Les forces armées ont étendu leurs opérations dans le Sinaï.
(Photos : AP)
La mort de trois des principaux dirigeants de l’organisation Ansar Beit Al-Maqdes, dont le chef de son aile militaire, Kamal Allam, a laissé prévoir une halte des opérations terroristes, il n’en fut rien. Le mois de juillet aura témoigné de l’une des batailles les plus importantes ayant opposé l’armée aux éléments de l’Etat islamique dans le Sinaï. Ali Bakr, spécialiste des groupes islamistes auprès du Centre régional des recherches politiques, explique que ces organisations sont très hiérarchisée et disposent toujours d’un deuxième rang. Les sources locales et militaires s’attendent à d’autres attentats terroristes dans les semaines à venir à l’approche de la cérémonie d’inauguration du Canal de Suez, prévue le 6 août. Un expert militaire bien informé estime que l’événement est un événement important pour le gouvernement, et que les terroristes chercheront par tous les moyens à le perturber. D’autres sources avancent qu’actuellement l’ultime préoccupation de l’Etat Islamique (EI) est de se venger de l’armée qui vient de lui infliger une défaite au Sinaï.
L’EI veut affirmer qu’il est toujours capable de poursuivre les attentats que ce soit à l’intérieur ou en dehors du Sinaï. Les sources tribales partagent cet avis et s’attendent à de fortes représailles de la part de l’organisation terroriste. Sur le terrain, les opérations des forces armées se multiplient dans le cadre de la poursuite des éléments terroristes, notamment dans les localités de Cheikh Zowayed et d’Al- Arich. De nombreux suspects ont été arrêtés, alors que d’autres ont été tués dans des affrontements. « Vraisemblablement, les mesures draconiennes de sécurité persisteront après les récents attentats », dit Mohamad Sabri, un habitant d’Al- Arich. Alors que Mohamad Ibrahim de Ras Al-Abd, une localité à 80 km d’Al-Arich, affirme craindre une reprise des attentats terroristes, en dehors des zones où les éléments de l’organisation ont été jusqu’ici actifs, à savoir Rafah, Cheikh Zowayed et Al-Arich. Il souligne un attentat manqué ayant ciblé un véhicule de transport de troupes sur la route Arich-Ras Al-Abd. « Il n’en demeure pas moins que la vie des Sinawis prend son cours normal. Ils ont appris à coexister avec la peur et l’inquiétude », ajoute Ibrahim. Le général Ezz-Edine, directeur du Centre des études stratégiques des forces armées, estime que la situation dans le Sinaï justifie les mesures sécuritaires d’urgence mises en place. Il regrette l’arrêt des projets de développement au Sinaï, à cause de la violence. A défaut de ces projets, les forces armées prévoient l’installation de 13 nouvelles agglomérations, construites dans un style bédouin dans le sud d’Al-Arich, ainsi qu’à Bir Al-Abd, Al-Hasna et Al-Kasmeya, pour y reloger les habitants déplacés de Cheikh Zowayed. Le commandant de la région Est, le général Ossama Askar, a également annoncé la construction de 8 autres agglomérations au sud du canal Al-Salam. Il s’agit pour l’armée d’alléger, dans la mesure du possible, les bédouins des répercussions de la guerre contre le terrorisme. Leur coopération, notamment au niveau des renseignements, s’avère cruciale, même si elle n’est pas du tout garantie.
Un membre de la tribu Al-Tarabine reconnaît que les informateurs demandent d’être payées ou du moins de recevoir des garanties de sécurité, car toute personne qui coopère avec les appareils de sécurité encourt les représailles des terroristes. « Ceci sans parler de la difficulté d’obtenir l’information, surtout que l’organisation terroriste adopte des méthodes de recrutement très difficiles à dévoiler », ajoute-t-il. A l’échelle internationale, les récents attentats dans le Sinaï ont amené les pays occidentaux à confirmer leur soutien au régime égyptien dans sa guerre contre le terrorisme. Le président américain a souligné l’extension du champs d’action de l’Etat islamique qui a récemment frappé au Koweït et en Tunisie. Le Congrès américain a accepté la demande de l’Administration Obama de fournir à l’Egypte des systèmes de surveillance des frontières, des tours de surveillance équipées de procédés de télédétection d’une somme de 100 millions de L.E. Des Américains sont venus en Egypte dans une mission de formation à l’usage de ces équipements. De plus, deux vedettes lancetorpilles ont été remises à la marine égyptienne et seront opérationnelles dans les quelques semaines à venir, selon un communiqué de l’ambassade américaine au Caire. Des sources militaires estiment que le soutien américain s’explique par l’importance de l’Egypte dans la lutte contre le terrorisme.
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