Une image de l’installation 'Takapau' par les artistes Mataaho Collective à la 60ème Biennale des Arts de Venise, Italie. Photo : AP
Les électeurs de Macédoine du Nord sont appelés aux urnes mercredi pour le premier tour d'une élection présidentielle en forme de référendum autour une question simple : accepter ou non les conditions posées par l'Union européenne pour intégrer les 27 ?
La vie politique macédonienne est engluée depuis des années dans des discussions sans fin sur l'opportunité ou non d'accepter les conditions imposées par l'UE -- et surtout la Bulgarie voisine.
Sofia a d'abord exigé que la langue macédonienne soit considérée comme un simple dialecte bulgare - ce que Skopje a refusé. Une fois cette question résolue, la Bulgarie a re-attaqué en exigeant l'inclusion de la minorité bulgare dans la Constitution, au risque de faire échouer les négociations d'adhésion à l'UE.
Les deux principaux candidats à la présidence du pays -- qui a déjà dû changer de nom pour résoudre un conflit avec un autre voisin, la Grèce, ne sont pas d'accord sur la réponse à donner à Bruxelles.
Stevo Pendarovski, président social-démocrate candidat à sa réélection, veut immédiatement changer la Constitution pour faire avancer les négociations avec l'UE -- à laquelle la Macédoine du Nord est candidate depuis 2005.
"Au cours de mon premier mandat, nous avons réglé une question capitale, celle de l'adhésion à l'OTAN", a déclaré ce professeur d'université de 61 ans pendant la campagne. "Je crois que lors de mon prochain mandat, nous réussirons à clore tous les chapitres avec l'UE. Ce ne sera pas facile, mais cela signifiera une plus grande prospérité".
Son adversaire principale, Gordana Siljanovska-Davkova, 71 ans, est soutenue par le principal parti de droite, VRMO-DPMNE. Elle n'est pas contre changer la Constitution, mais veut le faire avec un effet différé : l'adoption ne prendrait effet qu'après l'acceptation de la Macédoine du Nord comme membre de l'UE.
"S'il suffisait de changer la Constitution pour entrer dans l'Union européenne, nous y serions déjà" a-t-elle balayé pendant la campagne, promettant de "ne pas oublier les intérêts nationaux".
En 2019, les deux étaient arrivés quasiment ex-aequo au Premier tour. Mais cette année les sondages donnent Siljanovska-Davkova en tête avec 26% des intentions de vote, contre 16 pour Pendarovski.
Répétition générale
Au-delà d'un référendum sur la position à adopter face à l'Union européenne, le premier tour sera surtout un occasion de soupeser le poids des différents partis avant le 8 mai -- date du second tour et des élections législatives.
"Vu le calendrier, le premier tour de l'élection présidentielle sera surtout une répétition générale pour les élections législatives du 8 mai et permettra d'évaluer le poids des principaux partis politiques", explique à l'AFP Ana Petruseva, éditorialiste et directrice de l'ONG BIRN.
A coté des deux principaux candidats, cinq autres prétendants, dont Bujar Osmani, ministre des Affaires étrangères, candidat du parti albanais DUI, et Arben Taravari, soutenu par une coalition de trois partis baptisée "Vlen" ("Ca vaut la peine").
Leur soutien ou non au second tour sera crucial, "en particulier le soutien des partis albanais", explique Petruseva.
Le DUI a ainsi posé comme condition à un éventuel soutien au second tour l'exigence d'un changement de Constitution pour que le prochain président soit élu par le Parlement à la majorité des deux tiers ainsi qu'à la majorité des partis représentants les minorités. "Il est temps d'avoir un président albanais" est d'ailleurs leur slogan de campagne.
Ni Pendarovski ni Siljanovska-Davkova ne sont pour cette idée, affirmant qu'un suffrage universel direct est plus démocratique.
Pour la majorité des citoyens, ces questions sont pourtant secondaires.
"J'espère que celui qui gagnera travaillera pour améliorer notre niveau de vie et offrir un avenir meilleur à la jeunesse" résume Sanja Jovanovic-Damjanovska, une employée de l'administration publique.
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