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Marine Le Pen à Al-Azhar

Ariane Lavrilleux, Lundi, 01 juin 2015

La présidente du parti d'extrême droite français, le Front National, était en visite cette semaine en Egypte. Elle s’est entretenue, notamment, avec le premier ministre, Ibrahim Mahlab, et le cheikh d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayeb.

Marine Le Pen à Al-Azhar
La présidente du parti d'extrême droite français a rencontré le cheikh d'Al-Azhar durant sa visite en Egypte.

L’équipe de Marine Le Pen préparait ce voyage dans la plus grande discrétion depuis près de 6 mois, confie Aymeric Chauprade, le député européen qui l’accompagnait. La candidate à la présidence française a choisi de commencer sa « tournée du monde musulman » par « le seul pays de la région qui se présente comme un rempart contre l’islamisme ». Pour la leader du troisième parti politique français, l’Egypte « est une puissance-clé dans la région, avec laquelle la France doit construire un partenariat stratégique ». Lors de sa conférence de presse organisée à l’hôtel Four Seasons, dimanche soir, Marine Le Pen a estimé que l’Egypte allait avoir « un rôle essentiel dans les mois, voire les semaines à venir », en faisant référence notamment à la guerre civile libyenne. Estimant que l’Egypte « est le pays capable de stabiliser la Libye », elle a plaidé pour la levée de l’embargo. Depuis plusieurs mois, le gouvernement de Tobrouk, soutenu par l’Egypte, demande en effet à l’Onu de lui permettre d’acheter des armes pour affronter les milices qui contestent sa légitimité.

Marine Le Pen a souhaité féliciter le président Sissi pour son action à l’égard des Frères musulmans. Pour elle, l’idéologie est que « Daech » trouve ses racines dans celle de la confrérie. En phase avec les choix « éminemment courageux du président Sissi pour lutter contre l’extrémisme religieux », elle a également assuré sentir « une convergence forte » avec les positions d’Al-Azhar, plus haute autorité de l’islam sunnite. Après cette rencontre, fermée aux journalistes, le cheikh Ahmad Al-Tayeb a souhaité, lui, prendre ses distances avec Marine Le Pen. Dans un communiqué, le Grand Imam lui demande de « revoir et corriger ses opinions à l’égard de l’islam et des musulmans et de prendre en compte le racisme dont sont victimes une partie des musulmans en Europe ». Marine Le Pen, qui avait déclaré à New York Times que « le terrorime islamiste est un cancer de l’islam », a cependant eu le privilège de visiter l’observatoire de l’extrémisme islamiste, un bâtiment au sein de l’institution d’Al-Azhar, qui n’a pas été encore inauguré. Elle espère reprendre à l’avenir une coopération avec l’autorité sunnite. Le cheikh d’Al-Azhar n’est pas le seul responsable religieux à avoir accepté de rencontrer Marine Le Pen. Le pape Tawadros II, lui, a également offert une croix copte, comme le montre une photo du compte Twitter de la dirigeante frontiste.

« Frappée par la francophonie et francophilie du premier ministre égyptien », elle n’a pas manqué de rappeler qu’elle avait aussi des racines égyptiennes. Son arrière-grand-mère suisse avait, en effet, vécu en Egypte, « à Assiout » précise-t-elle. Lors de sa conférence de presse, Marine Le Pen a fustigé « les musulmans qui priaient ostensiblement dans les rues de Paris » et loué l’Egypte qui ne tolérerait pas, selon elle, « ce genre de débordements ». Sa promenade touristique au souk de Khan Al-Khalili ne lui aura, semble-t-il, pas permis de découvrir que les prières du vendredi ont en général lieu autant dans les rues que dans les mosquées du Caire.

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