le réalisateur iranien Mohammad Rasoulf. Photo : AFP
Le réalisateur, condamné à plusieurs années de prison dans son pays, dit "craindre pour la sécurité et le bien-être" des équipes de son dernier film, "Les graines du figuier sauvage" restées en Iran.
Son film est en lice pour la Palme d'or, mais il ne sait pas encore s'il sera lui-même en mesure de se rendre au Festival de Cannes.
"Je suis arrivé en Europe il y a quelques jours après un voyage long et compliqué", témoigne dans le communiqué cette grande voix du cinéma iranien, lauréat d'un Ours d'or à Berlin en 2020 pour "Le diable n'existe pas".
Le cinéaste de 51 ans, qui veut représenter un Iran "loin du récit dominé par la censure (et) plus proche de la réalité", explique avoir décidé de partir lorsqu'il a appris que sa peine, "injuste", de huit ans de prison dont cinq ans applicable, confirmée en appel, serait mise à exécution "dans les plus brefs délais".
Il craignait une condamnation supplémentaire suite à la présentation de son prochain film. "Je devais choisir entre la prison et quitter l'Iran. Le coeur lourd, j'ai choisi l'exil", relate-t-il. Son passeport étant confisqué depuis 2017, il a dû "quitter l'Iran secrètement".
Le réalisateur s'alarme de la situation de ses équipes restées en Iran, dans un pays où "l'ampleur et l'intensité de la répression ont atteint un degré de brutalité tel que les gens s'attendent à apprendre chaque jour un nouveau crime odieux commis par le gouvernement".
"La machine criminelle de la République islamique viole continuellement et systématiquement les droits de l'homme", dénonce-t-il.
Pour se protéger ainsi que ses proches de représailles du régime, le réalisateur a gardé secret "l'identité des acteurs et de l'équipe, ainsi que les détails de l'intrigue et du scénario".
Des acteurs "ont réussi à quitter l'Iran" à temps, se réjouit Mohammad Rasoulof, mais de nombreux autres membres de l'équipe y sont toujours "et les services de renseignement font pression sur eux" notamment par "de longs interrogatoires".
"La communauté cinématographique mondiale doit assurer un soutien fort aux réalisateurs", implore-t-il. "La liberté d'expression doit être défendue haut et fort (...) Comme je le sais par expérience personnelle, ce soutien peut leur être d'une aide inestimable pour poursuivre leur travail vital".
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