Dans son allocution prononcée lundi devant l’Assemblée générale de l’Onu, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a évoqué le danger terroriste et la cause palestinienne. Le chef de l’Etat a commencé son discours en parlant du Nouveau Canal de Suez. « Le Nouveau Canal est un projet économique colossal, mais surtout un exemple concert sur la force de l’espoir lorsqu’il s’associe au travail en vue d’un avenir plus prospère (...).
L’Egypte tend sa main à ses voisins en Afrique, en Asie et en Méditerranée pour surmonter les défis du présent et pouvoir aller vers un avenir plus prospère », a déclaré le président. Mais c’est surtout la question du terrorisme qui a occupé une bonne partie du discours présidentiel. « Nous sommes d’avis en Egypte que le Moyen-Orient, et le monde en général, sont confrontés à un grave danger et ont un besoin crucial d’un modèle qui puisse présenter à nos jeunes de nouvelles perspectives, à même de leur assurer un avenir meilleur », a déclaré le président. Et pour faire face à ce danger, le chef de l’Etat a proposé une nouvelle stratégie, basée sur la mobilisation des jeunes afin d’éviter qu’ils basculent dans le terrorisme. Dans ce contexte, il a annoncé que l’Egypte s’apprête à lancer, en coordination avec les Nations-Unies, une initiative intitulée : « Espoir et travail » en vue de faire travailler les jeunes.
« L’Egypte tend la main (aux autres pays) afin de mettre en déroute l’extrémisme et les idées qu’il répand, et ce à travers une action proactive, plutôt que par la seule résistance. Les efforts en matière de lutte contre le terrorisme ont jusqu’ici reposé uniquement sur une réaction défensive, axée sur la préservation du présent », a-t-il expliqué. Or, « en parallèle avec ces efforts louables, nous devons trouver le moyen de canaliser l’énergie productive de notre jeunesse en l’éloignant des extrémistes et de leurs fausses idées, et de la diriger vers l’édification de son propre avenir ».
Cette minorité extrémiste cherche, selon le président, à intimider et à exclure tout opposant à ses idées. « Cela me touche profondément de voir les musulmans victimes de discrimination et de préjugés dans le monde, pour le simple fait qu’ils appartiennent à l’islam (...). Je me demande combien de victimes doivent tomber pour que le monde réalise que musulmans et non musulmans sont confrontés au même ennemi et au même danger ? Combien de citoyens dans les pays qui souffrent de terrorisme doivent tomber encore pour que la communauté internationale comprenne que ce fléau contre lequel l’Egypte se bat en première ligne nécessite une solidarité internationale pour l’éradiquer ? », s’est demandé Sissi, sous une pluie d’applaudissements. Il a ensuite donné l’exemple de la Libye tombée en proie au terrorisme, rappelant le massacre des Egyptiens morts dans ce pays.
« Cet acte qui contredit les principes de l’islam et de l’humanité est la conséquence d’un relâchement face au terrorisme », a affirmé Sissi. Il a appelé la communauté internationale à redoubler les efforts en vue de reconstruire la Libye sur la base de l’accord de Sokhirat. « Ceci doit être fait le plus tôt possible afin de permettre à la Libye de se défaire de la menace terroriste avant que celle-ci ne puisse établir sur son sol une base à partir de laquelle elle prendrait pour cibles les voisins de la Libye et s’étendrait jusqu’aux profondeurs de l’Afrique ».
Outre la Libye, le chef de l’Etat a évoqué la Syrie, mettant en garde contre un « effondrement » de ce pays et sa tombée aux mains des terroristes. Il a aussi évoqué la situation au Yémen et en Iraq, affirmant que la situation au Moyen-Orient est « très compliquée ». « Je préviens que le fléau (le terrorisme) s’étendra à d’autres pays ». « Régler la question palestinienne par l’instauration d’un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale éliminera l’un des facteurs de l’instabilité dans la région et ouvrira la voie au développement », a appelé Sissi.
Messages forts
Selon Ayman Abdel-Wahab, chercheur au Centre des études politiques et stratégiques d’Al-Ahram, le président de la République a voulu transmettre au monde un message selon lequel l’Egypte possède une approche de lutte contre le terrorisme qui n’est pas basée uniquement sur la solution sécuritaire. En évoquant la question des réfugiés syriens en Europe, le président a voulu signifier à l’Occident que la facture du terrorisme sera payée par le monde entier. « Un appel à l’Occident d’assumer son rôle dans la guerre contre le terrorisme », affirme Abdel-Wahab. Et d’ajouter : « Si le président s’est focalisé sur les crises régionales, c’est parce qu’elles touchent directement à la sécurité nationale de l’Egypte et alimente la montée du terrorisme ». L’Egypte, qui mène une âpre guerre contre le terrorisme dans le Sinaï, s’inquiète de la montée en puissance de ce phénomène à ses frontières ouest.
Guéhad Auda, professeur de sciences politiques à l’Université de Hélouan, trouve que le discours du président a été « réaliste et équilibré » et appuie les efforts de l’Egypte en vue d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu. « Le discours traduit la nouvelle politique étrangère équilibrée de l’Egypte et ses positions modérées vis-à-vis des dossiers régionaux, de la cause palestinienne et de la paix avec Israël. Cela augmentera la confiance des pays membres de l’Onu que l’Egypte sera le meilleur représentant des pays arabes et du nord de l’Afrique », affirme Auda.
En marge de l’Assemblée générale de l’Onu, le président s’est entretenu avec le secrétaire général de l’Onu, la chancelière allemande, le président français, le président russe, le président chypriote ainsi que d’autres dirigeants asiatiques, arabes et africains. Le chef de l’Etat s’est mis d’accord avec son homologue palestinien Mahmoud Abbas sur la sécurisation des frontières entre le Sinaï et Gaza. Il a tenu à assurer que les mesures de sécurité adoptées par l’Egypte, pays à la frontière avec la bande de Gaza, ne visent pas à nuire aux Palestiniens. Le chef de l’Etat a rencontré le directeur de la Banque mondiale, de même que le directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Yukiya Amano, évoquant notamment l’établissement d’une centrale nucléaire pour la génération d’électricité l
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