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Abdelkader Bouazzara : L’Etat a depuis toujours subventionné la culture

Ati Metwaly, Mardi, 30 septembre 2014

Le Festival culturel international de musique symphonique, qui vient de prendre fin à Alger, est une perle rare dans le monde arabe. Entièrement dédié à la musique classique, son directeur artistique, Abdelkader Bouazzara, revient sur les raisons de son succès. Entretien.

Abdelkader Bouazzara
Abdelkader Bouazzara

Al-Ahram Hebdo : Il est clair que le festival gagne année après année de la popularité dans le monde de la musique classique. Pourtant, ce genre de musique n’est pas nécessairement le premier choix pour de nombreux auditeurs dans le monde arabe. Quel est le secret de votre succès ?

Abdelkader Bouazzara: D’abord, il faut souligner que le festival fonctionne selon les normes internationales. L’organisation de l’édition suivante est mise en place et les préparatifs sont engagés dès que la précédente est terminée. Cette réussite, on la doit à de nombreux facteurs: à notre ministère de la Culture qui nous a toujours accompagnés sur tous les plans, à nos musiciens qui se sont pleinement investis, aux formations musicales étrangères qui ont répondu à notre invitation, à nos sponsors et partenaires et à notre cher public, un public connaisseur, devenu fidèle à toutes les éditions.

— Quelle est, en général, la taille du festival en termes de musiciens et d’orchestres ?

— Le nombre d’ensembles musicaux est d’environ vingt pour chaque édition, ils varient entre trios et orchestres symphoniques. Cette année, il y a eu le Yokohama Sinfonietta du Japon avec un quatuor et l’ensemble allemand Klang Essenz et cinq musiciens. De même, il y a eu des orchestres de grande taille comme l’Orchestre symphonique de Tunisie, l’Orchestre symphonique de Radio Ukraine et le Heilongjiang Symphony Orchestra de Chine. L’Egypte, qui a déjà participé avec une chorale à l’une des éditions précédentes, a pris part à cette 6e édition avec l’Orchestre de chambre de la Bibliothèque d’Alexandrie. Bref, le nombre de musiciens participant au festival varie d’une année à l’autre mais la moyenne des musiciens étrangers est de 234 auxquels il faut ajouter les chefs d’orchestres et les chanteurs lyriques.

— Ce grand nombre d’orchestres et de solistes de renommée internationale exige des capacités financières. Est-ce que vous augmentez les prix des billets pour financer le festival ? Quel public ciblez-vous ?

— L’Etat oeuvre à développer la culture et à la mettre à la portée de tous les citoyens. Par exemple, le billet d’entrée est fixé symboliquement à 200 dinars (soit 17 L.E., ou 2,5 dollars). Car c’est l’Etat qui a depuis toujours subventionné la culture. Un commissariat du festival a été créé et doté de tous les moyens humains, financiers et matériels pour le bon déroulement et surtout la perpétuation de ce festival. Il est à relever que cette manifestation, à l’instar de tous les festivals mis en place par le ministère de la Culture, a son propre budget.

— Cette politique est-elle récompensée par l’afflux d’un large public ?

— Evidemment. Il faut compter à peu près 800 personnes, chaque soirée. L’année dernière, comme on a organisé le festival sur l’esplanade du palais de la culture, un site magnifique avec une superbe vue sur la Baie d’Alger, le nombre était nettement supérieur, il dépassait les 1 000 chaque soir. Effectivement, le Festival culturel de musique symphonique attire de plus en plus de monde. Les Algériens sont amateurs d’art et notamment de musique classique.

Concernant la participation des musiciens et des orchestres internationaux au festival, y a-t-il de stratégie particulière pour les sélectionner ?

— Le festival est ouvert à toutes les formations musicales qui font de la musique universelle. Le seul critère est le professionnalisme car c’est un festival international. Avant chaque festival, nous contactons les ambassades étrangères accréditées à Alger et les responsables nous proposent les ensembles de leurs pays.

L’Orchestre symphonique national algérien joue un grand rôle dans le festival ainsi que dans la vie musicale locale. Comment est-ce que l’orchestre arrive à atteindre plusieurs couches de la société ?

— Nous avons opté pour une politique de proximité. Les concerts de l’Orchestre symphonique national qui a été créé en 1992 ne se limitent pas à Alger mais nous effectuons des tournées à travers les 48 wilayas (gouvernorats) que compte le pays. Nous nous sommes produits dans presque toutes les villes et nous continuons nos tournées. La musique est appréciée par le public de toutes les régions. Il y a un engouement pour la musique symphonique universelle. Nous faisons connaître mieux la musique universelle en axant nos efforts sur la communication. La presse nous aide beaucoup. Des concerts de musique sont souvent programmés surtout en soirée. Et comme disait l’écrivain américain Robert Fulghum: « La musique a beaucoup trop d’importance pour qu’on la réserve aux seuls professionnels ».

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