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De la bataille des spermes à celle du parti Al-Nour

Najet Belhatem, Mardi, 08 décembre 2015

La bataille de la limitation des naissances en Egypte n’est pas gagnée avec la population qui vient d'atteindre les 90 millions. Et celle des prisonniers palestiniens, qui font passer leurs spermes et enfanter malgré l’incarcération, continue .

La population égyptienne a atteint les 90 millions de personnes dimanche dernier. « Le général Abou-Bakr Al-Guindi, président de l’Organisme central de la mobilisation et des statistiques (CAPMAS), a déclaré que le taux de croissance démographique a atteint 2,55 % en 2014, ce qui est cinq fois plus que le taux enregistré dans les pays développés, et environ le double du taux dans les pays en voie de développement. Il a également noté que ce taux est le plus important et le plus dangereux défi de la société », lit-on dans le quotidien Al-Ahram. « Le gouvernorat du Caire est le plus peuplé avec 9,5 millions d’habitants, à savoir 10,6 % de la population, suivi de celui de Guiza avec 7,8 millions d’habitants, 8,6 % de la population. C’est le gouvernorat du Sud du Sinaï qui est le moins peuplé, avec seulement 230 000 habitants, soit 0,2 % du total de la population ». Le Caire est aussi en tête de liste en matière de densité de la population avec 49 984 individus/km2 et le Sud du Sinaï en bas de liste avec 10,3 individus/km2. Selon Al-Guindi, repris également par le quotidien Al-Watan, « la superficie habitée sur tout le territoire est de 7,7 % seulement ».

Sous d’autres cieux, la natalité est un moyen de lutte. On le savait déjà, mais le site d’information en ligne a publié cette semaine un long reportage sur les Palestiniens prisonniers dans les geôles israéliennes qui arrivent quand même à enfanter et fonder des familles. « L’idée de faire passer les spermatozoïdes des prisonniers palestiniens a vu le jour en 2000. A l’époque, une lettre a filtré des prisons pour demander l’avis religieux à ce sujet. Les prisonniers ont obtenu l’aval des oulémas, dont Youssef Al-Qaradawi, pour procréer en usant de spermes qui passent au travers des prisons. Le premier cas a été celui du prisonnier palestinien Amar Al-Zein de la Cisjordanie, qui a envoyé des spermatozoïdes à son épouse en 2012, et cela s’est soldé par la naissance d’un petit garçon Mohaned. A Gaza, le procédé a donné lieu à six naissances ». Selon le reportage, le prisonnier Ahmad Al-Sokani de Gaza et son épouse Chérine Al-Attal sont le dernier cas en date. Al-Sokani a été arrêté il y a 13 ans et condamné à 27 ans de prison : « Il a laissé derrière lui sa femme et son fils qui est décédé il y a deux ans dans un accident de voiture. Sa femme nous a déclaré : Avant cela, je n’ai pas pensé à user du procédé des spermatozoïdes passés en cachette, parce que rien ne remplace le vide laissé par le père. Mais après le décès de mon fils, j’ai accepté et j’ai suivi trois étapes de préparation et j’ai accouché de jumeaux ! ». Interviewé par le journaliste, Saber Abou-Kerch, un responsable au ministère palestinien des Prisonniers à Gaza, a déclaré que « faire passer les spermatozoïdes est une grande révolution humaine que mènent les prisonniers contre l’oppression coloniale ». Et d’ajouter : « Les Israéliens ont réagi en usant de procédés racistes à l’égard des enfants de prisonniers nés de la sorte en leur interdisant de rendre visite au père et en ne les reconnaissant pas ». Il a ajouté que l’administration pénitentiaire israélienne n’a pas réussi à découvrir comment se faisait ce transfert des spermes des prisons vers l’extérieur. Entre-temps, la bataille de vie des prisonniers palestiniens continue. En parlant de bataille de vie, le parti salafiste égyptien Al-Nour, qui a perdu les élections législatives malgré ses grands efforts à mettre de l’eau dans son vin en matière de femmes ou de soutien inconditionnel du pouvoir en place, est en train de réaliser qu’il a couru à sa perte. Dans un article paru sur le site en ligne du journal Al-Badil, on apprend que ses chefs sont en train de s’attaquer au régime : « Le parti se place en l’attaque alors qu’il n’a jamais adopté cette posture avant. Le président de la commission médiatique du parti, Ahmad Anouz, a déclaré que l’Egypte souffrait de corruption, de terrorisme et d’une économie en ruine. Les élections y sont falsifiées. Un autre responsable d’Al-Nour a également déclaré que l’Egypte est peut-être au seuil d’une révolution si la situation continue à se détériorer ». Et c’est ainsi, en tentant depuis trois ans de ménager le chou et la chèvre, que le parti Al-Nour a perdu tous les deux !.

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