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Coopération renforcée avec Riyad

May Al-Maghrabi, Mardi, 04 août 2015

Le prince héritier saoudien et ministre de la Défense a effectué une visite éclair au Caire, jeudi dernier, démentant les rumeurs sur une tension entre l'Egypte et l'Arabie saoudite.

Coopération renforcée avec Riyad
Le prince héritier et le ministre de la Défense saoudien a été reçu jeudi au Caire par le président Abdel-Fattah Al-Sissi.

Dans la « Déclaration du Caire », l’Egypte et l’Arabie saoudite se sont mises d’accord sur la nécessité de renforcer leur coopéra­tion politique, militaire et écono­mique. Ce document signé jeudi der­nier, lors de la visite au Caire du prince héritier saoudien et ministre de la Défense, le prince Mohamad bin Salman serait un message destiné à démentir les rumeurs sur une tension entre les deux pays.

Lors de sa visite éclair, le prince Mohamad bin Salman, accompagné par le chef de la diplomatie saou­dienne, Adel Al-Jubeir, a été reçu jeudi par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Le lendemain, ce dernier a reçu un appel téléphonique du roi Salman d’Arabie saoudite. Les deux dirigeants ont réaffirmé leur volonté d’oeuvrer pour le maintien de la sécu­rité de la région contre les dangers qui la menacent, selon le porte-parole de la présidence égyptienne.

Selon Mohamad Ezz Al-Arab, spé­cialiste du Golfe au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, l’Egypte et l’Arabie saoudite ont un intérêt commun à maintenir leurs relations stratégiques pour faire face aux menaces du terro­risme et aux dangers qui guettent la région. « L’Arabie saoudite s’in­quiète de la situation au Yémen à sa frontière sud et l’Egypte s’inquiète de l’avènement de groupes terroristes dans le Sinaï et à ses frontières avec la Libye. Le danger terroriste pèse donc sur les deux pays », précise le chercheur.

« Il faut reconnaître que les rap­ports entre l’Egypte et l’Arabie saou­dite ont été dernièrement marqués par un certain scepticisme. Notamment depuis l’accession au trône du roi Salman, dont la position à l’égard des Frères musulmans semble être moins rigide que celle de son prédecesseur le roi Abdallah », note Tareq Fahmi, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. Selon lui, l’accord récemment conclu entre l’Iran et les puissances occidentales a poussé l’Arabie saou­dite à se rapprocher aux acteurs sun­nites, dont la Turquie et le mouve­ment palestinien Hamas, proche des Frères musulmans.

La semaine dernière, Le Caire sem­blait s’inquiéter d’un éventuel rap­prochement entre le Hamas, allié des Frères musulmans, et l’Arabie saou­dite suite à la visite au Royaume de leader du mouvement islamiste, Khaled Mechaal. La diplomatie saou­dienne a tenu à rassurer Le Caire en minimisant l’importance de cette visite. De son côté, l’Arabie saoudite appréhende un éventuel rapproche­ment entre l’Egypte et l’Iran. Une éventualité que Le Caire n’a en revanche ni infirmée ni confirmée.

Timing significatif

Cela dit, Tareq Fahmi pense que l’importance de la « Déclaration du Caire » et de la visite du prince saou­dien réside aussi bien dans son timing que dans sa teneur. « Cette visite est également significative dans la mesure où elle a mis un terme aux craintes sur l’avenir des relations égypto-saoudiennes », estime-t-il. « La divergence de points de vue sur certains dossiers régionaux est loin d’affecter les relations solides et stra­tégiques entre les deux pays. C’est le message de la visite du prince Mohamad Salman. Le fait que celui-ci a assisté à la cérémonie de la nouvelle promotion de l’Académie militaire signifie que les deux pays sont particulièrement intéressés à renforcer leur coopération militaire pour le maintien de la sécurité régio­nale », ajoute Fahmi.

En fait, depuis la révolution du 30 juin, les relations entre l’Egypte et l’Arabie saoudite se sont consolidées et Riyad a multiplié les gestes à l’égard du Caire. Les Saoudiens ont suivi la décision égyptienne de décla­rer les Frères musulmans « mouve­ment terroriste », Riyad a surtout soutenu économiquement Le Caire avec plus de 12 milliards de dollars d’aide financière et pétrolière. L’Egypte a de son côté répondu à l’appel en participant militairement à la campagne lancée fin mars par l’Arabie contre les rebelles Houthis au Yémen, accusés d’être soutenus par l’Iran.

« La divergence entre l’Egypte et l’Arabie saoudite concerne l’identifi­cation de la menace. Alors que l’Ara­bie saoudite est plus inquiétée par l’axe chiite, l’Egypte accorde la prio­rité à la lutte contre le terrorisme islamiste », explique de son côté l’analyste politique Mohamad Al-Saïd Idriss. C’est pourquoi, selon lui, ledit rapprochement entre l’Ara­bie saoudite et les islamistes ne doit pas inquiéter l’Egypte parce qu’il n’est pas dirigé contre elle mais plutôt contre l’Iran. « En reconsidérant sa stratégie régionale, l’Arabie saoudite a reconnu l’importance de maintenir des relations solides avec l’Egypte. Bref, en dépit des divergences, Le Caire et Riyad ont intérêt à préserver leur alliance stratégique », conclut Idriss.

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