L’Egypte est l’un des pays les plus touchés par le virus de la grippe aviaire H5N1. Dans son dernier rapport, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) affirme que l’Egypte a «
enregistré le plus grand nombre d’infections grippales humaines (H5N1), jamais enregistré dans un pays pour une période de 6 mois ». 166 cas de grippe aviaire, dont 48 fatals, ont ainsi été diagnostiqués en Egypte, entre octobre 2014 et mars 2015. Un taux alarmant qui soulève un certain nombre de questions. S’agissait-il d’une hausse saisonnière due à l’hiver ? Et surtout est-ce le résultat d’un manque de vigilance de la part des autorités ? «
Non », répond Maha Al-Khazindar, professeur à la faculté des sciences à l’Université du Caire. «
La propagation du virus H5N1 n’a rien à voir avec la baisse des températures en hiver », affirme-t-elle, en soulignant que la raison de cette progression de la grippe aviaire est l’absence d’hygiène, et surtout l’absence de sensibilisation. «
Les gens en Egypte n’ont pas changé leurs habitudes. Très souvent, surtout dans les zones rurales, ils élèvent les volailles dans les basse-cours de leurs maisons. C’est bien évidemment un facteur de risque important ».
Le virus H5N1 de la grippe aviaire est apparu pour la première fois en Egypte en 2006 et avait suscité une véritable panique au sein de la population. Le gouvernement avait alors interdit l’élevage privé et le transport des volailles entre les gouvernorats. Cependant, le recul du virus a occasionné un relâchement au sein de la population. « Il faut sensibiliser davantage les gens. La campagne dans les médias doit être relancée et les ONG doivent s'adresser aux citoyens pour s’assurer que le message leur est parvenu », ajoute Al-Khazindar.
Ce manque de vigilance s’explique donc par le recul de la campagne de sensibilisation dans les médias. Toutefois, ce n’est pas le seul facteur. « Les ministères concernés par le problème de la grippe aviaire, à savoir ceux de la Santé, de l’Agriculture et de l’Environnement, travaillent de manière séparée et sans coordination suffisante », souligne, pour sa part, Moustapha Orkhan, du Centre des études sur la grippe à l’OMS. « Or, pour réaliser des résultats, il faut coordonner les efforts », assure Orkhan.
Pour sa part, le ministère de la Santé affirme que la campagne contre la grippe aviaire « est toujours en vigueur », et qu’une ligne verte, le 105, est accessible 24 heures sur 24, pour recevoir les plaintes des citoyens. Toujours est-il que la grippe aviaire progresse en Egypte.
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