Il est 18h30 (20h30 GMT), les regards se tournent vers le plus ancien musée du monde, celui de la place Tahrir, pour voir les rois et les reines de l’Egypte Antique défiler dans les rues du Caire pour se rendre à leur destination éternelle au nouveau Musée de la civilisation égyptienne (NMEC). La parade royale était très attendue et les autorités égyptiennes préparaient l’événement depuis quatre ans déjà.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi à l’accueil des rois d’Egypte.
Unique et exceptionnel, le spectacle se déroule à deux endroits parallèles : le Musée égyptien de Tahrir et le Musée de la civilisation à Fostat. Au Musée égyptien du Caire, les préparatifs débutent très tôt. 150 chevaux sont mobilisés. Chaque chevalier se tient à sa place. L’allée en face du musée est désertée du public et il n’y a que les participants à la scène. La place avait été fermée à la circulation, ainsi qu’aux piétons une demi-heure avant le début de la cérémonie qui a duré 3 heures. Tout le monde attendait la parade dorée. Bien que les regards aient été dirigés vers la place Tahrir, les festivités débutent avec l’inauguration du NMEC, situé à 7 km de la place Tahrir et l’arrivée du président de la République, Abdel- Fattah Al-Sissi, qui affirme sur sa page officielle sur Internet être ravi d’accueillir les momies royales. « Avec une grande fierté, je me réjouis d’accueillir les rois et les reines d’Egypte après leur trajet », avait tweeté plus tôt le président. La soirée commence par l’inauguration officielle du NMEC et principalement la salle centrale, qui accueille le public depuis le 4 avril, et celle des momies, qui ouvrira ses portes dans deux semaines afin de placer les momies dans leurs vitrines.
Le NMEC inauguré en grande pompe
L'actrice Mona Zaki ouvre la porte du Musée égyptien, annonçant le début du cortège.
Le président Sissi effectue une tournée au musée, accompagné du premier ministre, Moustapha Madbouli, de la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, du secrétaire général de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), Zurab Pololikashvili, et du ministre du Tourisme et des Antiquités, Khaled El-Enany, qui les guide à l’intérieur du musée. El-Enany explique la muséologie de la salle centrale du musée, qui montre le génie des Egyptiens à travers les époques de l’Ancien Empire jusqu’à l’époque moderne. Les spectateurs ont l’occasion de voir rapidement le contenu du musée qui présente la civilisation égyptienne, des temps préhistoriques jusqu’à nos jours, avec une approche multidisciplinaire mettant en avant le patrimoine matériel et immatériel du pays. « Le déménagement des momies vers le NMEC est l’aboutissement d’un long travail pour mieux les conserver et mieux les exposer », a estimé Mme Azoulay, dans un communiqué.
Suite à la tournée du président, un documentaire d’une dizaine de minutes est diffusé, montrant les différents projets exécutés au cours des dernières années. La star Khaled Al-Nabawi y jette la lumière sur différents endroits et diverses réalisations. Que ce soit l’inauguration de la pyramide de Saqqarah après sa restauration en mars 2020, la synagogue d’Alexandrie inaugurée la même année, ou les travaux de restauration de l’église Suspendue et des différentes mosquées. Et ce, sans oublier les travaux de réaménagement de la place Tahrir et l’inauguration du Palais du Baron Empain. Le documentaire mentionne aussi l’inauguration de près de 20 musées dans différents gouvernorats. Des projets accomplis par le ministère du Tourisme et des Antiquités pour mettre en relief les trésors du pays.
Musiques, son et lumière
Les porteuses d’offrandes prennent le devant du cortège royal.
La chanson Ana Masr (je suis l’Egypte), du célèbre chanteur égyptien Mohamad Mounir, composée spécialement pour l’occasion et diffusée sur les écrans de la place Tahrir, ainsi qu’au théâtre du NMEC devant le président et les représentants de tous les pays du monde, a retenu l’attention des téléspectateurs. Le clip de la chanson est tourné sur une felouque montrant le logo de la parade au milieu du Nil, ce qui lui a donné un aspect rêveur.
Des extraits de films de promotion sur la civilisation égyptienne ont été diffusés dans les quatre coins du pays. Plusieurs acteurs égyptiens, comme Yousra, ont montré la beauté du lac de Aïn Al-Sira à Fostat, côtoyant le NMEC. Les acteurs Ahmad Ezz, Mona Zaki, Nelly Karim et d'autres ont joué un rôle afin d’inciter le monde à visiter l’Egypte.
Si les documentaires ont eu un grand succès, la vraie réussite qui a ébloui les spectateurs était la musique qui a accompagné l’événement. Composée par Hicham Nazih et orchestrée par le grand maestro Nader Abbassi, la musique a attiré les oreilles et les regards.
Les carosses des guerriers défilent à la place Tahrir.
« O peuple et dieux
qui sont sur la montagne
C’est la seule dame
La prestigieuse Isis …
qui donne naissance au jour
La prestigieuse Isis …
Dame de l’ouest et des deux terres
La prestigieuse Isis …
L’oeil de Rê, en province
La prestigieuse Isis …
Qui donne beaucoup au roi de la Haute et de la Basse-Egypte ».
L’obélisque et les édifices khédiviaux illuminent la place Tahrir.
Ce sont les paroles de l’hymne funéraire d’Isis, traduites par le professeur à la faculté des antiquités de l’Université du Caire Mayssara Abdallah et chantées par la chorale de l’Orchestre philharmonique du Caire qui a présenté une excellente performance.
