L'ancien président d'Egypte Hosni Moubarak (Photo: Reuters)
La Cour de cassation doit se prononcer le 2 avril sur le recours présenté par le Parquet contre le verdict de la Cour pénale acquittant l’ancien président Hosni Moubarak dans «
le procès du siècle ». Condamné en première instance le 2 juin 2012 à 25 ans de prison ferme pour complicité dans le meurtre des manifestants durant la révolution du 25 janvier, Moubarak avait été acquitté en appel le 29 novembre dernier.
Le conseiller Ahmad Al-Khatib, ancien juge de la Cour d’appel, explique que « le Parquet a contesté devant la Cour de cassation le verdict acquittant Hosni Moubarak en donnant les raisons juridiques qui justifient ce recours. Il appartient à la Cour d’accepter ces raisons juridiques ou de les refuser. Si elle accepte le recours du Parquet, le procès recommencera depuis le début. Sinon, le verdict acquittant Moubarak sera confirmé, et le procès sera définitivement clos ».
Pour contester l’acquittement de Moubarak, le Parquet s’est basé sur l’article 39 de la loi 57 de 1959. Selon le Parquet, la Cour pénale, qui a acquitté Moubarak, a omis d’écouter certains témoins essentiels, comme celui de l’ancien ministre de la Défense, Hussein Tantaoui. Dans son verdict, la Cour pénale s’était interrogée sur les raisons pour lesquelles Moubarak a été arrêté 60 jours après l’ex-ministre de l’Intérieur, Habib Al-Adely, et ses assistants. Or, le Parquet a expliqué qu’il était difficile, au vu des conditions politiques, d’arrêter Moubarak dans les premiers mois de l’investigation.
Hafez Abou-Seada, avocat et directeur de l’Organisation égyptienne des droits de l’homme, estime que si réellement la Cour pénale qui a acquitté Moubarak a omis d’écouter certains témoins, c’est une raison suffisamment forte pour que le procès soit rouvert. « Le fait de choisir des témoins et de négliger d’autres est suffisant pour prouver qu’il y a des failles dans le procès », affirme Abou-Seada. Pourtant, Gamal Eid, avocat dans le domaine des droits de l’homme, ne pense pas que le procès de Moubarak soit à nouveau rouvert. « Depuis le début, le dossier d’accusation était très faible et manquait de preuves, ce qui a permis de conclure à la non-culpabilité de Moubarak ». L’activiste de tendance révolutionnaire Khaled Abdel-Hamid ajoute : « Le Parquet a contesté l’acquittement de Moubarak pour calmer l’opinion publique. Je ne crois pas que Moubarak puisse être réellement rejugé ».
Même son de cloche chez le politologue Yousri Al-Azabawi, qui pense que la Cour de cassation fermera le procès pour toujours et acceptera le jugement d’innocence de Moubarak.
« Ni le peuple, ni l’Etat ne s’intéressent au jugement de Moubarak. Certaines personnes trouvent que le régime de Moubarak est meilleur que tout ce qui est arrivé après la révolution, que ce soit le Conseil militaire ou les Frères musulmans. L’Etat n’a pas peur d’acquitter Moubarak, surtout que les jeunes révolutionnaires sont en prisons et que le peuple ne veut pas d’autres manifestations et a besoin de la stabilité politique et économique. Le procès de Moubarak est devenu du passé », conclut Al-Azabawi.
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