Al-Ahram Hebdo : En tant que vice-commissaire du symposium, en quoi consiste votre responsabilité ?
Nagui Farid : Je participe à la sélection des artistes avec les membres du comité supérieur. En coordination avec Adam Hénein, le commissaire général, je dirige le chantier et je m’occupe de tous les détails techniques nécessaires pour le symposium : les outils, les équipements …
— Depuis trois ans, le symposium se déroule dans des circonstances sécuritaires, économiques et politiques instables. Comment influencent-elles votre travail ?
— Pour la première fois cette année, on a un problème concernant le nombre d’artistes participants. Chaque année, on avait 15 artistes dont 9 étrangers. Durant cette édition, on compte 4 étrangers et 5 Egyptiens. Et ce, pour deux raisons : La réputation de l’Egypte, en ce moment, est décourageante, avec notamment l’image que reflètent les médias internationaux.
Et les difficultés financières : on n’arrive plus à suivre les taux de change en euro. Le budget déçoit parfois les artistes. Il n’est pas à la hauteur d’un tel symposium ayant comme spécialité les matériaux durs. Pourtant, certains artistes continuent à s’y intéresser, vu la valeur historique du pays et son importance pour la sculpture.
— Y a-t-il un plan prévu par la direction du symposium, afin d’attirer plus d’artistes étrangers dans un avenir proche ?
— On essaye d’offrir quelques points d’attrait : organiser des visites guidées pour les sites historiques, un séjour à Louqsor … Sur le plan du travail, on tente de proposer des assistants habiles, les équipements nécessaires …
Mais le vrai problème reste l’image de l’Egypte dans les médias occidentaux. La situation n’est pas si grave qu’on la décrit. Les artistes qui ont pris part au symposium cette année se plaisent comme d’habitude. A travers les réseaux sociaux, on essaye de décrire les événements du symposium au jour le jour, pour corriger l’image présente dans les médias.
— Croyez-vous que le symposium aille continuer à exister ?
— Le symposium doit exister. Il joue un rôle important dans la sculpture sur pierre en Egypte. Les facultés d’arts n’offrent pas aux étudiants d’expérience réelle dans la sculpture sur pierre noble et naturelle, faute de matériau. Chaque année, le symposium fait appel à de jeunes diplômés pour expérimenter la sculpture sur granit. Au cours de ses 19 éditions, le symposium a créé une nouvelle génération de sculpteurs égyptiens. Ces derniers sont présents dans les expositions en Egypte et ailleurs. L’échange des expériences avec les artistes étrangers a aussi influencé leurs styles et leurs techniques .
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