Avec la fin des chants, le maestro Abbassi a donné l’ordre de jouer la musique militaire pour annoncer le début de la parade à l’autre extrémité de l’événement, la place Tahrir.
Début de la parade dorée
L’orchestre philharmonique du Caire a présenté une excellente performance.
19h58 : A la place Tahrir au centre-ville, les grandes portes antiques du Musée égyptien du Caire s’ouvrent largement, une lumière blanche illumine l’entrée du musée, d’où apparaît l’actrice égyptienne Mona Zaki. Des porteuses d’offrandes habillées en costumes pharaoniques, avec en main de grandes lampes éclairées et décorées par des formes géométriques, prennent le devant du cortège doré des momies royales. Baignés dans une lumière bleue, les chars royaux qui sortent du musée sont précédés des carrosses des guerriers des rois, tirés par quatre chevaux chacune sous les battements de tambours de la fanfare et sur fond de musique symphonique. Les chars noirs ornés d’un disque solaire ailé doré, portant les dépouilles des 18 rois et 4 reines égyptiens, se suivent dans un ordre chronologique précis.
C’est « le courageux » Séqénenrê Taâ II qui se présente le premier. Le cortège, organisé par ordre chronologique, se termine par Ramsès IX, accompagné de la célèbre reine Hatchepsout. La lumière bleue illumine l’allée de la parade qui avance lentement. Au rythme des tambours, le cortège prend son chemin, entouré de chaque côté de trois colonnes de chevaux, de batteurs de tambours en uniforme militaire officiel et de danseuses qui illuminent le chemin au moyen de disques cristaux, portant des robes dorées et des manteaux bleus et coiffées de perruques d’autrefois. De l’autre côté de la scène, au théâtre du NMEC, la musique funéraire guidée par Nader Abbassi continue à retentir, elle est en même temps retransmise sur la place Tahrir via des haut-parleurs.
La sortie des chars de la porte du Musée de Tahrir et la scène des enfants courant vers l’obélisque de Tanis, dressé au centre de la place, donnent le coup d’envoi du jeu de lumières qui illumine le sommet de l’obélisque de même que tous les édifices khédiviaux de la place Tahrir. Le cortège se met à bouger. Il passe par la Ligue arabe, fait un tour autour de l’obélisque et des quatre béliers, avant de parader dans les rues du Caire, vidées des piétons, ainsi que de toutes sortes de véhicules.
Le cortège passe ensuite par l’imposant complexe administratif de Tahrir (le Mogammae), érigé en 1950 dans le style architectural soviétique, puis par la grande mosquée du révolutionnaire égyptien du XIXe siècle Omar Makram. La parade avance ensuite dans les rues du Caire, devancée par des motos militaires sur la corniche du Nil. Les écrans du NMEC et ceux de la place Tahrir diffusent des scènes de petites barques de style pharaonique flottant sur le lac de Aïn Al-Sira. La musique de Nazih continue à retentir et est entendue sur les deux côtés du spectacle.
Sous les sifflements et les applaudissements des citoyens qui suivaient le spectacle de leurs balcons, la parade continue. Elle passe par des points repères annonçant chacun l’inauguration d’un projet financé par l’Etat, comme les aqueducs historiques du XVIIIe et du XIXe siècles et le pont pour piétons d’Al-Manesterli, de même que les travaux de construction de l’allée « Ahl Masr » le long de la corniche.
A 20h33 tapantes, le cortège arrive devant les portes du NMEC. Les motos disparaissent de la scène, les chars s’arrêtent et le silence domine les lieux. Sous le retentissement des 21 coups de canons, le président de la République accueille les 22 momies royales au nouveau musée. Les chars dorés se suivent, annonçant la fin d’un spectacle fabuleux qui a attiré les regards du monde entier. Arrivant à leur nouvelle demeure, les momies royales ne seront exposées au public qu’à partir du 18 avril.
Cette parade à travers Le Caire est un message de l’Egypte et un appel visant à promouvoir le tourisme. « Le monde entier va regarder tout cela. Ce sont quarante minutes importantes dans la vie de la ville du Caire », a déclaré le célèbre archéologue égyptien Zahi Hawas.
Forte mobilisation
Au total, 60 motos, 150 chevaux, 330 figurants (étudiants en éducation sportive), 150 musiciens et 150 percussionnistes du ministère de la Défense ont été mobilisés pour l’événement.
Couverture médiatique
Plus de 400 chaînes télévisées de par le monde ont couvert l’événement, devenu « trend » numéro 1 sur tous les réseaux sociaux avec un écho remarquable sur tous les niveaux médiatiques.
Parade link Vidéos : arabe + traduction en anglais https://www.youtube.com/watch?v=HcwNzagjjf8
Traduction en direct en français : https://www.youtube.com/watch?v=TvKco1eWLnA&t=5057
Timbre
L’Autorité nationale de la poste a émis une série de timbres commémoratifs présentant les 22 rois et reines qui ont été transférés vers le Musée national de la civilisation égyptienne. Ces timbres viennent documenter cet événement unique de la parade des momies royales. Le ministère des Télécommunications et de la Technologie de l’information a participé en offrant son expertise, puisque les timbres sont munis de la technologie « QR Code », qui est appliquée pour la première fois avec des timbres égyptiens.
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