Dans Al-Masry Al-Youm, le journaliste Amr Al-Garhi revient dans son éditorial sur l’accident qui a coûté la vie à des centaines de pèlerins lors d’une bousculade à La Mecque et sur la crise qui s’en est suivie entre l’Arabie saoudite et l’Iran. « En 1943, l’Arabie saoudite a condamné un pèlerin iranien à mort qui était accusé d’avoir jeté des ordures sur la Kaaba et insulté le prophète et ses compagnons. L’Iran n’a pas accepté de voir un de ses citoyens traité de la sorte. Suite à cela, les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs et ont rompu leurs relations jusqu’en 1944 grâce à une médiation arabe ». Cette introduction de l’auteur est un prélude pour expliquer que la crise actuelle n’est en fait qu’une crise politique qui se cache derrière la religion.
« En 1952, après l’éviction de la royauté en Egypte, l’Arabie saoudite et l’Iran, poussés par la crainte de voir la tendance se répandre, se sont rapprochés. Les deux royautés sont devenues alliées. Les relations entre les deux pays sont passées par des hauts et des bas durant les années qui ont suivi, et les positions ont été plus tranchées suite au conflit au Yémen où la présence égyptienne dans le sud était une menace pour le royaume pétrolier qui craignait de voir Nasser l’envahir. Cela a poussé l’Iran à envoyer des troupes aux frontières sud de l’Arabie pour la défendre ».
Pour l’auteur, la réaction iranienne à la mort de pèlerins iraniens dans la bousculade ne peut donc être lue qu’à la lumière des conflits politiques entre les deux pays. Il ajoute que le facteur confessionnel basé sur l’antagonisme chiite-sunnite ne peut à lui seul servir de moyen de compréhension de la situation. « Car la politique a poussé les deux parties parfois à dépasser leurs différends théologiques. Nous l’avons constaté lorsque l’Arabie saoudite a soutenu l’imam chiite, Mohamad Al-Badr Hamid, au Yémen durant sa guerre contre Nasser là-bas. Il est à remarquer que l’Arabie saoudite combat aujourd’hui les chiites au Yémen sous couvert de la religion et des différends entre confessions, alors qu’elle soutenait leur imam face à Nasser à l’époque ».
Que cachent les coupures d’eau ?
Dans le quotidien Al-Ahram, l’écrivaine Sékina Fouad consacre un long éditorial à la question de la pénurie en eau que vivent plusieurs régions et quartiers en Egypte. « La soif menace-t-elle l’Egypte ? », se demande-t-elle. « Beaucoup de gouvernorats d’Egypte dans le nord et le sud souffrent de la soif, pas seulement les êtres humains, mais également la terre et les animaux. Alors que les déclarations des responsables face à cette situation n’apportent aucune explication, voire elles sont l’illustration d’un déni total du citoyen … Cette crise de l’eau a également dévoilé un état d’anarchie totale et l’absence des instances de l’Etat qui ont laissé les quartiers anarchiques se déployer, alors que c’est l’une des raisons qui font que les stations de pompage n’arrivent plus à répondre à la demande en eau. Malgré la non-transparence, des informations ont tout de même été révélées sur la baisse du niveau des eaux du Nil de 90 centimètres durant la semaine dernière. Aucun responsable n’a expliqué les raisons de cette baisse. Mais la crise a surtout révélé que la soif avance à grands pas vers l’Egypte. Si on ne peut accepter que des citoyens coupent les routes pour protester contre le manque d’eau, on ne peut pas non plus accepter les coupures d’eau ».
Le site d’information Sada Al-Balad publie, quant à lui, un reportage où un responsable du ministère des Ressources hydriques déclare que ce qui vient est d’une grande dangerosité et que le barrage de la Renaissance en Ethiopie affectera gravement l’agriculture en Egypte en causant la perte de 5 millions de feddans : « Pourquoi le ministre et les institutions chargées des ressources hydrauliques ne nous expliquent pas quels sont les plans pour faire face à cette situation de crise ? », se demande-t-il avant d’ajouter que « la Banque mondiale a classé l’Egypte, dès les années 1990, parmi les pays pauvres en eau. Qu’ont fait les responsables dans les ministères et autres depuis ? Et si la baisse du niveau du Nil de 90 centimètres est responsable du manque d’eau dans les stations de pompage comme il a été dit, au point où dans la station d’Imbaba au Caire il n’y avait pas une goutte d’eau, cela veut-il dire que les piscines et les terrains de golf vont-ils également souffrir du manque d’eau ? ».
Côté polémique religieuse, dont en général la femme est le pivot, on notera celle concernant des photos qui ont circulé sur Facebook où des femmes sont vues en train de prier à côté des hommes et non dans les rangs derrière. Le site d’information Al-Mansoura News rapporte : « Le docteur Mokhtar Mansour, doyen de la faculté de religion à Al-Azhar, a déclaré que la prière des hommes à côté des femmes telle que vue sur les photos est illicite car les rangs doivent s’organiser en rangs pour les hommes puis rangs d’enfants et derrière, rangs des femmes. Le docteur a ajouté que, selon certaines fatwas, si la femme prie à côté de l’homme cela rend caduque la prière de trois hommes : celui qui se trouve à sa gauche, celui à sa droite et celui derrière elle ». Quel pouvoir de destruction que celui de la femme selon cette fatwa !
Heureusement que le docteur Magdi Achour, le conseiller académique du mufti de la République, a déclaré selon le quotidien Al-Tahrir que « la tradition veut que la femme prie derrière l’homme pour préserver sa dignité mais la majorité des oulémas se sont accordés à dire que, si les hommes prient à côté des femmes, la prière est correcte ».
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