Lundi, 11 décembre 2023
Al-Ahram Hebdo > Arts >

Marco Müller: « La reprise du festival est en elle-même un changement »

Page réalisée par Farah Souames, Mardi, 04 décembre 2012

3 questions a Marco Müller, producteur et réalisateur italien, président du jury pour la compétition internationale. Nouveau directeur du Festival de Rome, il a dirigé la Mostra de Venise pendant six années consécutives et a été à la tête de nombreux festivalsde cinéma, dont ceux de Pesaro, Rotterdam et Locarno.

Reprise

Al-Ahram Hebdo : Que pensez-vous de la reprise du festival dans ces moments tumultueux que vit le pays ?

Marco Müller : J’ai toujours considéré que les festivals de cinéma étaient des espaces de dialogue qui doivent défendre la culture de la tolérance. Je suis très content que cet événement important ait pu reprendre malgré l’instabilité que traverse l’Egypte. Et je suis doublement ravi qu’il cible un nouveau public, un public plus jeune, et qu’il soit accessible à toutes les catégories sociales. Je dois avouer que de gros efforts ont été faits en un temps record et sur tous les plans. Il ne s’adresse plus exclusivement aux classes aisées. Je trouve cette façon de renouer des liens avec un public étendu formidable. Remettre en marche le Festival du Caire est une façon de faire revivre l’esprit dans lequel il a été conçu, en s’adressant à une société multiculturelle et multiconfessionnelle en pleine transition. La sélection est vraiment solide dans toutes les catégories de compétition, il y a une forte présence du film arabe. J’en ai vu quelques-uns dans des festivals précédents qui se sont avérés passionnants.

— Comment se passe généralement pour vous le processus d’attribution d’un prix ?

— J’estime qu’il n’y a pas d’autres règles que celle des émotions. J’ai été à la tête de nombreux festivals et cela pourrait vous faire rire, mais je me suis toujours assis derrière les membres du jury durant les projections, pour évaluer leurs réactions selon le pli du pantalon (Rires). Si ce pli est parfait, le film a séduit mais sans aucun remous. Je crois que c’est ce que je ferai pour cette édition (Rires). Le travail du jury doit être purement honnête. Je viens d’apprendre qu’un cinéaste s’est retiré du festival, cela m’a vraiment peiné … Ce manque de confiance et la méfiance ressentie envers un jury, cela touche sa crédibilité.

— Vous qui êtes un habitué de ce festival, ressentez-vous un certain changement par rapport aux éditions précédentes ?

— La reprise du festival est en elle-même un changement, mes premières visites au Festival du Caire datent des années 1980, et le culte de Jo — Youssef Chahine — est toujours présent et très ressenti. La différence cette année réside peut-être dans la nature elle-même des films : des films arabes aux couleurs de la révolution. Une catégorie de prix dédiée aux droits de l’homme a été créée. Il y a aussi de nouveaux pays qui rejoignent cette compétition, à savoir le Venezuela et l’Azerbaïdjan, et qui font une belle entrée avec des films passionnants.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique