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L’Allée des béliers sous un nouvel éclat

Nasma Réda, Mardi, 23 novembre 2021

Après une longue restauration, l’Allée des béliers, reliant les temples de Karnak et de Louqsor en Haute-Egypte, sera inaugurée cette semaine. Explications.

L’Allée des béliers sous un nouvel éclat

Après de longues années de travail, l’Allée des béliers retrouve enfin sa splendeur d’autrefois. Un grand projet tant souhaité par les responsables et les égyptologues que par les habitants de la ville de Louqsor eux-mêmes. « Le fait de ressusciter l’Allée des béliers et lui rendre sa splendeur d’autrefois était un rêve », se rappelle l’égyptologue Hussein Abdel-Bassir, assurant que les travaux de réhabilitation de ce trajet ont commencé concrètement en 2010. Une tâche qui n’a jamais été facile à cause de l’empiètement des habitations sur une grande partie du trajet.

« Il y a plus de dix ans, les autorités égyptiennes ont décidé d’éliminer toutes sortes d’empiétement sur l’Allée des béliers. Il était inacceptable que ces statues soient cachées par des habitations, par une mosquée ou une église bâtie sur l’enceinte du temple d’Amon », souligne l’archéologue Magdi Chaker, inspecteur au ministère du Tourisme et des Antiquités. Ainsi, en 2010, Samir Farag, gouverneur de Louqsor à l’époque, a commencé à éliminer les empiétements. Parallèlement, des travaux de restauration des béliers ont commencé et des fouilles sur l’allée ont eu lieu en parallèle. Mais la Révolution de 2011 est venue interrompre les travaux qui ont repris il y a quelques années.

L’Allée des béliers sous un nouvel éclat

Cette allée, dite dromos, qui fait 2 700 mètres de long et 76 mètres de large, reliait dans le temps les temples de Karnak et de Louqsor. Elle comportait à l’époque 1 200 statues, dont la plupart étaient formées d’un corps de lion accroupi avec une tête de bélier et des cornes recourbées. Elles font référence au dieu Amon, adoré dans l’ancienne Thèbes et symbolisant à la fois la puissance physique et l’énergie fécondante. Ainsi, l’animal réunit en lui la force du lion et l’ardeur du bélier, ce qui en fait un être exceptionnel. « Actuellement on ne trouve sur l’Allée des béliers que presque 300 statues quasi complètes », souligne Abdel-Bassir.

En fait, la construction de cette longue allée a commencé pendant le Nouvel Empire (1550 av. J.-C.-1077 av. J.-C.) et s’est achevée sous le règne de Nectanébo I, premier pharaon de la XXXe (380- 362 av. J.-C.). Sous le règne de la reine Hatchepsout et celui d’Aménophis III, les statues ont commencé à prendre l’aspect des béliers, symbole de la force et du dieu soleil Râ, avec une statuette du pharaon. C’est Nectanébo qui a accompli l’allée du Xe pylône jusqu’au temple de Louqsor, avec des statues en forme du sphinx et y a placé son effigie. « Une raison pour laquelle on trouve des statues à tête humaine et d’autres à tête de bélier », explique Abdel-Bassir.

Rénovation et découverte

Les travaux de restauration et de réhabilitation de l’Allée des béliers ont été accomplis en parallèle aux fouilles archéologiques.

Vers la mi-octobre, trois têtes géantes de béliers appartenant à l’allée ont été découvertes au sud d’une porte construite par les Ptolémées, au temple de Karnak. Selon le secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), Moustapha Waziri, ces têtes ont probablement été construites sous le règne d’Amenhotep III, qui était le IXe pharaon de la XVIIIe dynastie égyptienne qui a régné entre 1390 et 1352 av. J.-C. « Nous avons terminé la restauration de ces têtes pour qu’elles soient déposées sur les corps dans l’Allée des béliers. Et nous continuons les recherches pour connaître plus de détails sur leur datation », souligne Waziri. D’ailleurs, les découvertes se poursuivent. Les archéologues ont aussi mis au jour les restes d’une statue de cobra, cachée sous l’une des bases des statues.

L’Allée des béliers sous un nouvel éclat

« Nous l’avons fixé sur l’une des têtes de béliers au dromos », reprend Waziri, fier que ces statues, sculptées dans une seule pierre en calcaire, aient repris leur forme d’autrefois. Outre les statues, le sol même de l’allée a été réaménagé et un nouveau système d’éclairage a été installé pour faire de ce trajet un lieu de visite exceptionnel. En fait, la découverte de cette allée remonte à 1949 lorsque l’archéologue égyptien Zakaria Ghoneim a déterré les 8 premières statues à tête de bélier. « Au fil des ans, les fouilles se sont suivies par les archéologues égyptiens qui ont découvert les vestiges de la route », se souvient Moustapha Al-Saghir, directeur des temples de Karnak, dont le père était l’un des célèbres archéologues ayant découvert une grande partie de l’Allée des béliers et des statues.

Reste à savoir que, selon Al-Saghir, le projet de réhabilitation des temples de Karnak ne concerne pas seulement l’allée et ses statues, mais aussi la restauration et la conservation d’autres monuments découverts dans les temples au cours des dernières années. « Les festivités mettront en relief les efforts déployés pour rendre aux temples millénaires leur splendeur d ’antan » , conclut-il .

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