Après 2 ans d'efforts déployés, l'Egypte acquiert une place au sein de l'Onu.
« L’Egypte continuera à suivre une politique conforme à la Charte des Nations-Unies et à ses objectifs ». C’est ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, lors d’une conférence de presse à New York à l’issue de l’élection de l’Egypte comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu pour 2016/2017. «
L’Egypte a toujours adopté des politiques qui reposent sur la justice et l’égalité », a ajouté le chef de la diplomatie. L’Egypte a obtenu 179 des 193 voix des Etats membres de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Quatre autres pays ont été également élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans. Il s’agit du Sénégal, de l’Uruguay, de l’Ukraine et du Japon. Ces cinq pays remplacent la Jordanie, le Tchad, le Nigeria, la Lituanie et le Chili. Le Conseil de sécurité compte 15 membres, dont cinq permanents (Etats-Unis, France, Russie, Chine, Royaume-Uni) qui ont seuls le droit de veto. Cinq nouveaux membres non permanents sont élus chaque année par l’Assemblée générale de l’Onu suivant un système de rotation. Ils prennent leurs sièges le 1er janvier pour un mandat de 2 ans. Les autres membres non permanents sont l’Angola, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et le Venezuela. En théorie, chaque voix compte au Conseil, mais ce sont le plus souvent les cinq membres permanents qui forcent la décision. Les résolutions délicates sont ainsi pré-négociées entre eux, au grand dam des non permanents. C’est la cinquième fois que l’Egypte obtient ce siège, la dernière étant en 1997. Selon Moustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, ce siège a surtout une valeur symbolique. «
Cela signifie que l’Egypte a la faveur des 5 membres permanents du Conseil qui ont le droit de veto », explique Al-Sayed. Sameh Rached, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’
Al-Ahram, explique qu’avec ce vote, l’Egypte retrouve sa légitimité sur le plan international, car beaucoup de pays lui avaient tourné le dos après la révolution du 30 juin. «
Le nombre de voix obtenues par l’Egypte est un indice important qui montre que Le Caire est en passe de retrouver son poids sur la scène internationale », affirme Rached.
Deux ans d’efforts
Le siège est le résultat de deux ans d’efforts diplomatiques intenses fournis par l’Egypte en vue de garantir le soutien des pays africains. « L’Egypte déploie depuis deux ans des efforts intenses pour améliorer ses relations avec les pays africains. On l’a vu notamment au sommet africain d’Addis-Abeba auquel le président Sissi a participé », souligne Rached. Depuis un an, le chef de la diplomatie multiplie les déplacements au siège de l’Onu à New York. Il a tenu notamment plusieurs réunions avec de hauts responsables de l’organisation et avec les ministres des Affaires étrangères de nombreux pays africains, européens, asiatiques et latino-américains pour renforcer le soutien à l’adhésion de l’Egypte au Conseil de sécurité. En outre, l’Egypte a invité les représentants permanents des Etats membres de l’Onu au forum d’Al-Alamein tenu en août dernier pour leur exposer les objectifs que l’Egypte cherchera à réaliser en tant que membre du Conseil.
Un agenda surchargé
L’adhésion de l’Egypte au Conseil se fait au moment où la région du Proche-Orient est sujette à des troubles avec des conflits en Syrie, au Yémen, en Libye et entre Israël et les Palestiniens. « L’Egypte entend participer de manière positive aux efforts visant à résoudre ces conflits », a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères. Il a réitéré en particulier le soutien du Caire à la médiation de l’émissaire de l’Onu, Bernardino Leon, en Libye, appelant à « appliquer dès que possible » l’accord proposé par M. Leon aux factions libyennes.
Mais pour les spécialistes, il ne faut pas s’attendre à ce que l’Egypte puisse imposer des sujets sur l’agenda du Conseil sans coordination avec les cinq membres permanents. « Le poids politique de l’Egypte reste inférieur aux autres pays au sein du Conseil, surtout les cinq membres permanents. Même si Le Caire réussit à proposer certains sujets sur l’agenda du Conseil, cela ne veut pas dire forcément que sa voix influencera le vote. En outre, le Conseil évitera de prendre des décisions importantes ou graves dans la période à venir vu les relations tendues entre les Etats-Unis et la Russie à l’heure actuelle », conclut Moustapha Kamel Al-Sayed.
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