Face à la hausse des températures, beaucoup d’Egyptiens ont fui les villes du Delta vers les régions côtières. (Photo: Essam Choukri)
Le bilan de la vague de chaleur qui frappe l’Egypte depuis la semaine dernière est alarmant : près d’une centaine de morts. C’est la première fois depuis 1978 que la chaleur fasse autant de victimes. Il y a eu des décès notamment au Caire, à Guiza, à Assiout, à Sohag et à Qalioubiya. La canicule s’était installée la semaine dernière sur plusieurs régions d’Egypte, où la température avait atteint 42 degrés à l’ombre accompagnée d’un taux d’humidité extrêmement élevé. Outre les morts, des centaines de personnes ont été admises dans les hôpitaux, souffrant de nausées, de maux de tête et de déshydratation. «
La plupart sont des personnes âgées, certaines souffrent de maladies chroniques comme l’hypertension, le diabète ou des maladies cardio-vasculaires. Il y a aussi beaucoup d’enfants. Beaucoup de ces personnes sont encore sous observation », a déclaré le ministre de la Santé, Adel Adawy. La vague de chaleur a même fait des victimes parmi les animaux. Ainsi, au Jardin zoologique de Guiza, un orang-outan âgé de 23 ans est mort en raison de la chaleur extrême.
Août est normalement le mois le plus chaud de l’année en Egypte, mais les températures enregistrées cette semaine sont supérieures à la moyenne saisonnière de 4 ou 5 degrés, selon les prévisions météorologiques.
Face à la hausse des températures, beaucoup d’Egyptiens ont fui les villes du Delta vers les régions côtières. D’autres ont cherché à se rafraîchir en se rendant près des cours d’eau ou en se jetant simplement dans le Nil.
La mort de 11 patients à l’hôpital psychiatrique d’Al-Khanka et de plusieurs détenus dans les prisons, en raison de la chaleur, a révélé au grand jour les failles du système de santé en Egypte, poussant le ministère à ouvrir une enquête pour déterminer les causes exactes de leur décès. L’hôpital d’A-Khanka ne possède ni climatiseurs, ni ventilateurs. Or, certains patients âgés n’ont pas supporté la chaleur et ont succombé. Dans des déclarations faites cette semaine à la presse, le directeur de l’hôpital, Moustapha Shehata, s’est défendu de toute négligence affirmant que « l’hôpital n’a pas le droit d’installer des ventilateurs, car certains patients peuvent s’en servir pour se suicider ». « En outre, nous n’avons pas de budget pour installer des climatiseurs », a ajouté le directeur de l’hôpital.
L’hôpital d’Al-Khanka n’est pas le seul. La plupart des hôpitaux publics en Egypte sont très mal équipés. Wedad Al-Gamal, médecin dans un hôpital public, affirme que le personnel médical est également mal formé pour traiter ce genre de situation. « Dans beaucoup d’hôpitaux, le personnel médical n’a pas été en mesure de traiter correctement la situation », affirme-t-elle. Un médecin ayant requis l’anonymat confirme ces propos : « Certains patients, notamment les personnes âgées et les enfants, requièrent un traitement spécial. Ils peuvent mourir s’ils ne sont pas traités correctement ».
Le ministère de la Main-d’oeuvre étudie actuellement la possibilité de donner congé aux employés de la fonction publique en raison des températures élevées, a déclaré le porte-parole du ministère, Hayssam Saadeddine.
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