappes aériennes russes en Syrie. En mars dernier, le journaliste avait été condamné à deux ans de prison pour diffamation à l’égard du politicien Ossama Al-Ghazali Harb, qu’il accusait de « conspiration contre le peuple ».
Le syndicat des Professions cinématographiques s’est dit « indigné » de la conduite d’Ahmad Moussa. Et le syndicat des Journalistes a décidé d’ouvrir une enquête à son sujet.
Bien que Moussa ait présenté ses excuses à Khaled Youssef sur la même chaîne, le débat sur l’éthique professionnelle dans les médias s’est installé. « Ahmad Moussa a manqué de respect à Khaled Youssef. On n’attaque pas une personne dans son honneur de cette manière. C’est une atteinte à la vie privée, surtout que le réalisateur ne fait l’objet d’aucun verdict pénal », affirme le journaliste Salah Eissa, secrétaire général du Conseil suprême de la presse. Si les images montrées par Ahmad Moussa se révèlent être montées de toutes pièces, le journaliste encourt le double de la peine prévue par la loi. Il faut prendre les mesures légales contre Ahmad Moussa ». L’absence de lois strictes pour protéger la vie privée est montrée du doigt. « Nous avons besoin de réorganiser le champ médiatique en Egypte. Les codes de déontologie existent mais personne ne les respecte. Et les procédures judiciaires sont très longues et pénibles. Il faut des mécanismes qui garantissent l’application de ces codes de déontologie », ajoute Eissa.
L’affaire rappelle la présentatrice du programme Sabaya Al-Kheir, Riham Saïd, qui avait diffusé des images en maillot de bain d’une femme qui avait été victime de harcèlement, affirmant avoir reçu les photos sur WhatsApp, alors que la victime a soutenu que l’équipe de production du programme lui avait volé son téléphone personnel. Riham Saïd avait soulevé un tollé après avoir laissé entendre que la tenue de la victime était l’une des raisons du harcèlement. Une campagne avait alors été menée sur les réseaux sociaux contre la présentatrice qui a été suspendue un mois, avant de revenir à l’écran.
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