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Du fouet à la protestation

Najet Belhatem, Lundi, 26 octobre 2015

Cas de violence contre des écoliers. Des lobbies ou des contestations qui font annuler des lois. Et enfin, une reprise des protestations corporatistes. C’est le focus de la semaine.

Trois articles alarmants en une semaine. Le premier paru dans Al-Ahram Gate en arabe où l’on apprend qu’un enseignant dans une école du quartier de Bassatine au Caire a puni un élève de quatrième année primaire par flagellation. 40 coups de fouet ! Rien que ça ! « Le professeur a été suspendu. Le communiqué du ministère de l’Education a déclaré que le professeur a fouetté l’élève parce qu’il a bavardé avec un autre pendant le cours. La flagellation lui a causé plusieurs blessures sur tout le corps ».

Dans le gouvernorat de Gharbiya, un autre professeur a été suspendu et mis en examen suite à des agressions contre une élève, lui causant plusieurs blessures ayant nécessité 63 points de suture. « L’inspectrice de l’éducation à Gharbiya a déclaré avoir lancé une campagne en collaboration avec le syndicat des Enseignants pour mettre à pied tout enseignant auteur d’un acte de violence », rapporte Al-Ahram. ONews Agency rapporte une autre affaire où un élève a été tué et quatre autres blessés suite à l’effondrement d’un plafond lors d’un cours particulier au domicile d’un enseignant dans le gouvernorat de Qalioubiya.

La même agence a publié un article sur les décisions du gouvernement dont il s’est rétracté dernièrement. D’abord, celle des 10 points pour la présence des élèves en classe de baccalauréat qui visait à lutter contre l’absentéisme. Manifestations et campagnes sur le Web et ailleurs. Le gouvernement a fait marche arrière. La deuxième annulation est celle du ministre de l’Agriculture datant du 4 juillet dernier et approuvée par le Conseil des ministres concernant l’interdiction d’importer du coton pour protéger la production locale. Le 15 juillet, le même conseil l’annule. La troisième intervient suite à un verdict de la Cour administrative sur la décision d’appliquer le salaire maximum pour les fonctionnaires des banques suite à une action en justice entamée par les employés de deux banques égyptiennes sur la base du fait que la loi garantit aux banques le droit de gérer leurs affaires.

La quatrième annulation est celle de la décision sur la taxe de 10 % sur les transactions boursières, prise par le président de la République en juin 2014 dans le but de réaliser une certaine équité dans les impositions fiscales. Mais cela a mené au ralentissement de l’activité boursière : « 10 mois après cette loi, la Bourse a perdu 70 milliards de L.E. à cause de la sortie du marché boursier de plusieurs investisseurs. Et le gouvernement a dû, le 18 mai dernier, annuler la décision ». La dernière concerne la décision d’interdire l’exportation de riz pendant un an prise en août dernier : « La décision a soulevé un tollé dans les cercles de l’export-import et même chez les producteurs qui ont appelé à une manifestation. La décision a causé aux agriculteurs une perte de 30 milliards de L.E. Et le gouvernement s’est rétracté ».

Le gouvernement semble marcher sur des oeufs de peur de provoquer des contestations sociales ou corporatistes. Or, celles-ci, après un calme relatif, ont repris, même si elles sont mises en sourdine par les médias. Al-Watan a publié un article sur un rapport de la Banque mondiale paru en octobre 2015 et intitulé « Inégalités, soulèvements et conflits dans le monde arabe ». « La Banque mondiale a mis en garde contre un soulèvement semblable à ceux du Printemps arabe. L’auteure du rapport, Elena Lanchovichina, a souligné que beaucoup de causes provoquant la désolation des citoyens avant le Printemps arabe sont toujours en vigueur. Le secrétaire du partenariat égypto-européen au ministère de la Coopération internationale, Gamal Bayoumi, a minimisé ces prévisions, alors que le chercheur Ammar Ali Hassan a rétorqué qu’il faut les prendre en considération d’autant plus que le rapport a également mis en garde contre le manque de capitaux étrangers, alors que l’Egypte a besoin d’investissements de l’ordre de 30 à 35 milliards de dollars ». Al-Watan fait ensuite le tour des protestations en cours. « Les protestations des ouvriers du textile de Mahalla se poursuivent à cause du non-paiement de la prime des 10 %. Alors que les ouvriers du textile à Alexandrie et dans plusieurs gouvernorats ont lancé une campagne intitulée : Sauvez l’industrie du textile ».

La grogne monte aussi chez les employés du métro à cause de la même prime. Les fonctionnaires des Waqfs continuent leur grève pour réclamer l’application du salaire minimum. Les titulaires de magistère et de doctorat ont annoncé un sit-in au syndicat des Journalistes pour réclamer leur recrutement. Alors que les Chambres de commerce dans les gouvernorats ont annoncé une augmentation des prix des denrées alimentaires allant de 5 à 10 %. Enfin, l’Egypte tiendra les 14 et 15 novembre prochain à Louqsor une conférence internationale sur la réforme du discours religieux. Dossier à suivre.

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